Chapitre 22

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Je ne sais pas si c'est une bonne chose.
Voir la vie avec des étoiles. Avec des coeurs pleins les yeux. Se sentir joyeuse, pleine de pulsions inexplicables.

Cette excitation qui s'émane de moi est sans pareille et je m'efforce à comprendre pourquoi.

Puis, quand je repense à l'intensité de son regard tout devient plus clair. Mais ma raison s'entête à freiner mon bonheur.
Parce qu'il n'est jamais bon de s'enflammer l'esprit par homme que l'on ne connait à peine. Et je suis bien placée pour savoir qu'il n'est jamais bon de se laisser tordre de plaisir pour n'importe quel homme.

Mais celui-là est différent. Il est dangereux. Il s'amuse à me cacher des choses. Il ne se laisse pas à découvert et cela n'annonce rien qui vaille.

Pourtant, c'est horrible je le sais, mais je m'obstine à considérer cet homme comme un mystère. Je veux le comprendre, l'analyser, le déjouer, le prendre par surprise, le mettre à découvert.

Il est tenace. Insolent. Mais si prévenant.

Cette malice qu'il me réserve tant, ce ton hautain dont il ne démord pas, hier soir, il l'a abandonné.

J'ai vu cette douceur. Elle m'a désarçonné. Des pulsions battaient dans mes veines, ce bruit assourdissant de mon sang qui pulsait sans relâche m'empêchait de garder les esprits clairs.

J'avais dangereusement envie de saisir sa main et de la reposer contre ma joue. J'avais envie de toucher ses doigts rugueux entre les miens. Dessiner la courbe de ses mains avec mes doigts. Rencontrer la chaleur de son corps contre la mienne.

Je n'ai rien fait de tout cela.

Le moment étant bien trop parfait.

Hier soir, il m'a eu. Je l'ai laissé pénétrer dans ma vie, dans l'univers qui me hante. Et si j'avais imaginé qu'il en tirerait profit pour me tirer au plus bas, il n'a rien fait de tel. J'ai honte d'avoir pu douter de lui.

Peut-être bien que je ne déteste pas cet homme au fond.
J'ai l'impression de me surprendre à devenir folle. Cet homme est peut-être bien concierge, homme d'affaire, trafiquant de je ne sais quelle genre de substance ou encore ministre, cela m'est bien égal.

Je veux savoir, apprendre.

— Tu descends ? Allô, Allyson. Tu m'entends ?
— Oui, oui, j'arrive tout de suite.

Depuis quelques temps j'offre des cours gratuits à des enfants dans le besoin avec Liam. C'est lui qui a lancé l'idée et force est d'avouer qu'elle est géniale.
Les destinations varient selon les enfants et je me plaît à découvrir de nouveaux enfants.
— Eh bien ! Tu as été longue aujourd'hui.
— Je sais bien, je suis désolée.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Pardon ?

J'arrange mon sac sur mes genoux et referme la portière de sa voiture délicatement.
— On dirait que tu es passée par tellement d'émotions !
Il plisse les yeux et regarde avec attention les traits tranquilles de mon visage.
— Ça se voit tant que ça ?
— Tu as l'air heureuse.
— Heureuse ne serait pas le bon mot. Je dirais plutôt. . . épanouie.

Ses lèvres s'étirent en un doux sourire.
— Très bien. C'est tout ce qui compte, au final.
Et c'est bien vrai. Je n'ai pas complément tiré un trait sur Evans bien que je suis rassurée à l'idée de ne plus recevoir d'appels venant de lui mais une part de moi reste inquiète. Malgré tout, seule, je n'aurais jamais eu le courage de prendre l'initiative de le bloquer.

À Travers Nos CœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant