La Cité des Mesmers

Chapitre 15 : Passé et avenir

L'obscurité de l'océan ne tarda pas à engloutir Leslier. Lily savait qu'elle devait le rattraper, ou du moins lui hurler dans le système de communication de revenir vers elle. Sauf qu'elle n'y arrivait pas. Quelque chose s'était figé en elle : en plus de la terreur que lui inspirait les Mesmers, une autre émotion la prenait à la gorge et l'étranglait littéralement... Pourquoi était-elle si bouleversée ? Elle devait se reprendre, et le plus vite possible, sinon ils allaient tous y passer...

Alors qu'elle venait enfin de réussir à se stabiliser contre un mur, une nouvelle secousse l'envoya valser au loin : elle entendit un gigantesque bruit d'explosion – l'eau atténuait les sons en les faisant glisser vers les graves, mais les vibrations qu'elle ressentait dans sa poitrine ne pouvaient laisser place au doute – accompagné de flashs lumineux bleus intenses. Puis une formidable lame de fond vint la faucher et l'attirer droit vers les Mesmers...

Le courant était si puissant qu'il arracha le scaphandre de Lily, l'obligeant à lutter contre l'eau glacée pour éviter de suffoquer ; autant dire que dans ces conditions, les Mesmers étaient devenus le cadet de ses soucis... Elle avala de l'eau de mer à plusieurs reprises, les yeux fermés pour éviter d'être aveuglée par le sel piquant. La jeune femme fut donc presque surprise quand elle sentit à nouveau de l'air dans ses poumons : comment pouvait-elle respirer sous l'eau ? Elle découvrit la réponse en regardant autour d'elle une fois ses vertiges passés : elle n'était plus sous l'eau...

⎯ Puta de mierda, il s'est passé quoi ?! s'écria Max non loin d'elle en recrachant un conséquent filet d'eau mêlé de bave.

Une question qui résumait bien la situation...

En sondant rapidement les alentours, Lily comprit que l'explosion qu'elle avait sentie avait creusé un trou dans la paroi de métal isolant la section noyée du reste de l'Octopus : de l'ouverture ainsi créée avait jailli des flots désormais inarrêtables, ce qui les avait entraînés dans la section voisine parfaitement fonctionnelle. L'eau continuait d'ailleurs de se déverser depuis la déchirure de métal avec un débit plutôt inquiétant... Aucune alarme ne s'était encore déclenchée - l'Octopus étant paré pour les menaces venant de l'extérieur plutôt que de l'intérieur – mais ça ne risquait pas de tarder.

⎯ Quelqu'un a vu Les ? demanda Ray en les rejoignant.

Avec la poigne de fer du géant, Lily trouva la force de se relever. Max, Ray, et Arcade au loin, elle les avait tous dans son champ de vision. Ils étaient mal en point, mais vivants, ce qui n'avait aucun sens : pourquoi les Mesmers les avaient-ils épargnés ? Et où étaient les Protecteurs qui les accompagnaient et qui leur avait parlé dans la section noyée ?

Ce fut Arcade qui apporta la réponse à ces questions : visiblement requinqué depuis un peu plus longtemps que les autres, il avait eu le temps d'inspecter les environs.

⎯ Tous les Mesmers sont morts..., annonça-t-il en crachotant de l'eau encore coincée dans ses poumons. Les Protecteurs aussi. J'ai trouvé les cadavres un peu plus loin. Mais aucun signe du gamin...

Lily se sentit rassurée d'apprendre qu'ils n'avaient plus rien à craindre des Mesmers. Et qu'en plus les aliens n'avaient pas eu le temps d'emmener Leslier avec eux... Mais alors, où était le gamin ? Si lui aussi avait succombé à la déflagration, Arcade aurait dû retrouver son cadavre avec ceux des autres ; il était donc raisonnable de supposer qu'il était encore en vie. Était-ce lui qui était derrière l'explosion ? Tout portait à le croire : sauf que ce n'était pas lui qui transportait les explosifs destinés à leur mission...

⎯ Cette lumière... c'était fucking what ?! s'exclama Ray qui revenait peu à peu à lui.

Lily aurait donné cher pour le savoir : vu le timing, elle devait être liée à la cause de l'explosion... La jeune femme n'avait jamais vu une lumière aussi intense, même au Rivage. Et cette étrange lueur bleue... Difficile de ne pas faire le lien avec les Mesmers – même si ça ne pouvait évidemment pas être eux qui avaient causé un tel désastre, signant par là-même leur propre arrêt de mort...