Fables de La Source ✓

La Chèvre et le Poulet aux graines d'or

Il était une fois

Dans un petit endroit

Une belle chèvre au poil soyeux

Qui vivait un rêve heureux

Dans une petite maison d'antan

Au milieu d'un bois et à côté d'un étang.

Miss Chèvre, car tel était son nom,

Exerçait comme herboriste en compagnie de ses flacons,

Se nourrissait d'herbes et d'eau fraîches

Et se levait tôt le matin avec sa bêche

Afin de collecter des plantes,

Qu'elles soient gluantes ou hallucinantes,

Pour les vendre sur le marché

Et en tirer quelques deniers.

Un jour, alors que Miss Chèvre marchait sur le chemin,

Elle assista à un véritable spectacle de vilain.

Un pauvre poulet, tout déplumé,

Par des crapauds en haillons était persécuté.

Miss Chèvre, sans aucune hésitation,

Se jeta dans l'action,

Et de quelques coups de sabots

Fit fuir les mendigots.

Une fois les lascars au loin,

Le jeune poulet remercia la chèvre de son coup de main :

« Merci Miss, je ne sais ce qui aurait pu m'arriver,

Si ces malandrins m'avaient dépouillé de toutes mes plumes colorées.

Pour vous remercier, laissez-moi vous offrir mon trésor,

Dans ce petit coffret reposent des graines en or ».

Et sur ces mots, Mr Poulet partit poliment

Se mettant à danser joyeusement

« Claquettes et poulettes » chanta-t-il allègrement

Au loin en disparaissant.

Miss Chèvre, perplexe devant cette rencontre étrange,

Récupéra tout de même la boîte et retourna dans sa grange.

Dans sa petite maison, elle ouvrit l'objet

Et en extirpa les graines dorées.

Miss Chèvre décida alors de les planter

Juste sous sa fenêtre, près de son pommier.

Néanmoins,

Dès le lendemain,

Miss Chèvre fut réveillée par du fracas.

Elle courut jusqu'à sa vitre et s'affola

En apercevant le carnage dans son jardin.

Nombre de truands saccageaient ses plantes avec des gourdins,

Pillant, brûlant, dégradant, ravageant

Et tentaient par-dessus tout de récupérer, en persistant,

Le tronc de l'arbre d'un doré scintillant,

Issu des graines de la journée d'avant.

Miss Chèvre secoua la tête et ramassa toutes ses affaires

Dans un grand coffre de bois vert

Avant d'abandonner sa maison,

En direction de la frondaison,

Ignorant le tumulte insupportable.

Cette morale, bien qu'improbable,

Vous fera facilement comprendre, mes chers lecteurs,

Qu'à la bonne heure,

Il ne faut jamais accepter les cadeaux des inconnus

Surtout lorsque ceux-ci sont tout nus. 

Célestin de La Source