À Travers Nos Cœurs

Chapitre 18

"Je crois bien que ce soir tu es ma femme, Princesse."

Ses pupilles se dilatent tandis que ma prise sur sa hanche se raffermit. Me voilà satisfait d'analyser chacune de ses expressions avec rigueur.

L'instant prend fin en laissant un arrière-goût amer lorsque son téléphone retentit une fois encore.

Je ravale ma déception et je nous présente brièvement à nos hôtes, conscient de ne pas être aussi bienveillant que je ne l'aurais voulu.
À cause de la gêne qui suit, les proches parents de Dave nous souhaitent une agréable soirée et s'en vont.

— Combien de fois t'ai-je dit d'éteindre ce téléphone ? Je demande en chuchotant.
— Pour ton information ; jamais. Ravie de savoir que cette sonnerie te dérange, je vais augmenter le volume.

Elle va finir par me tuer.

— Voyons, Eden, la personne derrière son téléphone pourrait être en train de mourir. Comment pourrai-je ne pas décrocher ?
Son sourire taquin ravive aussitôt ma bonne humeur.

Entre-temps, je reçois quelques brefs messages d'Henrik, m'informant qu'il s'assure de la protection de Dave. Je perds patience lorsqu'il oublie de jeter un œil à Reese.
Enfin bon, ce gosse est bien plus en sécurité autour d'une bande d'inconnus qu'avec son père.

— Tu ne me fais pas danser ? Demande Allyson, un verre de vin rouge à la main.

Je devine qu'elle a bu plusieurs verres au vu de son teint désormais rosit. Quelques mèches de cheveux lui collent à la peau et elle se fait du vent à l'aide de sa main libre.
Elle regarde la salle animée et à mon tour, j'observe les ondulations parfaites de ses cheveux.

Reste concentré. Pas ce soir. N'oublie pas Dave et Reese.

— Désolé mais pas ce soir, Princesse.

Elle souffle et repose son verre presque brutalement sur la table-service. C'est probablement la première fois qu'elle s'irrite aussi vite en ma présence.
— Ne m'appelle pas comme ça.
— Cela te dérange ?

Je n'ai droit à aucune réponse si ce n'est son regard fuyant.
— Je prends cela comme un non.
— Ce n'est pas la question dit-elle finalement.
— Quelle est la question alors ?
— Emmène moi danser. Comme les autres.
— Pourquoi ?

J'adore la faire tourner en rond, la voir en rogne. J'adore admirer ses traits se déformer de colère, d'irritation, de joie. De désir.

— Tu m'as emmené à un bal, non ?
— Oui.
— Pourquoi ne pas danser alors ?

Car tu risques de me faire perdre la tête et malheureusement pour ce soir, j'ai besoin de l'avoir toute entière.

— Très bien dit-elle en perdant légèrement l'équilibre, je vais me chercher un autre cavalier.
— Ton idée me semble douteuse. Ça paraît un peu désespérée d'aller chercher ton cavalier par toi-même.
— Tu as raison. Il viendra à moi par lui-même.
— Tu crois ça ? Alors que je suis là ?
Elle attrape ma main à ma plus grande surprise, me lâche un « garde moi cet objet de malheur » et y dépose son téléphone.
— Oh oui, et ce n'est qu'une question de distance.

Elle illustre ses propos en s'éloignant de moi. À quelques mètres d'où je suis, je parviens à lire sur ses lèvres « Il ne va pas tarder. »

Elle joue de ses charmes, elle est persuadée qu'elle plaît et que quelqu'un viendra inévitablement à elle.