Chapitre 4

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Assis sur le siège de ma voiture, je laisse mon interlocuteur répondre.
- Juliano ?
Je souris, peu fier pour être honnête.
- Tu savais que c'était lui mais tu n'as rien dit, hein ? J'enchaîne sur le vif.

J'entends l'homme à l'autre bout du fil soupirer :
- N'est-ce pas mieux de découvrir les choses par soi-même ?
- Putain Simon, tu sais que je suis d'accord avec toi mais plus tôt tu me l'aurais dit, plus tôt j'aurais pu tracer les gars avec lesquels il bosse.
- Écoute, je te l'ai déjà dit : pas de précipitation. Les choses viennent à leur temps, tu es personne pour les faire avancer et encore moins pour les faire bouger.

Cette fois c'est à mon tour de soupirer, et de frustration.
- T'as un plan j'espère ? Parce que je t'avoue que j'ai aucune envie de réparer les pots cassés et que je n'ai absolument pas le désir de t'aider une fois que tu seras dans la merde.

Il rit. Un rire franc. Un rire qui veut dire qu'il sait. Qu'il sait pertinemment que je mens.
- A qui tu veux mentir, là ? Finit-il par dire.
Je souris aussi, à contre cœur mais je reste silencieux.
- Juliano... j'en ai aucun.
- Aucun quoi ?
- Aucun plan.

Je relâche ma tête en arrière presque désespéré. Le téléphone dans une main, ma tête dans l'autre.
- Tu te fous vraiment de moi, là.
- Mais tu pourrais commencer par surveiller ses horaires, le suivre, voir son entourage... Je ne sais pas, c'est ton travail, ça.
- Mon travail c'est toi qui me le donne, espèce d'idiot.
- Je ne crois pas que c'est de cette manière qu'on s'adresse habituellement à son patron.
- J'en viens à me demander qui est le patron.
- J'aimerais que tu récoltes un maximum d'infos sur lui, même les plus subtiles, d'accord ? Poursuit-il en revenant sur le sujet principal.
- Et comment tu veux que je m'y prennes ?
- Tu t'approches de lui et puis basta.
- Comme s'il me faisait confiance, j'y crois pas, tu crois vraiment que j'vais avoir tout ce que je veux de lui ?

C'est clairement du délire.
Enfin bon.

À moins que...

PDV Allyson

Il est à noter que la chance n'est absolument pas de mon coté ces derniers temps et ce, particulièrement depuis hier et depuis son arrivée.
J'enchaîne les journées pleines, les échanges de classes entre des maternelles agités et des primaires tout autant excités.
Il sont tellement vivants que c'en est effrayant.

- Ce gars est complètement taré, sérieusement. Sa vie ? J'en ai clairement rien à cirer Je marmonne à moi-même, cliquant machinalement sur les touches de mon clavier téléphonique.
Et puis, très clairement, qui vient déposer un gosse en costard ? Qui de nos jours travaille encore dans cette tenue ?
Ce qu'il peut se montrer arrogant celui-là...
- Oh mais tiens ! Qui je croise donc de nouveau ?

Mon cœur sursaute d'effroi et instinctivement ma main vient se reposer sur mon coeur.
- Oh mon Dieu...
Je laisse échapper un soupire, prise de court.

Il suffit maintenant que je pense à lui pour qu'il apparaisse face à moi ? Pincez-moi, je rêve !
- J'y crois pas ! Vous m'avez suivi ? Je l'accuse du doigt.
- Quoi ? Moi ? Non, enfin. Je me baladais puis je vous ai vu et je me suis dis qu'avec toute la sympathie et le respect que je vous dois, il me serait naturel d'aller vous saluer.

Mon cœur sursaute toujours de peur et je regarde plusieurs fois autour de moi, me questionnant réellement sur ces propos.
Le destin, peut-être ?

À Travers Nos CœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant