Chapitre 18

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Le soleil était à son zénith au dessus de la cour du château. Au milieu d'une vaste foule hétéroclite, le jeune lord et ses trois complices faisaient face à une demi douzaine d'hommes et de femmes, en costumes rouges et extravagants, qui surplombaient la scène du haut d'une large estrade en bois.

- Oyez ! Oyez ! Braves gents, Bondagistanais et étrangers. Nous déclarons la fête annuelle du bondage ouverte !

Aussitôt une clameur s'empara de l'assemblée.

- Dans quelques instants débutera l'épreuve préliminaire. Comme tous les ans, un joli « hogtie » servira à sélectionner les treize meilleurs couples parmi vous...

- Un hogtie ? demanda lord William avec inquiétude en se tournant vers Saska.

- N'ayez crainte, c'est tout simple, répondit la jeune femme. Vous l'avez déjà pratiqué. Il s'agit de relier les poignets et les chevilles de la bondagette dans son dos...

- Ah ! D'accord...

- Cependant, je vous conseille fortement d'agrémenter votre ligotage de diverses petites touches personnelles si vous souhaitez vous qualifier car la compétition est rude.

- Je vois... acquiesça le gentleman avant de regarder de nouveau vers l'estrade.

- Les treize choisis au terme de ce premier test participeront ensuite aux douze épreuves constituant la phase finale... Mais bien évidement, à l'issue de chacune d'entre elles, le moins bon couple sera éliminé !

- Bigre... murmura Simon. Nous ne sommes pas au bout de nos peines...

- Cela pour le plaisir du public, répliquèrent en chœur les deux Bondagistanaises.

- Du public ?

- Bien sûr messieurs ! Qu'imaginiez vous ?!

- Les Bondagistanais se bousculent pour voir ça... Et le roi assiste même aux deux dernières épreuves...

- En tant que juge suprême !

- Cela promet... soupira le jeune lord avant que la foule ne se disperse bruyamment sur l'ordre des organisateurs.

- Venez suivez-moi! cria Saska en s'élançant vers l'entrée d'une immense arène. Nous devons aller par ici pour le tournoi.


Quelques minutes plus tard, les quatre compagnons venaient prendre place sur le sol en terre battue d'un stade pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs.

- Diantre, que de monde ! s'exclama Simon. Et il n'y a que treize places à prendre...

- Pour une centaine de couples au bas mot...

- Heureusement pour vous messieurs, les vainqueurs des éditions précédentes ne peuvent participer de nouveau.

- C'est une bien maigre consolation j'imagine...

- En effet... Mais gardez confiance en vous, et souvenez vous de ce que je vous ai montré depuis notre première rencontre, affirma Saska.

- Bien... Alea jacta est !dDéclara lord William en extirpant la première corde de son sac. Viens Kera, il est temps pour toi de me prouver à quel point tu peux être souple.

- Enfin ! jubila la jolie brune en s'allongeant à plat ventre sur le sol.

Visiblement, la perspective de participer au concours annuel de bondage rendait la jeune femme assez docile, ce qui n'était pas pour déplaire au jeune lord. Celui-ci attrapa donc les poignets de sa partenaire pour les lier solidement dans son dos, tandis que quelques mètres plus loin, Simon faisait de même avec ceux de Saska. Puis, à l'instar des deux Anglais, les autres bondageurs présents firent pleuvoir simultanément un véritable déluge de cordes sur de ravissantes bondagettes au comble du bonheur.

Un quart d'heure plus tard, les six arbitres costumés descendirent dans l'arène, pour juger au plus près du talent des divers participants.

- Voilà le moment de vérité, expliqua Saska juste avant que Simon ne glisse un bâillon entre ses dents.

- Mmmh... gémit Kera en faisant un petit clin d'oeil à lord William qui avait, au dernier moment, eu l'excellente idée de glisser une corde entre ses cuisses pour la plonger dans un tumulte de sensations aussi savoureuses que délicieuses.

- Bonne chance mon ami, déclara le jeune homme à son valet.

- Bonne chance monsieur, répondit ce dernier tandis que les appréciateurs approchaient doucement.

Les deux hommes tremblaient littéralement. Ils n'avaient aucune certitude, pas la moindre assurance que leurs compétences en matière de ligotage seraient suffisantes... Et ils étaient les seuls étrangers au milieu d'une foule de Bondagistanais.

Les minutes passèrent, effroyablement lentes et terriblement anxieuses. Personne au sein de l'arène n'osait esquisser le moindre mot, le moindre son, pas même une bondagette ne soupirait derrière son bâillon. Et puis les six juges se dirigèrent vers un magnifique pot de fleurs orné d'ivoire. Une somptueuse jarre de laquelle ils tirèrent treize roses blanches qu'ils brandirent comme un trophée. La récompense que tous les participants attendaient. Leur précieux sésame pour la phase finale. Alors, lentement, les trois hommes et les trois femmes vêtus de rouge s'avancèrent parmi les couples, et distribuèrent, une à une et avec une infinie lenteur, les treize roses. Les huit premières furent confiées à des Bondagistanais avant que la neuvième n'atterrisse entre les mains de Simon pour récompenser le véritable travail d'orfèvre qu'il avait effectué sur la belle Saska en la réduisant à l'impuissance la plus totale. Mais malheureusement les juges s'éloignèrent aussitôt des deux Anglais, et le jeune lord vit les trois roses suivantes s'envoler une à une et avec elles autant d'espoirs de revoir sa promise... Plus qu'une et le malheureux soupirant devrait s'en remettre au seul talent de son valet... Et puis, dans une énième volte face, les six arbitres revinrent vers les quatre aventuriers, brandissant, aussi haut que possible la dernière rose blanche, l'ultime sésame, la fleur pour laquelle lord Hartworth aurait donné tout l'or du monde. Alors, au comble du firmament, la plus jeune et la plus jolie des juges s'approcha du jeune homme, et avec une infinie déférence, elle lui offrit le treizième trophée, avant de recouvrir son visage mutin sous une capuche de soie rouge.

- Ouf... soupira le jeune Anglais une fois les juges partis.

- Eh bien mon cher, félicitations ! s'exclama Simon en lui faisant une accolade.

- Je... Je n'en puis plus, toute cette tension...

- Et cela ne fait que commencer...

- Mmmh !!!

- Pardon mesdemoiselles, déclarèrent les deux hommes en ôtant les bâillons de leurs partenaires respectives. Nous vous remercions infiniment.

- C'est nous qui vous remercions, répondit Saska. Grâce à vos talents nous faisons partie des treize bondagettes finalistes. C'est un grand honneur...

- Et un immense plaisir ! renchérit Kera avant de tirer sur le lien qui mordait son entrejambe.

Les Aventuriers du BondagistanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant