Plus tard dans la nuit, je me réveil en sursaut. Encore ce même putain de cauchemar. Et après on se demande pourquoi j'ai des cernes de quatres kilomètres de long sous les yeux. Je le vois lui, me maudir pour l'avoir remplacé. Et comme d'habitude, je ne peux pas lui crier que non, je ne l'ai pas remplacé, que personne ne peut prendre sa place, mais aucun son ne sort de ma bouche. Seul des larmes coulent sur mes joues. Je hurle dans mon oreiller. Et si il n'y avait que ça. Lui et mon père sont là pour me répéter que tout ça c'est de ma faute et que moi aussi je devrai mourir. Que je devrai les rejoindre mais que j'ai déjà ma place en enfer donc je ne les reverrai jamais.
Il y a maintenant un moment, à cause de ces cauchemars incessants, j'ai hésité à vraiment le faire, à vraiment me suicider. Mais je ne suis pas morte. C'est grâce à mon mental. Et au fait que Rosalya m'a emmené aux urgences immédiatement après que j'ai avalé je ne sais plus quels comprimés pour faire une overdose. Elle m'a fait promettre de ne plus tenter de mettre fin à mes jours, pour les filles.
Même si je les aime de tout mon cœur, il y a des moments où j'ai extrêmement envie d'écouter ces petites voix dans mes cauchemars et de me tirer une balle dans la tête histoire d'être tranquille. L'enfer, je le vis déjà. Je ne dors plus la nuit, je ne vis que pour réaliser mes missions et pour ne pas rendre les filles tristes, mais si ça ne tenait qu'à moi, cela ferait longtemps que j'aurais fait coucou à la faucheuse.
Comme toutes les nuits, je finis par me lever et marcher dans tout l'étage. J'espère toujours ne croiser personne, ce qui est idiot puisque tout le monde dort. Je monte au dessus et me dirige vers le frigo pour prendre une bouteille d'eau puis un verre. Mais je finis par reposer la bouteille d'eau et prend plutôt une bouteille de vin rouge entamée qui va être ma meilleure amie pendant la prochaine heure. Certaines personnes écrivent quand ça ne va pas, moi je bois avant. Ça libère l'esprit créatif. Je me sers un premier verre que je finis assez vite. Puis un deuxième et je commence à ressentir quelques effets de l'alcool, pas violents, mais assez pour m'inciter à prendre mon carnet planqué derrière un des meubles et un stylo.
"Cher journal,
Je suis toujours vivante, miracle. L'autre me fait toujours aussi chier depuis deux mois et demain j'ai une mission. Boire n'est sûrement pas la solution mais je m'en fout, j'ai besoin de me vider la tête. J'ai encore fait ce cauchemar. Ils me disent toujours la même chose, et depuis deux mois, il s'amuse à me reprocher que je le remplace. Si seulement il savait. Si seulement il savait à quel point j'aimerais que ce soit vrai. Mais je ne peux pas le remplacer. Rien que prononcer son nom me fait pleurer et me ramène à ce fameux jour. Ça aurait dû être moi, je le sais. Mais ce débile à décidé de prendre la balle à ma place. Alors pourquoi me le reproche-t-il ? Pourquoi hante-t-il mes cauchemars ? C'est à n'y rien comprendre. Je tiens pour les filles. Mais si tu savais à quel point j'ai envie de faire ce qu'ils me demandent. Je ne sais pas par quel moyen, mais j'aimerais tellement mettre un terme à ma vie. Que tout cela soit fini. Et Hiro. Pourquoi est-il aussi gentil avec moi ? Je suis une personne horrible et lui continue de me suivre partout sans broncher. A sa place je serai déjà partie. Quand je dis que l'être humain est fascinant, je parle de ces gens obstinés."
Je repose le stylo, remet mon carnet à sa place, prend la bouteille et mon verre avant de monter sur le toit. J'adore cet endroit. Je m'y sens libre, sans personne pour me dire quoi faire. De toute façon, je suis la seule à venir ici. Je ne vais pas vous cacher que j'ai déjà songé plus d'une fois à sauter, mais je crois qu'en faite, depuis ce jour là j'ai peur de mourir. Je me fais mal à la tête. Je me ressers un verre de vin et trinque en direction des étoiles.
- Je sais que vous êtes quelque part par là ! Et je vous promets que je vais vous venger. Je vais retrouver tous ces connards et les buter pour ce qu'ils vous ont fait. Mais pour l'amour de Dieu, foutez moi la paix et laissez moi dormir. J'en peux plus de vous voir, vous entendre la nuit. Vous voulez que je saute, c'est ça ? Mais je ne vais pas le faire. Tant que j'ai la certitude qu'ici bas des gens m'aiment encore, je ne sauterait pas, alors lâchez moi putain !
Je sais que j'ai l'air d'une folle mais je m'en fout. Ça fait trop du bien de crier. Je bois mon verre avant de redescendre à cause du froid. Je remet la bouteille à sa place et lave le verre avant de le ranger. Je retourne ensuite dans ma chambre et attrape un livre. Il parle de meurtre, d'enquête et de paranormal. Tout ce que j'aime. Je mets mon casque sur mes oreilles et lance ma playlist avant de plonger dans ma lecture.
Les heures passent, les pages défilent, les musiques s'enchaînent et j'arrive bientôt à la fin de mon livre. Je regarde l'heure: il est six heures et demie. Je décide de marquer ma page et d'essayer de retourner dormir. Étrangement, je trouve le sommeil rapidement. La fatigue ? L'alcool ? Je ne sais pas. Tant que je dors, moi ça me va.
Je rêve des filles. En fait, ce n'est pas un rêve, c'est un souvenir. Celui de notre rencontre. On était toutes petites, hautes comme trois pommes. On avait quoi, quatre ans ? Je venais d'arriver au Japon et je ne parlais pas très bien la langue à cause de ma mère, cette sorcière. Elle était contre le fait que je parle plus japonais que français et m'interdisait de parler japonais chez moi. Je me souviens, on était dans un parc pas loin de chez moi, et j'étais avec mon père. Il m'avait indiqué deux filles qui jouaient au toboggan et m'avait encouragé à aller leur parler. J'y suis allé. Et je crois que c'est une des meilleures décisions de ma vie. Je m'étais approché d'elle avant de dire.
- Bonjour. Je être Azara Shiryu. Mais vous pouvez appeler moi Azara"
Elles n'avaient pas ris. Et s'étaient juste présenter normalement. Lya Hiragi et Tako Kage. Elles ont bien changé depuis, Rosalya et Octavia. Nous étions jeunes et nous aimions nos prénoms. Alors que les filles corrigeaient gentillement mes fautes, Himiko est apparue et s'est présentée à nous. Elle aussi à bien changé, mais surtout physiquement. Et c'est là que nous est venu l'idée de nous donner des surnoms. Pour moi, Shiza. C'est un mélange entre mon prénom et mon nom. Pour Lya, Rosa. Pourquoi ? Parce que la rose est sa fleur préférée et qu'elle était tout en rose à ce moment-là. Pour Himiko, Shimi. C'est le même procédé que pour moi. Et pour Tako, elle nous a expliqué que son père était Américain et qu'ils avaient traduit son nom de famille en arrivant, et que son vrai nom de famille était Shadow. Elle nous avait indiqué que tout le monde l'appelait Blondie à cause de ses cheveux blond platine. On l'a donc surnommé Shadie. Un mélange de Shadow et de Blondie. Je crois que c'est mon premier bon souvenir du Japon.
Ce rêve me change de ceux de d'habitude qui me donnent juste envie de mourir. Celui-là me donne envie de vivre. Il me rappelle comment je suis arrivé jusque là malgré les aléas de la vie comme la mort de mon père et l'abandon de cette sorcière qui me sers de mère. Je devrais même dire, génitrice. On ne peut pas qualifier de mère quelqu'un qui décide d'abandonner sa fille, encore mineure, en la laissant seule, sans argent dans une grande maison. Mais mes amies ont toujours été là pour moi et je ne les remercierai jamais assez pour ça. C'est sur cette note positive que j'ai pu finir ma nuit.
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Black Devils
RastgeleAza, une tête du gang japonais Black Devils, se voit obliger de prendre un apprentit sous son aile pour après qu'il puisse faire des missions solo. Ceci ne l'enchante absolument pas mais va quand même honorer cette mission...