Chapitre 14

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Une éternité.

Cela faisait une éternité que Magon était parti en l'abandonnant à son triste sort.

- Mmmh... gémissait lady Mary désespérément.

Elle criait, elle hurlait, elle maudissait le Bondagistanais de toutes ses forces à travers son bâillon tout en se débattant avec acharnement contre ses liens.

Maudits nœuds.

Ils étaient hors de portée de ses doigts, et malgré tous ses efforts ils ne se relâchaient pas. Impossible de s'en défaire, impossible de s'en échapper.

- Mmmh...

Tour à tour elle s'agenouillait pour reposer ses jambes. Tour à tour elle s'accroupissait pour soulager ses bras. Le supplice qu'elle endurait était atroce.

Le choix.

Ce choix qu'il lui avait octroyé n'en était pas un. C'était simplement un moyen de la pousser davantage dans ses retranchements, davantage dans la souffrance.

- Mmmh...

Lady Mary était épuisée, à bout de forces. Ses genoux étaient désormais trop douloureux et trop ankylosés pour qu'elle puisse se relever afin de délester ses poignets de la tension, toujours plus vive, toujours plus intense, qui s'exerçait sur eux.

- Mmmh...

Depuis longtemps elle avait renoncé à tout espoir de recracher la boule écœurante qui obstruait sa bouche. Cette grosse boule noire, solidement maintenue entre ses dents par sa courroie de cuir, qui la faisait geindre et saliver.

Elle se sentait sale, souillée et humiliée.

Elle n'en pouvait plus. Elle capitulait. Dès le premier regard sans doute, le Maître bondageur avait su comment la soumettre. Il avait su la mettre dans une position qu'elle ne pouvait pas supporter. Il avait su la faire pénétrer dans son monde, dans son univers. Un univers de cordes et de liens dont il était le virtuose, le chef d'orchestre.

Des bruits de pas...

Il revenait.

- Mmmh...

Les yeux exorbités, lady Mary regardait son geôlier qui s'approchait lentement.

Le chasseur et sa proie prise au piège.

Silencieux, il la contemplait de ses yeux noirs en avançant calmement, pas après pas.

- Mmmh... gémit-elle doucement.

Elle n'avait plus la force de lutter. Elle n'était plus en mesure d'exiger quoique ce soit. Plus rien n'avait d'importance désormais. Elle était à sa merci. Lui seul avait le pouvoir de la détacher. Lui seul avait le pouvoir de mettre fin à ses tourments.

- Tout doux,  murmura-t-il en posant une main sur sa tête.

La jeune femme courba l'échine. Elle n'était plus qu'un corps transit de sueur et de douleur. Elle ne sentait plus rien hormis les doigts du bondageur qui couraient sur sa peau et sur les cordes qui l'entravaient...

Une faveur.

Voilà ce qu'il lui accordait, une faveur. Celle de la délivrer, de dénouer ses liens et d'ôter son bâillon.

- Merci, articula-t-elle péniblement en s'affalant à ses pieds.

Magon se baissa alors pour prendre sa captive dans ses bras.

- C'est fini, dit-il en la réconfortant de son étreinte.

Lady Mary n'avait ni la force ni l'envie de résister. La douce chaleur de l'homme apaisait ses muscles encore tremblants.

Les Aventuriers du BondagistanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant