2021. Premier concours en ligne.
_______________Une simple invitation. Ça avait suffi à mettre toute la demeure en émoi. C’était depuis qu’ils l’avaient reçue leur principale préoccupation et la principale source de ragots des domestiques. Et bien qu’étant apparemment la principale concernée, elle n’avait été informée de rien. Ni du nom de l’expéditeur, de l’identité de l’hôte ou du motif de l’invitation. Ses domestiques avaient juste été informés qu’elle devait être prête ce soir, à dix-huit heures. La raison pour laquelle elle était aux mains de ses femmes de chambre depuis plusieurs heures, sans même avoir eu la liberté de choisir sa tenue ou son parfum. Mais il valait mieux qu’elle se laisse faire puisque l’ordre venait de son père. Peu importe au fond, ce n’était sûrement qu’une soirée parmi tant d’autres au final. Sans doute devait-elle juste l’accompagner pour faire bonne figure à l’évènement, comme d’habitude.
Ils étaient arrivés avec une légère avance, comme une bonne partie des convives. Elle n’avait pas reconnu le chemin pris par la berline, elle ne reconnaissait pas non plus la demeure dans laquelle ils étaient à présent, pas plus qu’elle ne reconnaissait une seule des personnes présentes. Où étaient-ils, qui étaient toutes ces personnes, pourquoi étaient-ils tous invités, aucune des conversations qui parvenaient à ses oreilles ne semblait pouvoir l’éclairer. Pourtant, ils avaient tous l’air d’avoir les réponses à ses questions. Évidemment, elle était très certainement la seule à ne pas avoir reçu son invitation en main propre. Mais elle ne pouvait pas non plus s’immiscer dans une discussion pour le demander, ils penseraient alors que la fille du comte Lloyd est bien mal éduquée de se comporter de la sorte. Pourtant, ce n’était pas elle qui avait dérobé l’invitation de sa fille et refusé de lui donner la moindre indication à propos de cette soirée.
– C’est le fils du marquis Bailey…
Des chuchotements à sa gauche l’intriguèrent. Voilà enfin un visage familier ! Cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’avait plus vu à aucun événement, que faisait-il donc là ?– J’ai entendu dire qu’il vient d’achever son entraînement militaire…
– Il serait même promis au titre de sergeant à ce qu’il paraît…
– Alors qu’il est si jeune…
– Ce sera bientôt un jeune homme accompli…
– Il ne lui manquera plus qu’une belle promise pour reprendre les rênes de sa famille !
– N’est-ce pas ? Je devrai sans doute lui présenter ma nièce prochainement…
Était-il conscient des bavardages ? Elle aurait aimé le saluer mais cela risquait de trop se remarquer. Elle continua de l’observer discrètement et profita de croiser son regard un instant pour lui adresser un léger hochement de tête qu’il lui rendit. Mais il semblait attristé, la peinant en retour. Ce cher Frédéric… Un tintement résonna pour attirer l’attention des invités vers le balcon surplombant la salle de bal. N’était-ce pas Nicolas ? Ils étaient donc chez le duc Everett. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne l’avait pas vu non plus… Prise d’une vague de nostalgie, elle fut alors transportée au milieu d’un jardin verdoyant plusieurs années auparavant, partageant un goûter et s’amusant tous les trois comme ils en avaient l’habitude. Que cette époque lui manquait… Le regard perçant de Nicolas la ramena à la réalité, il semblait la fixer. Elle décida alors de lui adresser un léger sourire pour le saluer mais le jeune homme se contenta de détourner le regard. Sans doute ne s’en était-il pas rendu compte ?
– Bonsoir à tous, salua le duc depuis son balcon. Je vous remercie d’être venus ce soir. Si je vous ai invités, c’est pour célébrer les fiançailles de mon fils, Nicolas, avec notre chère demoiselle Janet Lloyd ici présente !
Oh, voilà donc le motif de leur invitation ! Ainsi donc, Nicolas allait se marier ? Oui, il n’y avait rien d’étonnant à cela, ils étaient déjà en âge de chacun se trouver un parti après tout. Elle espérait juste qu’il s’entende bien avec sa promise… Une minute, avait-elle bien tout entendu ?! Le duc venait-il bien de prononcer son nom ?! Elle tourna vivement la tête vers son père en réalisant soudainement ce qui venait d’être dit, seulement pour découvrir un sourire ravi. Depuis combien de temps préparait-il cela ? Cherchant un semblant de réponse ou de soutien, elle regarda en direction de Frédéric qui n’avait aucunement l’air surpris, il la fixait juste avec une sorte d’expression indéchiffrable. Non, ce n’était pas possible que tout le monde le sache à part elle. En dernier recours, elle leva alors les yeux vers Nicolas qui se tenait à présent au milieu des escaliers de droite, la main tendue vers elle pour l’inviter à le rejoindre. Mais comment… Sentant tous les regards de la foule peser sur elle, elle se décida finalement à rejoindre la main tendue sans vraiment agir de son plein gré. Pourquoi…
Le reste se passa comme dans un songe, elle se tenait au bras de Nicolas pendant que le duc continuait son discours, mais sans en entendre un traître mot, sans rien voir de ce qui était devant elle. Elle ne comprenait juste pas. Elle le laissa ensuite l’entraîner sur la piste de danse telle une poupée de chiffon sans avoir plus aucune notion de son corps ou de ce qui l’entourait. C’était forcément un songe, n’est-ce pas ? Cela ne pouvait être réel. Mais oui, c’était la seule explication.
– Mademoiselle… Janet…
Son nom et la légère pression de la main de son cavalier lui firent lentement relever la tête. Non, elle refusait cette réalité.
– Cela faisait bien longtemps que nous ne nous étions vus. Vous n’avez fait qu’embellir avec les années si je puis me permettre. Mais à en juger votre air perdu, se pourrait-il que vous ignoriez le motif de cette fête ? J’avais pourtant pris soin de vous envoyer avec votre invitation une lettre vous expliquant la décision de nos familles que j’ai moi aussi appris fortuitement…
– Je… n’ai rien reçu, avoua-t-elle en baissant la tête, sentant son coeur se serrer.
– J’en suis navré. Croyez-moi, j’aurais aussi souhaité que cela se passe autrement. Mais je pense que vous devriez sourire un peu, pour les invités. Nous serons le centre de l’attention ce soir, il serait dommage que des ragots se mettent à circuler aussi tôt, expliqua-t-il en s’inclinant pour marquer la fin de la danse avant de lui proposer une nouvelle fois son bras. Allons donc les saluer.
Elle laissa principalement Nicolas s’occuper des invités qui se suivaient pour les féliciter, ne faisant que le strict minimum requis. Elle souhaitait désormais rentrer chez elle, au plus vite. Mais ce fut d’un coup Frédéric qui se présenta à eux et elle en oublia sa fatigue. Que pouvait-il bien penser…?
– Mes plus sincères félicitations, monsieur le duc Everett, récita-t-il en s’inclinant devant eux.
– Allons, nul besoin de faire autant de manières entre nous Frédéric, rit Nicolas en ouvrant les bras. Nous sommes toujours amis. Mais j’avoue avoir été surpris par ta décision de t’enrôler dans l’académie militaire.
– Le rang de duchesse convient mieux à Janet que simple marquise.
Comment ?
– Tu n’aurais pas dû en décider tout seul. Nous nous étions mis d’accord-
– Ce n’est pas le lieu d’en discuter, coupa rapidement Frédéric en lançant un regard à Janet. Je vous renouvelle mes félicitations pour vos fiançailles, s’inclina-t-il de nouveau en faisant un baisemain à la jeune fille. J’ai été très heureux de vous revoir, mademoiselle Lloyd.
– Frédéric, murmura-t-elle en le regardant s’éloigner sans plus avant de lever les yeux vers Nicolas dont l’expression s’était légèrement durcie.
Qu’avaient-ils donc manigancé tous les deux ? Depuis combien de temps avaient-ils renoué le contact ? Comment osaient-ils décider de son avenir entre eux de la sorte ? Elle n’avait aucun moyen de le découvrir pour l’instant, mais elle se jurait de connaître la vérité à n’importe quel prix.
_______________Oui, c'est le début non-corrigé de Faux-semblants, si vous avez eu la curiosité d'aller voir.
Oui, j'aurais pu faire mieux, mais c'est le jeu que voulez-vous !J'avais une première proposition avec une toute autre ambiance, que je publierai aussi si j'ai le courage de la terminer.
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Concours et légendes inachevés
De TodoRecueil de textes rédigés pour des concours, d'histoires courtes et débuts ou morceaux d'histoires en attente. Publiés par ordre d'écriture.