Point de vue Amy
Aujourd'hui, contrairement aux 364 autres jours de l'année, je n'étais pas en retard. Je m'étais même réveillée une heure avant que mon réveil sonne, il était donc six heures. Je n'avais fait que penser à Pierre toute la nuit et je ne savais pas du tout quelle attitude adopter vis-à-vis de lui, ni même quelle tenue mettre. Nous étions le 13 décembre, mais il ne faisait pas particulièrement froid, et je me sentais toujours très mal, surtout vis à vis de mon récent comportement. Je me levai alors brusquement de mon lit, pour me diriger vers la salle de bain, telle un zombie. Lorsque je vis mon visage dans le miroir, ce fut le véritable choc. J'avais l'air totalement perdue, vidée, moche. Je ne voulais pas "redevenir" l'ancienne moi, celle avec des lunettes, celle que l'on surnommais "planche à repasser". "Quand à me faire descendre par Pierre, autant que ce soit avec un minimum de classe", me dis-je. C'est ainsi que je me préparai, pendant près d'une demi-heure, tout en mettant mes écouteurs, chanson triste à plein volume. Je me sentais profondément désolée pour mes pauvres petits tympans, qui devaient souffrir autant que moi à ce moment là.
C'est vêtue d'un pantalon noir et d'un pull turquoise que je me rendis dans la cuisine pour avaler rapidement une tranche de pain de mie et pour boire un verre de jus. J'avais exactement prévu 2 minutes pour ce petit déjeuner, mais alors que j'allais repartir direction la porte d'entrée, une forte main me saisit le bras, et me la bloqua dans le dos, si bien que je poussai un petit cri de surprise et de douleur :
"Aïe !
- Amy, viens-tu à l'instant de finir la bouteille de jus de pomme-poire-pêche-mandarine-pamplemousse-goyave ? murmura une voix rauque que je n'avais pas entendue depuis quelques années.
- Lucas, soupirais-je. Il y a une deuxième bouteille de jus de pomme-poire-pêche-mandarine-pamplemousse-goyave au frais ! Franchement, tu fais toujours tout un plat pour tout ...
Avec mon frère, ça avait toujours comme ça. Même si cela faisait près de 3 ans qu'il était parti, nous retrouvions notre quotidien en quelques secondes, comme si nous ne nous étions jamais quittés.
- En l'occurrence ici c'est un jus ...
Lucas avait toujours eu cet humour qui lui était propre, et qui ne faisait pas forcément rire tout le monde. Mais c'était comme un jeu entre nous, quand nous étions proches, avant qu'il ne parte étudier en Angleterre. Je savais que son départ nous avait extrêmement éloignés, et à-vrai dire, je me méfiais un pu de lui. Je connaissais parfaitement le caractère de mon frère. C'était comme s'il possédait deux personnalités. Celle où il blaguait tout le temps, lourde mais supportable, et celle où on ne pouvait plus le maîtriser, c'est-à-dire celle où il devenait violent, ce qu'il avait surement du hériter de notre père. Au fond de moi, j'espérais ne plus jamais être confronté à cette partie de lui, qui m'effrayais et contre laquelle j'étais totalement impuissante.
- Ah, ah, ah, décidément Monsieur est d'humeur blagueuse, mais moi il faut que j'aille travailler, regarde, il est déjà 7 heures 30 et j'ai cours à 8 heures, il faut que je me dépêche.
Je savais que mentir à Lucas n'étais pas une bonne solution, mais je préférais partir tout de suite de la maison, quitte à arriver une heure en avance au lycée.
- Soit, soit. Lucas me lâcha le bras, puis se racla la gorge. D'ailleurs il faudrait que je songe à trouver un travail. Je ne peux pas rester à vos dépends éternellement.
- C'est bien de te l'entendre dire, murmurais-je, pour qu'il ne m'entende pas."
Je sortis de la maison, je ne voulais pas m'énerver. Cela faisait plus de 3 ans que Lucas était parti dans une université anglaise, dont les frais de scolarisation étaient exorbitants, et il se ramenait, du jour au lendemain, avec sa mine de chien battu en faisant son "meaculpa".... Cela m'énervait, mais mes pensées se redirigèrent sur ce qui m'attendait à neuf heures. Pierre, et les conséquences de toutes les imbécillités que j'avais pu faire ces derniers temps. Ayant pas mal réfléchi pendant la nuit, j'en étais venue à une conclusion : je ne pouvais pas rester avec Alex. Je ne pouvais pas lui donner de faux espoirs alors que je savais très bien qui était dans mon cœur, qui me donnait des frissons et me retournait le ventre quand je le voyais. Très honnêtement, cela me faisait énormément de peine, mais je ne voulais plus le blesser ; je le considérais plus comme un frère qu'autre chose, et lui être sincère me paraissait être la meilleure solution.
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Et si tu te souvenais ?
RomanceLorsque Pierre Brown resurgit dans la vie d'Amy, il a tout oublié de ce qui s'était passé entre eux, il y à cinq ans. Le fait qu'il était son professeur de mathématiques, qu'elle était son élève, le fait qu'ils s'étaient rapprochés, peut-être même u...