À Travers Nos Cœurs

Chapitre 5

- Mais tonton, puisque je te dis que ce n'est pas dangereux !
- Je préférais que tu ne fasses pas ça, Tommy.

Une scène qui se déroule face à moi, depuis une quinzaine de minutes entre Thomas et Eden. Je n'ose même
pas intervenir. Comment dire ? Voir Eden en difficulté face à un enfant de cinq ans me fascine.

- Mais je ne vais pas me faire mal en faisant de la corde à sauter ! S'affole Thomas.
- Tu n'en sais rien, tu pourrais te prendre entre les fils et t'étouffer.

De loin on pourrait imaginer Eden comme un homme doux et agréable avec les enfants. Un vrai père poule. Trop inquiet pour ses enfants, maladroit et peu sûr de lui. Associons ces attraits-là à sa beauté éclatante et on retrouve face à soi un homme complètement parfait.

Comme à son habitude, il est venu récupérer Thomas avec une bonne trentaine de minutes de retard. Parfois je me demande si ce n'est pas un petit manège de sa part et qu'il ne fait cela juste pour me mettre à bout.

Un vendredi soir qui plus est.

- Ça suffit, de toute façon il est tard, on doit rentrer conclut alors Eden.
- Mais...
- Je rêve ça dois faire au moins la dixième fois que tu me dis "mais", Tommy.

Je décide de me rapprocher de la scène et de lui offrir mon aide. Plus tôt j'agis, plus tôt je retrouve mon canapé et ma limonade qui m'attends dans mon frigo.

Rassurante, je me porte à la hauteur de Thomas et lui sourit sincèrement.
- Bah alors Thomas, tu ne veux pas retrouver papa et maman ?
- Bien sûr que si mais tonton ne me laisse pas jouer avec la corde à sauter, il dit que je vais me faire mal. Mais c'est ridicule, non ? Je veux en faire avant de m'en aller.
- Eh bien, je pense que tonton ne veut pas que tu te fasses de bobo, tu comprends ? Peut-être que lui, il s'en fait plein des bobos lorsqu'il fait de la corde à sauter je lui murmure complice et en lui offrant un clin d'œil.

Thomas me répond par un large sourire et repose la corde à sauter parterre.
- Tonton, tu sais je pourrais t'apprendre à en faire sans te faire mal un jour.
- Je suis sûre qu'il adorerait ça ! J'ajoute.

Cette simple discussion réussit à clore cette histoire de corde à sauter.
-Tu peux m'attendre dehors, si tu le veux. Et ne va pas trop loin ! Pas de bêtises, ne parle à personne et reste juste devant l'entrée. Laisse la porte ouverte, Tommy.

Il se retourne épuisé face à moi.
- Vous vous y prenez plutôt bien avec les enfants Remarque-t-il.
- C'est un peu mon travail.
- Ça me semble totalement différent de moi. Les adultes au contraire c'est plus simple, plus influençables, plus discutable.
- À chacun son domaine.

Il acquiesce
- À chacun son domaine.
- Et quel est en réalité le vôtre ? Je demande.

Il se décale, ce fameux sourire malicieux aux lèvres.
- Je pensais que vous ne vouliez pas me connaître ?
- C'est vous qui avez dit ça.
- Vous avez ensuite souligné ce que j'ai dit Nuance-t-il.
- Vous jouez avec les mots. Je ne cherche pas à vous connaître mais à satisfaire ma curiosité.
- J'attise votre curiosité ? Souffle-t-il ravi.
- Je dirais que oui, un peu trop même.
- Ah, ah mais quelle nouvelle.
- Cela est signe de réjouissance pour vous ?
- Dans un certain plan, oui admet-il.

Il ne veut pas me répondre, il veut jouer.
- Monsieur Green, j'ai l'impression d'être une sorte de divertissement pour vous, je me trompe ?
- Un divertissement de très mauvaise qualité dans ce cas.
- Je pourrais me vexer mais je ne le ferais pas.
- Quelle gentillesse, en quel honneur ?
- Je dirais que je suis simplement trop mature pour me comporter comme un enfant.
- Attention vos élèves pourraient vous entendre me chuchote-t-il hilare.