CHAPITRE 21

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MARS 2023 :

Dans le hall du bâtiment principal, je me tiens debout, adossée contre le mur. Je regarde frénétiquement les gens aller et venir au lycée. Essayant de me faire penser à autre chose, de me distraire, mais rien n'y fait. Cette boule croissante dans mon estomac ne cesse de se tordre dans tous les sens, de plus en plus. J'ai un goût amer dans la bouche, j'ai tellement peur.

Dans quelques minutes je serai assise dans une salle immense remplie d'élèves tous séparés les uns des autres. Une copie sur la table pour simple décoration. Le bac blanc de français a été ma hantise ces derniers temps, mais je ne peux plus repousser ce moment car c'est aujourd'hui.

J'ai la tête qui tourne, j'ai l'impression que le sol bouge sous moi. Je me redresse un peu contre le mur, je m'appuie encore plus contre celui-ci pour ne pas perdre mes appuis. Mes mains tremblent, ma respiration est rapide et saccadée.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait de crise d'angoisse, un an que je n'avais pas eu l'impression de me détruire sur place. Mais malheureusement je ne pouvais pas y échapper et je le savais. Je tente tant bien que mal de garder mon calme.

Je pose une de mes mains contre ma poitrine comme pour vouloir l'apaiser tout en reprenant mes appuis. Voir les gens autour de moi tout aussi agités n'arrange en rien les choses, mais je n'ai rien d'autre à regarder et je ne peux pas m'en aller d'ici, ce n'est que dans quelques minutes.

Je tente en vain de regarder dehors, à travers les vitres qui se trouvent à quelques mètres de moi. Mais encore une fois je ne vois que des élèves agités. Je ferme alors les yeux, essayant l'ultime méthode, me mettre dans le noir, voir des images qui m'apaisent dans mon esprit.

J'en défile plusieurs avant de finalement tomber sur une image d'Aurore, je la vois là en face de moi me regardant tendrement avec son plus beau sourire, celui qui apaise tous mes maux, tous mes chagrins. Mon cœur s'allège un peu alors que sa voix résonne dans ma tête : "Ne t'inquiète pas Julie, tu vas y arriver, tu es capable de réussir." Me disait-elle. Alors, mes tremblements cessent légèrement eux aussi.

Mais je reviens doucement à la réalité, les yeux toujours fermés j'entends à nouveau le brouhaha des élèves autour de moi qui résonne dans le bâtiment. J'ouvre les yeux et je tourne la tête légèrement en regardant l'entrée d'un couloir. Doucement, alors que mon stress commençait à ressurgir, une femme sort de ce couloir et tourne la tête directement vers moi, Aurore.

Ses yeux rencontrent alors les miens. Je ressens alors de nouveau cette tension, cette chaleur en moi, mon cœur tambourine dans ma poitrine de plus en plus fort. Les yeux d'Aurore s'écarquillent légèrement, sa bouche s'ouvre légèrement et elle tourne vivement la tête à l'opposé, comme paniquée. Elle brise alors ainsi notre contact visuel.

Je la vois accélérer le pas, alors qu'elle se frotte les mains rapidement, comme stressée. Est-ce ma présence qui lui cause autant d'embarras ? Je ne sais pas.

Je la regarde monter l'escalier, elle se fraie un chemin entre les élèves et arrive près du bord de l'escalier. Arrivée au milieu de celui-ci, elle tourne à nouveau la tête vers moi et un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres avant qu'elle ne disparaisse derrière la bâtisse.

La sonnerie retentit dans tous les bâtiments, il faut que je me rende à mon épreuve. Mais comme par miracle, je suis plus allégée, c'est donc le cœur moins lourd et la respiration plus calme que j'arrive devant ma salle d'examen où attendent d'autres élèves.

Nous rentrons tous un par un dans la salle, je suis placée au devant de celle-ci. Cela me rappelle des souvenirs, je regarde derrière moi à une certaine place qui est vide. Mais je la rempli d'un souvenir précieux, ma première dissertation. Ce jour a été tellement intense en émotion.

𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑎 𝑝𝑟𝑖𝑠 𝑚𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑒𝑢𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant