Les faiblesses du cœur

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Dans la noirceur nocturne, il se leva, ignorant l'âme endormie à ses côtés. Il se déplaça à pas de loup, se dirigeant vers une pièce adjacente. À son bureau, entouré d'armoires craquant sous le poids important des livres poussiéreux à la couverture usée, il s'assit et alluma la bougie, dont la cire fondait à vue d'œil. Il se saisit d'une plume, de la même couleur que le ciel de minuit et que l'encre qui coulait à flot sur le papier.

C'est dans l'obscurité de la nuit,

Que ma flamme le plus luit.

L'inspiration s'empare de mon être,

Là où mes doigts glissent au milieu des lettres,

Et je me mets à écrire avec une telle ferveur

Que j'en prendrais presque peur.

Existe-t-il une porte de sortie

Ou dois-je sombrer dans l'oubli ?

Ne puis-je pas vivre sans cette terreur qui hante sans cesse mes pensées,

Qui me dévore le cœur et l'esprit jusqu'à me forcer

À en perdre la tête,

Et à me fracasser le crâne contre des assiettes ?

Dois-je vivre ainsi toute ma vie

Dans cette profonde angoisse, sans accalmies... ?

La pire des choses serait que je sois amoureux,

Pourquoi donc dois-je aimer la mauvaise moitié des deux ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Certaines lettres se répandirent sur la feuille, l'encre noircissant et coulant telles les larmes qui pleuvaient sur le papier blanc comme un amour innocent. La plume s'effondra sur le reste, gâchant l'écriture élégante, la transfigurant alors en une calligraphie altérée et déformée, à l'image de son propriétaire. Celui-ci se pencha sur son écritoire, secoué de soubresauts, seuls ses pleurs silencieux résonnant dans la pièce. Les rayons de la lune se déversèrent imperceptiblement, à travers les carreaux de la fenêtre, dans le salon, unique témoin de sa souffrance et de la douleur de son cœur. 


Célestin de La Source

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