Chapitre 20

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- Il faut que tu me suives, ordonna Magon en tirant une nouvelle fois lady Mary de son bain.

- Mais je...

- Ne proteste pas, ajouta-t-il en plongeant ses yeux noirs dans les siens.

La jeune femme était incapable de résister à ce regard. Quelle autorité. Impossible de s'y soustraire, impossible d'y échapper. Alors lentement, docilement, elle suivit l'homme, son bondageur, dans les méandres du palais.

- Ici, dit-il en poussant une petite porte en bois au détour d'un couloir. Entre...

D'un pas fébrile, la jolie rousse pénétra dans une pièce faiblement éclairée. Le chanvre. Toujours cette odeur à la fois si douce et si intense. La délicate effluve des cordes...

Et puis elle la vit.

- Mais...

La belle Sophie était là, vêtue de son petit ensemble noir, attendant sagement sur un magnifique tapis persan... Et pour cause, les chevilles attachées le long d'une solide barre de bois, les bras visiblement liés dans son dos et un bâillon boule entre les dents, la Française ne semblait guère en mesure de pouvoir faire autre chose que d'attendre.

- Mmmh... gémit cette dernière en se redressant sur ses genoux.

- Je ne comprends pas... murmura lady Mary.

- Donne moi tes bras, ordonna Magon en guise de réponse.

Aussitôt une première corde s'enroula autour des poignets de la jeune Anglaise avant qu'une autre ne vienne entraver ses coudes.

- Je ne comprends toujours pas... demanda-t-elle en regardant le Bondagistanais poser une seconde barre en bois à moins d'un mètre de Sophie.

- Agenouille-toi.

- Mais...

La main du Maître bondageur appuya fermement sur son épaule pour la contraindre à s'exécuter.

- Écarte les jambes.

- Bien...

Pendant que Magon s'affairait sur ses chevilles, lady Mary en profita pour observer attentivement la captive qui se tenait face à elle, là, toute proche, à quelques centimètres à peine de son corps.

Grands dieux ! Est-ce dont à cela que je ressemble avec ce truc ?

Le visage de Sophie était littéralement déformé par la grosse boule noire qui obstruait sa bouche. Son expression était troublante. Un rictus ? Un sourire ? La jeune Anglaise ne pouvait y croire... Et pourtant... Cette prisonnière, quasiment collée contre elle, affichait une mine radieuse... Malgré son bâillon.

- Tu souris, n'est ce pas ?

- Mmmh... lui répondit la brune en hochant la tête avec un regard complice.

- Bien sûr qu'elle sourit, intervint le Maître bondageur en se relevant.

Les chevilles de la jolie rousse étaient désormais liées, à une cinquantaine de centimètres l'une de l'autre, le long de la barre. Impossible dès lors de se relever ou de basculer sur un côté.

- Mais je...

- Il faut que tu apprennes à dépasser tes inhibitions d'occidentale.

- Mes inhibitions ?

- Oui, votre culture est si différente de la notre, si écrasée par le poids des préjugés...

Il posa une main sur sa nuque et releva doucement ses longs cheveux roux avec sensualité.

- Les corps humains sont si beaux, si gracieux... Particulièrement ceux des femmes avec leurs courbes voluptueuses... Et pour une raison que j'ignore, vous vous plaisez à les cacher, à les dissimuler, sous de véritables carcans de tissu...

- La bienséance veut que...

Mais elle ne put en dire davantage, une main ferme et vigoureuse se posa sur ses lèvres.

- Foutaises !

- Mmmh...

- Tu es une belle femme Mary, une très belle femme... Tu ne dois pas avoir honte de ton corps, ni de ton charme... souffla-t-il tandis que son autre main venait glisser le long de ses cuisses.

- Mmmh...

- Regarde Sophie, susurra-t-il au creux de son oreille. Vois comme elle est belle, elle aussi... Car tu la trouves belle, n'est ce pas ?

Lady Mary hocha doucement la tête pour acquiescer.

Bien, dit-il en relâchant son étreinte. Apprécie son corps autant que le tien...

- Mais je... protesta-t-elle timidement en voyant le Bondagistanais dérouler une nouvelle corde.

Une corde qu'il fit ensuite passer autour de la taille des deux femmes pour les enlacer l'une à l'autre.

- Grands dieux... se lamenta la jeune Anglaise juste avant qu'un solide bâillon boule ne la réduise au silence, définitivement.


Le visage de Sophie était toujours aussi radieux. Visiblement tout ceci n'était qu'un jeu pour elle, un jeu étrange, troublant et sensuel. Corps contre corps, poitrine contre poitrine, les deux jeunes femmes ne faisaient dorénavant plus qu'une. Unies par les liens, elles ne formaient plus qu'une créature délicieusement charnelle. Une créature que le Maître bondageur prenait un malin plaisir à regarder se débattre, dans un vain espoir d'évasion.

- Mmmh...

Lady Mary était outrée. Au moindre mouvement sa peau entrait en contact avec celle de la Française. Cette promiscuité dénudée et forcée était si... Honteuse, dérangeante, suggestive, provocante, excitante...

Oh non.

Sa bienséance, son éducation, sa vertu... Et le corps de cette femme... Cette femme si belle, si envoutante. Et cette odeur de chanvre si enivrante...

Ne pas défaillir.

- Laisse-toi aller, murmura Magon en attrapant tendrement ses cheveux.

- Mmmh...

- Dépasse tes inhibitions, continua-t-il en entrainant lentement la tête de la jeune femme vers celle de Sophie. Il n'y a ici ni jugement, ni pudeur...

Calmement, sensuellement, il posa le visage de la rousse au creux de l'épaule de la brune.

- Effleure la, caresse la, respire la...

- Mmmh...

Cette peau nue, cette peau si délicate, et ce parfum... Ce parfum si subtil, si envoutant...

Ne pas défaillir.

- Laisse-toi aller... Elle est si belle, si douce... Déleste toi de toutes tes peurs, de toutes tes pudeurs... Libère ta nature charnelle et sensuelle... Abandonne toi... Oublie toi... Offre toi à ce plaisir si proche...

Oh non.

L'odeur du chanvre, le corps chaud de Sophie, les mots doux de Magon... Et ce regard. Ce regard noir et intense. Toute cette autorité, cette emprise sur son corps, sur sa volonté...

Oh...

Elle n'avait plus la force de lutter, plus la force de résister à cette envie, à cette ardeur, qui lentement, seconde après seconde, s'insinuait jusqu'au plus profond de ses entrailles.

Oh mon dieu !

La main du Maître bondageur avait depuis longtemps relâché son étreinte, sans qu'elle ne s'en aperçoive, sans qu'elle n'éprouve le besoin de retirer sa bouche du cou de Sophie.

Le désir...

Pitié... C'était trop ! Trop fort, trop bon, trop... Beaucoup trop. Elle n'en pouvait plus. Le parfum, la chaleur, les caresses auxquelles elle était incapable de se soustraire, toutes ces sensations qu'elle était incapable de contrôler. Ses inhibitions avaient disparu. Son corps entier n'était plus qu'un brasier ardent. Un brasier attisé par le tabou, la honte, l'interdit... Et les douces caresses de Magon sur sa nuque.

Les Aventuriers du BondagistanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant