Une musique légère et douce dansait dans l'atmosphère de la pièce, virevoltant comme une agréable brise aux oreilles des convives, peu nombreux. Leurs rires et leurs éclats de voix bruyants portaient jusqu'à l'extérieur, les fenêtres du balcon grandes ouvertes sur les jardins. Une silhouette, loin du vacarme environnant, s'était exilée près de la balustrade, un verre de champagne dans la main, le regard perdu dans le lointain.
Une autre ombre se dessina dans le cadre de la porte, s'étirant avec la lumière du crépuscule. Elle finit par s'approcher et placer un bras autour du cou de son homologue, lequel le retira comme on eût touché une braise ardente.
« Célestin, l'interpela l'homme aux cheveux blonds qui avait été repoussé, ne vous isolez point dans votre coin telle une âme damnée. Venez nous rejoindre.
- C'est bien aimable, rétorqua le dénommé Célestin, mais je me vois obligé d'écarter votre proposition, Jean.
- Pour quelles raisons ? Notre cher ami l'archiduc n'arrivera point avant demain matin, insista le vicomte tout en sirotant son verre de vin rouge, il est inutile de vous morfondre, réjouissez-vous plutôt !
- Avec toute l'amitié que je vous dois, je décline à nouveau votre proposition, réfuta poliment le jeune comte.
- Comme vous voudrez cher ami Célestin. Prenez le temps de nous rejoindre lorsque vous vous serez décidé », enjoignit monsieur de La Hagne avant de remettre son monocle en place et de retourner à l'intérieur.
Le jeune homme soupira lourdement au départ de son ami, se retrouvant à nouveau seul devant un ciel, nocturne dorénavant. Les étoiles scintillaient discrètement dans la voûte céleste alors que la lune éclairait faiblement la terre.
Le noble se ravisa finalement, la brise fraîche de la nuit le poussant à retourner dans le salon où les bougies servaient de source de lumière, posées sur les immenses chandeliers.
« Célestin, votre mine est fort grise, remarqua une femme aux cheveux noirs, dans une longue robe rouge, un éventail dans ses mains, des perles ornant sa chevelure.
- Je le sais, Dame Anne, Jean me l'avait d'ores et déjà signifié, répliqua le comte en reprenant un autre verre de champagne.
- Que vous êtes pittoresque cher ami, rit la marquise, alors que le concerné roulait des yeux en haussant des épaules, avant de se recentrer sur l'autre personne, mais Célestin, quelle est donc cette chose qui vous tracasse l'esprit et vous rend si morne ?
- Ce n'est rien Dame Anne, rien qui soit en votre pouvoir, soupira son interlocuteur en contemplant l'alcool dans sa coupe en cristal, entortillant une de ses mèches autour de son doigt.
- C'est assurément en lien avec l'absence de Monsieur de Foreloin, gloussa le noble aux cheveux blonds.
- Ooooh, Monsieur de la Hagne, ne soyez point aussi coquin, renchérit la femme alors que le vicomte recevait un regard noir de la part de son pair.
- Je jure de ne déclarer la vérité et rien que la vérité très chère, promit celui-ci.
- La vérité qui ne sort qu'au doux fumet du vin, rétorqua hargneusement Célestin, à quel verre en êtes-vous mon cher ?
- Hélas, mon ami, je crois que l'arithmétique n'a jamais été mon fort, affirma le blond avant de boire son verre en entier, ce que je sais nonobstant, c'est qu'il ne s'agira pas du dernier ».
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Fables de La Source ✓
PoesíaCeci est un recueil contenant notamment plusieurs fables inspirées du style de La Fontaine, mais également des chapitres relatant la vie du fabuliste, Célestin de La Source. Plongez ainsi au cœur d'une France entre un 17ème et un 18ème parallèles...