Dragon

1 0 0
                                    


Une odeur acre emplit ses narines. Le sol gronde sous ses pieds. Il peine à garder son équilibre sa vue entravée n'étant d'aucun secours. Il ne sait ce qui l'entoure. Il ne sait ce qui produit cet incessant grondement. Non, tout ce qu'il perçoit est une odeur forte de souffre. La chaleur de l'air sur sa peau. Il ne peut que deviner un paysage enflammé. Peut-être même dévasté par la lave. Il ne saurait le dire et plus personne n'est là pour le lui confirmer.

Il ne sait quand ses camarades sont cessés d'émettre le moindre son. Il n'a entendu que d'ultime cris. Des ordres de replis. Des pas précipités. Puis plus rien. Il avait été abandonné là, sur ce champ où l'odeur était si nauséabonde qu'il était forcé de cacher son nez sous son épaisse écharpe. Il ne souhaite que pouvoir s'échapper de ce lieu.

Il tente un pas en avant. Un crachement sonore se fait entendre. Il ne saurait dire ce qu'il vient de piétiner toutefois, il imagine un matériau de faible robustesse. Ce n'est pas une branche, le craquement est bien trop loin de son si familier. Peut-être une roche fragilisée par la chaleur. Peut-être les os d'un petit animal. Cette idée le fait frémir. Il préfère l'oublier.

Il entend une voix non loin de sa position. Se concentrant sur son origine, il la localise un peu sur sa droite. Pas totalement, elle est un peu plus en avant que sa position actuelle. Profitant de sa continuité, il avance dans sa direction. Il reconnaît une voix humaine, mais il ne saurait la comprendre. Ce dialecte est si éloigné du sien. Il ne saurait dire sa provenance. Ce ne sont pour lui que des sons difforme voués à un sens caché. Wer marfedelom ui confnir ! Wer marfedelom ui confnir ! Wer marfedelom ui confnir ! Ces mots se répètent inlassablement. Il est si proche de leur source, il l'entend si clairement mais il comprend toujours pas. Jaci jinthilic, shio munthreki baclaxic ! Zhaan mojka ! Zhaan mojka !

Ses pieds buttent contre un corps. Il ouvre la bouche pour s'excuser toutefois, il est vite stoppé par une main qui le tire en arrière. Il est projeté au sol contre ce qu'il devienne être un énorme rocher. Ghoros drong, marfedelom geou confn. Ghoros drong, fronah geou loreat. Ghoros drong. Qe doegel munthrek. Qe doegel. Il ressent un vent violent au-dessus de sa tête. Un vent bien plus puissant que tous ceux qu'il a ressenti. Une crainte naît. Il ne comprend les mots qui sont prononcés pourtant ... le ton de cette voix, les émotions la parcourant. Tous lui indique une mauvais présage.

La voix s'éteint bien trop vite et bientôt, la voix de ses camarades se fait entendre. Ils sont revenus le chercher. Les questions fusent sans qu'il ne puisse répondre. Ce n'est pas comme s'il avait pu voir quoique ce soit.

***

— Yul ! Au rapport !

Il avance avec peine suivant ses camarades parmi la cohue générale. C'est à peine s'il avait pu entendre l'ordre prononcé. Les sons fusent dans tous les sens. A droite. A gauche. Devant. Derrière. Il n'arrive plus à se repérer. Où est la porte de sortie ? Où son ses camarades ? Qui le tire parmi cette foule dense ? Il ne saurait répondre qu'à la dernière question reconnaissant la douce de la main de son allié. Une douceur bien rare dans ce monde où le combat fait rage. Il ne sait d'ailleurs toujours pas le sens de sa présence en ces lieux.

N'ayant pu savoir quand s'arrêter il butte contre une épaule robuste, retenu de justesse avant de chuter. Le brouhaha est de plus en plus présent. La tension monte. Il ressent une forte agitation, un mélange de panique et de colère. Il ressent l'inquiétude dans ses voix fortes, dans ces paroles précipités. Il ne saurait décrypter le moindre mot, mais il s'imagine de multiples questions comme lui s'interroge sur sa présence ici.

Il ne parvient à se focaliser sur une unique voix, ainsi, quand un coup d'épaule lui est donné, il ne sait ce qu'on lui demande. Le ton monte d'un cran face à son silence jusqu'à s'arrêter nette avec une unique phrase. Un unique ordre crié. La question est nouvellement énoncée.

Je ... je n'ai rien saisis. Je ne sais pas réellement ce qui s'est passé. J'étais là dans cette plaine à l'odeur de souffre. La chaleur était intense, écrasante. Puis je me souviens avoir entendue une voix. Je ne sais pas à qui elle appartenait. Elle m'était totalement inconnue. Et ce qu'elle disait ? Je n'en ai aucune idée. Je n'avais jamais entendue un tel dialecte, c'était ... étrange. Des consonantes fortes mais pourtant si douce. Cette voix était pressante, elle était comme la voix d'un médium annonçant un mauvais présage. Et enfin, un vent violent mais bref, comme un coup porté au thorax.

La cohue recommence à peine il finit de s'exprimer. De nouveau, ses sens se perdent. Sa concentration s'étiole. Il perd le fil, il renonce à s'investir dans la séance du conseil, un mal de tête le prenant soudainement. Trop de bruit. L'étouffement de la masse. Et de nouveau, le silence.

— Quels sont les mots ? Peux-tu les reformuler ?

Wer ... mar... marfe... marfedlom oui confenir ... contenir ? . Ja... Jassi ... djin...tilic, chio ... mountreki... ba...cla... keu...sic. Za moka.Gorosse dro...negue, marfedlom gé ou conf.

Le silence perdure à ses mots que l'assembler tente de retranscrire. Son accent prononcer, cette hésitation. Il sait que ce ne sont pas exactement les paroles prononcés. Il sait qu'il n'a pu les dire correctement et les induit peut-être en erreur. Pourtant, il entend un remerciement avant d'être congédié. Il n'a pas besoin d'assister à la suite. Il n'a pas besoin de témoigner sur ce qu'il a vu. Après tout ... ce n'est pas comme s'il pouvait voir quoique ce soit.

***

— Êtes-vous Yul ? Il attend quelques secondes un acquiescement de son interlocuteur. Je suis Aiden, ravie d'enfin vous rencontrer. On m'a beaucoup parlé de vous, de ce que vous avez fait pour notre pays.

Les étoiles dans les yeux, l'adolescent s'assoit aux côtés d'un jeune homme âgé tout au plus de 24 ans. Il parle pendant un long moment, récitant avec passion les aventures de son aîné, décrivant chaque action, chaque conséquence. Il connaissait dans son ensemble le récit de ses exploits passés à une exception près.

— Tu sais, je ne suis en rien le héros que tu penses. Ce n'est pas comme si, je pouvais vraiment les aider.

— Mais c'est vous qui avez malgré tout 

Unfinished StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant