Et si tu te souvenais ?

Chapitre 14 : Un appartement.

Pv Amy

Après le petit incident qui venait de se dérouler, Pierre était retourné à sa table, en tant que client et je continuai mon service ; j'essayai tant bien que mal de cacher ma trop grande joie, et tentai de chasser l'image du baiser que nous avions échangé quelques minutes auparavant, tout en me demandant si je n'étais pas en train de rêver.

Tout cela paraissait irréel, et même dans mes plus grands fantasmes, je n'aurais jamais pu oser imaginer ce que je venais de vivre avec Pierre. Un doute persistai néanmoins : étais-je donc officiellement en couple avec Pierre Brown ? Cette question pouvait paraître puérile et futile, mais je me sentais un peu perdue et je ne savais plus vraiment quoi penser. Alors que je me posais toutes sortes de questions, Pierre ne semblait nullement ébranlé par ce qui venait de se passer, et ne montrait aucun signe de malaise, de joie et aucun sentiment n'animait son visage, il semblait trop concentré à lire son journal, tout en buvant son café. C'est donc en feignant l'indifférence que je continuais de distribuer des cafés, des croissants, des salades à qui en demandait.

Pv Pierre 

Alors que je tentais du mieux que je le pouvais de lire mon journal, mon esprit était totalement ailleurs. Mes pensées ne semblaient se résumer qu'à Amy, Amy, et Amy. Je jetais de temps à autres quelques regards furtifs à celle qui s'affairait pour satisfaire les nombreux clients qui semblaient plus impatients les uns que les autres. Je la regardais sourire toute seule, cela me suffisait pour être pleinement heureux. Je m'en voulais néanmoins un peu d'avoir totalement perdu le contrôle de moi même lorsqu'Amy avait commencé à parler d'Alex. J'espérais d'ailleurs ne jamais revoir ce sympathique gamin de toute ma vie.

                                                                                                    ~

Pv Amy

Il était enfin 21  heures, l'heure de la délivrance. Pierre était resté approximativement 2h30 à lire le même journal, ce qui me paru légèrement étrange, mais je ne préférais pas faire remarque qui aurait pu briser l'idylle que j'étais en train de vivre. Après avoir repris mes affaires au vestiaire et avoir poliment salué le patron, je m'approchai de la table où Pierre était toujours en train de lire son journal :

"- Pierre ? J'ai fini. Si tu veux tu peux rester ici lire ton? journal, je vais rentrer toute seule ...

Pierre leva les yeux pour les planter dans les miens. L'intensité de ce bleu me percuta comme jamais, ce qui me fit légèrement trembler. Pierre avait ce regard qui faisait comprendre qu'il était sérieux et qu'il n'était pas sur le ton de la plaisanterie.

- Amy ?

Je retins ma respiration tant mon cœur s'emballait au son de sa voix. Je ne voulais néanmoins montrer aucune faiblesse devant lui. J'avais changé et je voulais qu'il le sache.

- Hm ? lui répondis-je d'un ton totalement détaché.

- Est-ce que je peux t'embrasser ?

Je crois que j'avais totalement dépassé mon quota d'amour et mon cœur menaçait d'exploser d'un instant à l'autre, mon estomac était noué comme si j'allais passer le plus grand examen  de ma vie et mes mains étaient tellement moites que l'on aurait pu jurer qu'il faisait plus de 40 degrés. Le plus perturbant était le fait qu'il avait dire ces mots tout à fait sérieusement, les yeux plantés dans les miens, sans même détourner son regard. Il était inévitablement sérieux. 

J'aurais tellement aimé lui répondre "Mais qu'est-ce que t'attends ?" ou quelque chose de "cool" dans le même style mais j'avais l'impression que ma langue s'était paralysée et que toute communication m'était totalement impossible. Pierre se leva, sans me regarder, ce qui semblait indiquer qu'il allait partir ... S'était-il vexé ? Il avait peut-être rassemblé son courage pour faire cette avance qui ne lui ressemblait nullement ... Et à cause de mes peurs inexpliquées, tout retombait à plat ... Et avant que je ne m'en rende compte ... Pierre était en train de m'embrasser ? J'écarquillai les yeux au contact de ses lèvres ; le Pierre que je connaissais était bien trop froid pour oser m'embrasser devant ... Une bonne vingtaine de clients qui s'étaient tous retournés pour non pas nous applaudir comme dans tous les vieux films un peu "clichés", mais pour nous dévisager, l'air de dire "ils ne pourraient pas faire ça autre part ? On est en train de manger quand même". Mais ce n'était pas ce genre de regard qui allait me faire regretter ce qui était en train de se passer, et j'enlaçais le cou de Pierre avant de fermer les yeux, tout en essayant de ne pas m'évanouir de bonheur. S'il s'agissait d'un rêve, je ne voulais absolument pas me réveiller.