ÉQUINOXIA : The Crimson King

Chapitre 5 : Un rédempteur perdu [2]

Dans un panorama macabre ou la mort se lie au désespoir dans un décor plutôt forestier, l'apparition de Sir Luxurion était pour moi une sorte d'assurance et de rédemption. Scrutant autour de moi, j'ai finis par me convaincre que mon ressenti était fort partagé par les autres. Néanmoins, il ne fallait pas se reposer sur ses lauriers. Pendant que le chef s'approchait lentement de Reynald, un pas après l'autre, il s'adressa à l'ennemi : Qu'est-ce-que tu as encore foutu ?
Je me souviens que cette question est restée sans réponse. Reynald en question, était comme immobile devant la carrure imposante du général. Les loups qui étaient dans les environs, prirent tous la fuite, comme si le général était lui-même un fauve assoiffé de sang. Il s'avançait calmement parmi les dépouilles, sans gêne ni sursaut. Observant cette dégaine, je ne pouvais m'empêcher de me poser des questions : C'est donc ça, être un guerrier accompli ? Marcher au milieu de tout ce sang et de toutes ces cadavres sans broncher ?
Une chose est sûre, un guerrier est avant tout un instrument au service du royaume et le général en faisait la démonstration rien qu'avec l'empreinte de sa présence. Mais ce qui a suivi l'apparition de cet homme assis au milieu de vous, chers membres de l'équilibre, est resté à jamais gravé dans ma tête et dans mon esprit.

Sans qu'on ne comprenne comment, des cris de hurlements commençaient à se faire entendre autour de nous dans la forêt. Un peu confus je me demandais ce qui se tramait réellement. Ces bêtes se faisait-elles tuer ou préparaient-elles une autre attaque en force ? Le capitaine qu'on voyait de dos, s'arrêta un instant, scruta les environs avant de reprendre doucement sa marche vers l'ennemi. Sous l'effet d'un vent fort, inhabituel mais passager, presque toutes nos torches s'éteignent, et la nuit, combinée à la densité des arbres, nous obstrue la vue. J'entendis alors le bruit d'un fer tombant au sol, suivi de pas. Pendant ce temps, occupés à rallumer les torches, nous n'avons pas distinctement entendu les raclées que Reynald a subies, faute d'attention. Une fois que nous avons réussi à établir une luminosité convenable, nous avons découvert notre ennemi étendu au sol, tandis que Sir Luxurion le rouait continuellement de coups. Des cris déchirants résonnaient alors, s'échappant de sa bouche torturée par la souffrance, tandis que nous, impuissants, nous précipitions pour tenter de mettre fin à cette scène d'horreur. Je me suis alors redressé et j'ai déchiré mon haut pour en faire des ficelles solides. Mes compagnons, à l'exception des filles, ont fait de même. Dans un élan de précipitation, nous avons rapidement commencé à attacher les pieds de Reynald, puis ses mains et enfin sa bouche contre un arbre, afin de le rendre le plus immobile et silencieux possible. La nuit cédait désormais la place à l'aurore qui s'imposait en maître sur la forêt. Là, une silhouette s'avançait à travers la forêt. Face à l'ennemi désormais neutralisé, le chef tourna la tête et vit l'individu arriver, tout comme nous.

C'était un excellent travail, lança-t-il, alors que je me sentais légèrement frustré, avant de me rappeler que c'était le jeune individu qui était arrivé avec lui, le fameux Mist qui avait par dires, vaincu Sir Gideon par le passé. Je pense qu'il s'occupait des loups qui nous entouraient tout à l'heure. Mais quel âge pouvait-il avoir ? Malgré sa stature chétive et son visage juvénile, je suis certain de le dépasser en âge. C'est tout simplement impressionnant de voir qu'un si jeune garçon s'occupe d'une horde de loups qui m'ont mis à terre sans la moindre difficulté. Avançant vers nous, Mist se révèle accompagné de deux individus qui ont attaché les poignets de Reynald avec des menottes et l'ont escorté vers une prison de haute sécurité (Thergale). Nous avons alors entamé la partie la plus sombre de notre tâche : récupérer les dépouilles de nos anciens camarades, les transporter jusqu'au royaume et assister à leur inhumation publique, conformément à la coutume du royaume. Nous avons ramassé un total de six cadavres parmi nos précieux compagnons, ainsi que huit autres dans la brigade qui était séparée de nous. À ce nombre s'ajoutera Sir Gideon, notre regretté mentor et l'homme qui nous a poussés à nous enrôler.