Demilogue

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Et non pas un chapitre, pas un prologue, pas un épilogue... mais un demilogue ! Je sais pas si ça existe vraiment, mais ça me paraissait utile ici oups.

Bonne lecture :D

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Demilogue

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Juin 1999,

« Pardonnez-moi, m'interromps mon hôte. Je... Je ne comprends pas bien pourquoi vous me racontez si précisément l'entrée de Melania dans la Maison des Black...

— Au 12, Square Grimmaurd, je rectifie avec fébrilité.

— Oui, au 12, Square Grimmaurd. Je veux dire... Tout le monde sait que les Black étaient tous des fanatiques cinglés. Vous essayez de les humaniser mais...

— Je vous les peins, ou du moins j'essaie, de la manière dont Melania les vit à l'époque. Elle avait le cœur tellement bon et naïf, elle ne s'est pas rendu compte tout de suite de son nouvel environnement.

— Oui, pardonnez-moi pour Melania, je peux facilement imaginer qu'elle ait été malheureuse dans cette maison, mais...

— Elle n'a pas forcément été malheureuse. Enfin, si, elle a dû l'être. Mais elle était des leurs, elle... elle devait devenir comme eux. Je pense qu'elle est devenue comme eux. Qu'elle n'a peut-être pas eu le choix de faire autrement. Même si je n'ai pas vu ce changement s'opérer en elle. »

Je regarde par la fenêtre. Le soleil est si haut dans le ciel à présent, qu'il n'éclaire plus du tout le grenier. Une noirceur de tombeau recouvre doucement la pièce. Ni mon hôte, ni moi, n'avons trouvé la nécessité d'allumer une bougie. Tout de même, je commence à fatiguer. Ressasser les souvenir n'est jamais aisé. Et puis cette pièce et la tapisserie étalée devant nous sont étouffantes.

« Si nous prenons une pause, pourrai-je avoir un verre d'eau ? je demande finalement.

— Oui, bien sûr, je vais vous en chercher un, accepte mon hôte en se levant du fauteuil poussiéreux.

— Je vais venir avec vous, dis-je en me levant difficilement à mon tour. Je n'avais pas remis les pieds dans cette bâtisse depuis un long moment. Il est temps de l'arpenter un peu.

— Vous êtes sûr de...

— Oui, allons-y. Je pourrai ainsi poursuivre mon histoire. Enfin, celle de Melania. Je dis « mon histoire » parce que ce n'est que ma version de son histoire que j'ai à vous proposer. Je ne peux m'empêcher de vouloir que vous la compreniez, et peut-être que vous l'excusiez – comme j'en suis venu à le faire –, mais je fais de mon mieux pour relater les faits et ne pas m'impliquer personnellement dans son histoire.

— Ne pas vous impliquer personnellement ? C'est pour cette raison que vous avez parlé de vous en utilisant votre prénom, à la troisième personne ?

— Oui, je préfère le faire ainsi. Lorsque je parlerai de moi en disant « je », vous saurez que c'est à ce moment qu'il ne faudra plus rien attendre de Melania, et que vous pourrez lui témoigner votre pitié.

— Ma pitié ? Mais... pardonnez-moi, je compatie à la vie compliquée de Melania Black – vraiment – mais je ne peux pas non plus attendre trop longtemps pour obtenir des réponses à mes questions. Alors si vous pouviez...

— Vous avez toute une vie devant vous, Monsieur, accordez-moi encore un moment. Je vous promets que vous aurez la réponse à votre question si vous me laissez parler librement jusqu'à la fin de la journée. La réponse à vos questions vous tombera, comme qui dirait, d'elle-même dans les mains.

Son soupir rudement bien camouflé m'arrache un sourire innocent. Je sais que je titille sa patience. Mais je suis revenu dans cette maison alors que je m'étais juré de m'en méfier à l'avenir. J'ai quelques... exigences. Et puis ce n'est pas parce que je suis vieux que je n'ai pas à faire. Ce sera sa façon de me remercier.

« Je peux bien vous accorder ce temps, oui », accepte-t-il à mon plus grand soulagement.

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Les Mains de PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant