Chapitre 11

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" Me le cacher, Mademoiselle, est impossible."

— Tout dépend. . . Je souffle, les lèvres pâteuses.
— Tout dépend de quoi ?
— De la personne pour laquelle on jette notre dévolu.

Inquisiteur, il balance sa tête sur le côté.
— Vous prétendez qu'aimer est un choix ?
— Probablement.
— Pourquoi mentez-vous, Mademoiselle ?

Je déglutis, la gorge sèche.

— Pourquoi cherchez-vous à me faire dire tout ce à quoi je pense ?
— Parce que je veux savoir tout ce à quoi vous pensez.

Ses yeux sont brillants et je pense si intensément qu'il ne me ment pas, qu'il est sincère. Toutefois, ce drap de mensonges qui recouvre son regard retient les battements irréguliers de mon cœur.
— Très bien. Eh bien, je vous mens, c'est vrai. On ne choisis pas la personne qu'on aime, elle nous tombe dessus.

— Vraiment ? Dit-il avec un sourire.
— Vraiment.

Il ne dit plus rien et j'en fais de même. Que pourrions-nous dire, en réalité ? Je ne sais pas et le silence se présente comme la meilleure option.

— Rentrez, Mademoiselle.

Il referme mon livre et saisit mon sac sur mon bureau, ébahie devant son manque de retenue, je le laisse faire.
Il range mon livre et porte mon sac en bandoulière, lui donnant un air féminin qui me plaît.
Je m'esclaffe.
— Vous êtes très joli comme ça.
— Ne dites pas de bêtises et levez-vous.

Je lance un coup d'œil à ma montre et lui empoigne le pas.
— Pourquoi êtes-vous réellement venu ? Je demande une seconde fois.
— Il y a une chose que je trouve pénible chez vous. Vous avez cette fâcheuse habitude de répéter les questions  auxquelles j'ai déjà répondu.
— J'aimerais justement avoir une vraie version.

Je ferme la salle de classe, sentant l'odeur boisée d'Eden. Je perds l'instant d'une seconde l'équilibre et me reprends aussitôt.
— Vous êtes très perspicace, Mademoiselle.
— J'en ai conscience.
— Parfois, se contenter d'un petit mensonge n'est pas plus mal.
— Vous avouez que vous me mentez !

Il lève les mains au ciel, vaincu.
— Vous mentir ? Mais à propos de quoi, au juste ?
Il me prend au dépourvu et je ne sais pas quoi lui dire. C'est vrai, il me ment. Mais je ne sais pas quel est ce mensonge.
— À vous de me le dire, Monsieur.
— Eh bien, vous ne prenez pas de risques, vous.

Il s'en va et cette manie de partir sans me répondre commence réellement à me mettre hors de moi.
— Mais attendez moi !
Je le rattrape et il ne me lance pas un regard.
— Et rendez moi mon sac.
— Je préfère le garder. C'est pas tous les jours que je suis "joli" dit-il avec un sourire malicieux.

Joli peut-être, oui. Mais atrocement séduisant, ça il l'est toujours.

— Ce rendez-vous... commence-t-il.
— J'ai bien l'impression qu'on ne l'aura jamais je plaisante.
— Vous avez une idée de où est-ce que vous voulez aller ?
— Ce n'est pas tant le cadre qui m'importe. . .
— . . .C'est vous. . . finit-il à ma place.

Je le regarde interloquée. À la fois surprise mais satisfaite qu'il finisse lui-même ma phrase.
— Je savais que vous étiez télépathe j'annonce.
— Ça ne marche qu'avec vous. Donc j'ai vu juste : le cadre ne vous importe pas mais juste moi ?
— Oui.
— Mais vous êtes une vraie dragueuse en fait !

Son constat me fait monter le rouge aux joues.
— Pas du tout, c'est vous qui modifier le sens de ma phrase.
— J'ose espérer que vous l'êtes réellement.

À Travers Nos CœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant