Chapitre 25

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— Je te le répète, souffle t-il, je ne te demande pas de me croire mais de me suivre.

Mon souffle est irrégulier et je sens la pression de son souffle contre ma nuque. Il n'en faut pas plus pour que ma peau frémisse.
— À quoi bon ? Pourquoi voudrais-je te suivre alors que je ne te crois pas ?

Il laisse ses doigts défiler contre mes poignets.
— Parce que tu veux vivre, n'est-ce pas ?
— Quel est donc le lien entre vivre et te suivre ?

Il me relâche, m'efforçant à lui faire face.
— Parce que c'est soit tu restes et tu meurs, ou soit tu me suis et tu vis. Je te laisse faire ton choix.

Ses yeux sont ternes, mensongers, provocants et transperçants. Il ment. Il se joue de moi. Il se moque de moi.

Alors pourquoi, pourquoi lorsque toutes les preuves destinees à me pousser à m'enfuir me rapproche de lui ?

Pourquoi tout ce cirque me plaît ?
— Ai-je réellement le choix ?

Ses lèvres s'étendent en un sourire narquois, l'air de dire que tout va en son sens.
— Pas vraiment. Peu importe ton choix, au final. Le mien l'emportera. . . Moi, je veux que tu vives.

La situation est si improbable que je ne sais pas quoi en penser. Qui écouter ? Moi et mon désir refoulé de m'enfuir ou bien lui et cette ardeur qu'il prouve aujourd'hui ?
— Une heure, je dis, tu as une heure pour tout m'expliquer. Rien me cacher. Pas de mensonges.
— Aucun, murmure t-il, aucun.

Il s'empare alors de ma main et m'ouvre ensuite la portière.
Peu importe ce que l'avenir me réserve. Mon choix. Ce sera mon choix. Et celui de personne d'autre.

***

— Tu as faim ? demande t-il.
— Non.
— Tu as froid ?
— Non.
— Tu es sûre ? J'ai un pull ou une couverture si tu-. . .
— Ça ira.

L'atmosphère est. . . tendue. Au bout d'une trentaine de minutes il m'a emmené dans cet endroit qui semble être son appartement. Elle est à son image, sombre et plutôt macabre.
Je jette un coup d'oeil à mon téléphone. Deux heures trente et une du matin. La fatigue se fait ressentir et je baille continuellement.
— Bon, dis-je las, tu te mets à parler ?

Il revient de la cuisine et dépose deux verres.
— Je pensais t'avoir déjà tout expliqué, soupire t-il.
— Tout ? Que tu es un garde du corps et que tu dois traquer les agresseurs de Dave ? Que Liam est un traître et un complice de ces derniers ? Que tu as essayé de te rapprocher de moi pour récolter des informations sur lui ? Laisse moi rire.
— Je sais bien que ce n'était pas la meilleure façon d'en savoir plus sur lui, dit-il.
— Tu m'étonnes ! Comment voudrais-tu que Liam m'informe d'une quelconque affaire "ultra secrète et dangereuse" ?
— Le but n'était pas celui-là. Je devais savoir ses horaires, son entourage, ses occupations. Le détruire peu à peu à travers ses passions.

Son ton de voix est menaçant, glaçant et pourtant il parle avec une certaine ardeur qui me laisse pantoise.
— Je n'ai pas réussi, poursuit-il, parce qu'ils m'ont pris à mon propre piège, j'ai voulu le détruire par le biais de ses désirs les plus forts et finalement c'est eux qui parviennent à acquérir mes propres désirs.
— Je ne comprends pas, comment. . .
— Tu es apparue, et au lieu de me servir de toi à bon escient, j'ai appris à te connaître toi au lieu de Liam, j'ai appris à te connaître sous tes moindres facettes avec mon propre coeur.
— Comment voudrais-tu que j'y crois, je-. . .
— Pas de croire, Allys, ne me crois pas si ça te chante. Déteste moi si ça te permets de t'éloigner ensuite, mais je suis incapable de te laisser seule. Je suis incapable de te laisser à leur merci parce que même si ce que je te dis ne te semble pas plausible, je sais ce que tu risque en sortant d'ici.

À Travers Nos CœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant