Chapitre 1 : Poème bucolique.

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Lieu : Cité centrale d'Equinoxia.
Situation de la cité : Ravagée par un assaut.

Une fois de plus, Équinoxia sort vaincue d'une guerre contre l'un de ses voisins rivaux. La majeure partie des soldats et hommes de guerre ont été décimés. Le Roi Bérenger, a succombé à ses blessures sur le champ de bataille et sa dépouille gisait non loin de la grande place. Un incendie avait ravagé le royaume dans sa totalité. Au loin, des cris de douleur et des appels de détresse se faisaient entendre. La fumée la plus épaisse qui soit, décorait l'horizon et il semblerait que ce soit réellement la fin d'Équinoxia cette fois-ci.
La majeure partie des hommes, des femmes et même des enfants, aptes ou inaptes ont été soit tué soit capturé comme esclaves. Le royaume dans son ensemble a été pillé en ressources puis ravagé de sorte à ce qu'il ne se relève plus jamais. Selon la nature et la gravité des dégâts, l'objectif pouvait être déclaré atteint.

Deux décennies plus tard...

Mon peuple, vos dieux vous ont oubliés ! Ils ignorent vos chagrins et sont sourds à vos lamentations ! Vous avez perdu vos pères, vos mères, vos frères, vos sœurs, vos amants, vos fils. J'ai moi aussi perdu un père, une mère, un frère et deux sœurs ! Serions-nous maudits ? Non ! Avons-nous commis des actes qui méritent un tel jugement ? Non plus ! Les dieux sont sourds à nos demandes. Ils nous ont abandonnés à notre sort et nous ont littéralement tourné le dos. Voyez à quel point j'ai raison ! Ça fait combien d'années maintenant ? Combien ?
Vingt ans jour pour jour. Vingt ans que les 73 survivants répertoriés au dernier massacre se sont levés et ont reconstruit cette cité, brique par brique, sans prendre en compte l'existence d'un allié. Je m'exalte, et je vous exalte, car nous avions failli ne pas en voir le bout, mais il y a peu, nos travaux pouvaient être déclarés terminés... Dix-neuf ans de travaux menés par la force de notre dévotion, votre dévotion. C'est pourquoi je répète en ces mots : Les dieux nous ont oubliés. Les prophéties ne se réaliseront pas !
Que les mythes ne vous trompent plus, car seul le travail paie ; seule la volonté d'accomplir et les actions récompensent ; qui attend un dieu, attend sa mort.

Ces mots-là, c'étaient ceux de Sir Gideon, le fils du défunt Roi Bérenger. On pourrait dire le prince, mais à Équinoxia, la succession n'a jamais été dynastique. Cela est dû au nombre de guerres incessantes qui ont ravagé plus d'une lignée royale, laissant place à la méritocratie comme système de succession intégral. Cependant, même si cette succession père-fils n'existe plus, Gideon reste un parfait candidat pour le titre de Roi. Depuis la mort de son père à l'âge de 16 ans, il a juré de redonner à Équinoxia sa grandeur d'antan. Ainsi pendant 20 ans, il a dirigé la reconstruction, l'évolution, et a repoussé certains ennemis. En ce jour où le royaume recommence à prospérer, devant les 1328 habitants de la nouvelle cité, Gideon venait de prononcer son discours, debout sur la grande place publique, au sein du royaume.
Les mots étant adressés, Gideon quitta immédiatement les lieux sous un tonnerre d'applaudissements. Il commença à se diriger vers sa monture et à y grimper dans un silence funèbre.

- En fait, je croyais que tu étais assez croyant, Gideon.

Se retournant, Gideon aperçu Reynald, un ami d'enfance qui l'a toujours épaulé et soutenu durant les années de reconstruction. Sur un cheval blanc, vêtu d'un rouge mariant mal ses cheveux blond, Reynald montrait un sourire niais face à l'homme qui se tenait devant lui. Gideon souriant à son tour, répondit posément : Le peuple n'a pas besoin de croire en un dieu pour accomplir des prouesses. Les rêves d'aujourd'hui sont les réalités de demain ; nous avions longtemps cru aux prophéties et aux mythes mais nous vivons toujours dans un monde rongé par la guerre et le désarroi. Je me devais de dire ses mots.

- Si c'est le cas, le mieux serait de détruire tout les édifices et tout les espaces religieux du royaume, tu ne penses pas, Gideon ?

- J'évite de me donner une image de tyran. Après tout, Équinoxia n'a toujours pas de Roi ; quand donc le nouveau Souverain sera choisi, il décidera lui-même de l'avenir de ce Royaume. Pour ma part, je me suis fait un serment que j'ai respecté ; je peux maintenant passer à autre chose.

ÉQUINOXIA : The Crimson King Où les histoires vivent. Découvrez maintenant