Depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, Morrigan a toujours vécu seule dans les contrées sauvages, allant là où le vent décidait de l'emmener. Elle a traversé vents et marées, visité une grande partie de Promathaer, si bien qu'elle en connaissait ses plus grands dangers.
De sa vie solitaire et vagabonde, elle dût apprendre à chasser et à traquer ses proies dès son plus jeune âge, manier différents types d'armes afin d'être un peu plus polyvalente, repérer le moindre piège que lui présentait la nature.
Nombreuses furent les créatures qu'elle terrassa, certaines plus dangereuses que d'autres. Elle connaissait la plupart des êtres peuplant Promathaer, ce qui était vraiment utile pour braver, ou éviter, le moindre danger.
Cependant, à trop se méfier de créatures prédatrices, elle en oubliait parfois que les êtres humanoïdes pouvaient ne pas être aussi charitable qu'elle. Un jour, elle fit la simple erreur d'être elle-même, d'être trop gentille et serviable auprès d'un être humain qui semblait de prime abord désemparé devant sa caravane écroulée, avec toutes ses marchandises éparpillées sur le sol. Morrigan voulut l'aider mais il s'agissait d'un bandit, instable et doublé d'un assassin. Avec sans doute un petit coup de pouce de la chance, elle se sortit de cette mauvaise rencontre vivante, mais y perdit un œil au passage. Depuis ce jour, elle tient une grande cicatrice à son œil droit et a perdu la vue de celui-ci. Aucune plante médicinale ne pouvait la guérir et durant cette longue période de cicatrisation, elle avait honte de son apparence. Elle aurait pu faire appel à la magie pour se soigner, mais elle en était dépourvue. Mais heureusement, au fil du temps, elle finit par apprécier cette marque, au point que parfois elle en jouait quand une personne inconnue lui posait des questions dessus. Il n'était pas rare qu'elle invente un récit grotesque et épique pour enjoliver la réalité.
De toute sa vie, jamais Morrigan ne s'est posée la question d'où elle venait. Elle s'était tellement acclimatée à sa situation que cela en était presque anecdotique. Elle savait qu'elle était le fruit d'une union entre une elfe et un humain, il n'y avait aucun doute là-dessus. Mais leur nom et leur visage, cela avait été effacé avec le temps, de la même manière que son esprit avait occulté la raison de sa vie dans les contrées sauvages. Elle a abandonné cette quête de soi car cela n'avait plus aucune conséquence sur elle. Du moins, pas parmi ce dont elle avait conscience.
Pour une raison qui lui échappait, elle évitait toujours les grandes villes, mais plus particulièrement Aubétoile, à l'ouest du continent. L'explication la plus simple serait de dire qu'après des années à vivre en solitaire, la seule idée de se mêler aux habitants d'une aussi grande cité, avec toute cette agitation et ce brouhaha ambiant, était rebutante. Mais au plus profond d'elle, elle sentait qu'il y avait bien plus que cela, d'autant plus que cela n'arrivait que lorsqu'elle était aux abords d'Aubétoile, mais jamais près de Lazavik.
On pourrait croire qu'à vagabonder pour toujours dans la nature, Morrigan n'a jamais eu d'attache quelconque avec qui ou quoi que ce soit. Mais cela était faux.
Un jour brumeux de la fin de l'automne, elle marchait dans une clairière humide et marécageuse aux abords de la rivière qui longeait la forêt maudite. L'atmosphère était pesante, angoissante et l'instinct de la jeune femme lui dictait qu'un danger était tout proche. Elle en avait vu les signes : des remous dans l'eau anormaux, des cris étranges semblant venir de nulle part, mais surtout des oiseaux annonciateurs de mort qui volaient en cercle. Avec tous ces signes, Morrigan devina sur quoi elle allait tomber. Ses doutes furent confirmés très vite.
À quelques dizaines de mètres devant elle, il y avait là la source de ces signes et cette ambiance lugubre. Un cheval noir ébène à la crinière d'une couleur terne, d'un vert sombre et algueux se tenait là, allongé sur la rive, épuisé, la respiration lourde et rauque. Ses crins étaient mouillés, et ce même si sa peau avait l'air complètement sèche. De là où elle était, Morrigan arrivait quelque peu à distinguer la gueule de l'animal, qui était sertie de dents pointues, et même ses sabots qui étaient tournés à l'envers. Elle n'avait plus aucun doute sur la créature qui se trouvait devant elle : un kelpie. De chevaux meurtriers, extrêmement dangereux qui tuait et dévorait tout malheureux qui croisait leur chemin, les emmenant se noyer dans les rivières ou les lacs dans lesquels ils résidaient. Devant ce monstre, son estomac se noua. Elle se dit qu'elle ferait mieux de se faire discrète au risque de finir noyée dans cette sombre rivière et servir de repas. Cependant, elle remarqua quelque chose d'étrange. Le comportement de ce kelpie était particulier. Il ne semblait pas pouvoir bouger. Morrigan s'attarda un peu plus sur la respiration de ce dernier. Ce n'était certes pas un cheval ordinaire, mais elle avait déjà vu quelque chose de similaire chez eux. Il était blessé, voire presque à l'agonie. Si rien n'était fait rapidement, il allait y rester, puisque quand un cheval décide de s'allonger dans un moment pareil, cela signifiait qu'il savait sa fin proche.
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RP Fantasy [FR]
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