Chapitre 3: Nephrados.

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Dix jours plus tard
Lieu : Équinoxia, prison de Terghale.

Je suis Reynald, fils de la nuit et de l'intrigue, héritier de la maison Lys-vert. Ma loyauté est réservée à ceux qui possèdent le pouvoir et la sagesse nécessaires. Mes actions peuvent apporter à la fois le réconfort et l'infortune. Je suis celui qui perce au-delà des apparences, celui qui comprend les subtilités des jeux du pouvoir et de la diplomatie. Si vous recherchez un allié fidèle, je suis à votre service mais attention car ceux qui croisent mon chemin découvrent rapidement que sous mon masque se cachent des secrets plus sombres que la nuit elle-même. J'admets être teinté de sadisme, et je suis également très versatile. Je change d'avis sur un sujet aussi facilement que l'on change de vêtements car au fond, la vérité n'est qu'illusoire ; on a juste des opinions qui diffèrent. Pour moi, jurer fidélité est un concept utopique ; je fais ce que je veux car au fond, chacun a ses propres motivations, ce qui rend le concept d'allié ou d'ennemi assez futile à mes yeux. Depuis des temps immémoriaux, on raconte que les dieux ont façonné la terre et ont accordé aux hommes le précieux don de la raison, le pouvoir de penser. Cependant, je constate que malgré ce don, les humains agissent toujours comme des animaux.
Dans un monde qui prône l'équité, ce sont toujours les plus forts qui dictent la loi, que ce soit en monarchie ou en oligarchie. La barbarie animale s'est simplement modernisée avec les humains. C'est pourquoi je les méprise. Ils cherchent tous au fond d'eux, une raison ou une cause afin d'étendre leur terres et d'augmenter leur ressources. Leur hypocrisie est sans limite, et leur désir constant de conquête, de domination et d'expansion les consume dans une folie pure et meurtrière.
Enfant, j'ai appris les fondements de la société grâce à mon père, un homme d'État assez influent. J'ai compris que la société est un jeu de cartes truqué, où seuls les tricheurs peuvent espérer être heureux. Ceux qui trichent obtiennent des informations, se sortent des situations difficiles et manipulent le pouvoir à leurs fins personnelles. Ainsi, je me suis rapproché de la maison royale pour accéder à un flux constant d'informations et pour manipuler cette petite société à mon avantage. Mais dans une cité dévastée qui nécessite une reconstruction totale, je me demande ce que je pouvais espérer en trichant des gens déjà trahis par la vie...
Pauvre peuple ! Tout ce que j'ai réussi à faire, c'est de vous donner en pâture à Morgaroth, un dieu puissant et malsain, étranger aux déités que vous adorez. Il vous a corrompus avec son Nephrados, vous condamnant à être ses victimes en échange de vos pouvoirs perdus depuis des millénaires. Érigez des statues en mon honneur et acclamez mon nom ! Oubliez les poèmes idylliques et le Roi écarlate qui ne viendra probablement jamais ! Il n'y a pas de pouvoir sans sacrifice, et la victoire vous tend les bras. S'il faut verser du sang, je préfère voir mes compagnons d'enfance le faire. Je préfère vraiment qu'ils le fassent... Cela serait une preuve de dévotion pour une cause patriotique !

Dans une cellule sombre, Reynald se retrouvait seul avec ses pensées, parlant à lui-même pendant des heures. Le silence oppressant semblait amplifié par les échos de sa propre voix, créant un dialogue terne et angoissant. Les murs froids et impersonnels renvoyaient ses paroles comme autant de réponses vides, faisant naître en lui un sentiment d'isolement croissant. Chaque mot prononcé résonnait comme un écho de sa propre détresse, alors qu'il luttait pour garder un semblant de lucidité dans cet univers clos et oppressant. Soudain, après des bruits de pas réguliers, la porte de sa cellule fut ouverte. Reynald leva les yeux, peu surpris. Un jeune homme aux longs cheveux blancs, vêtu d'une combinaison de couleur noir profond, se tenait devant lui dans la pénombre de la cellule. Le regard du jeune homme scrutait Reynald avec curiosité. L'inattendu de cette rencontre dans cet endroit lugubre le laissait bien perplexe.

- Bon t'as pas finis ton délire ? Je t'entends depuis le premier étage.

- Je pense oui ! La solitude peut parfois éveiller l'esprit poète. Je me rend compte aujourd'hui, à quel point il est bon d'être libre, cher Luxurion.

ÉQUINOXIA : The Crimson King Où les histoires vivent. Découvrez maintenant