Sinistre Nuit

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Voilà quelques jours maintenant que Morrigan vivait au sein du camp des Khmô. Grâce à leur générosité, elle avait pu reprendre les forces qui lui manquaient. Elle avait également eu de moults occasions d'observer ces gens et plusieurs questions lui traversaient l'esprit : qui étaient-ils exactement ? Pourquoi vivaient-ils comme s'ils étaient en cavale ? Pourquoi une soit-disante princesse vivait en nomade ? De nature curieuse mais prudente, elle n'avait pas encore osé leur demander des réponses, mais elle pouvait très bien vivre au sein d'un camp de meurtriers fou furieux pour ce qu'elle en savait, alors elle décida de se lancer.

S'il y avait bien une personne ici qui pouvait répondre à toutes ces questions, c'était sûrement celle qui l'avait autorisée à rester, à savoir la fameuse princesse Kementari. Alors, elle alla demander à quelques-unes de ses servantes qui semblaient mal à l'aise, où elle se trouvait et si elle pouvait lui accorder une audience.

Morrigan patientait en observant de vieilles femmes tisser des vêtements, lorsque l'une des servantes revint la trouver. Elle lui indiqua qu'elle devait la suivre. Elles se faufilèrent entre les tentes jusqu'au abords du lac, et continuèrent à longer celui-ci. La jeune femme aperçut au loin Kementari dévisager amèrement la surface lisse de l'eau. La servante s'arrêta net esquissant une révérence avant de faire demi-tour aussitôt, laissant Morrigan en plan. Elle se retourna sans bien comprendre, observant la servante prendre ses jambes à son cou. Puis elle pivota pour continuer d'avancer vers la princesse. Celle-ci ne lui accorda aucun regard, toujours perdue dans ses pensées.

- Princesse ? interpella Morrigan.

Kementari tourna la tête lentement, sans répondre et les sourcils froncés. La demi-elfe se râcla la gorge.

- J'oser espérer que vous pourriez répondre à quelques questions, si cela ne vous dérange pas ?

- Tu me déranges, répondit-elle sèchement.

- Oh... reprit la jeune rousse décontenancée par cette réponse amère.

Kementari souffla légèrement avant de lui indiquer qu'elle pouvait s'assoir, cela l'amusait tout particulièrement de ne pas se montrer sympathique avec la jeune femme.

- Je t'écoute Orrigan le farfadet, elle esquissa un sourire en voyant les vêtements de couleur verte de la jolie rousse.

La chasseuse leva les yeux au ciel. Décidément, cette princesse ne loupait aucune occasion de l'humilier. Cependant, elle garda ses commentaires pour elle-même. Au vu de son comportement général, elle se dit qu'il ne valait mieux pas trop la contrarier.

- Tout d'abord, j'aimerai savoir d'où vous et votre peuple venez. Je sais que vous n'êtes pas originaires de cette région, malgré ce que vous pouvez en dire. Je connais assez bien le coin pour savoir que ce territoire n'appartient à personne. Alors ? Qui êtes-vous exactement ?

Kementari patienta un moment, cherchant les mots appropriés, Morrigan crut bien qu'elle ne répondrait jamais. Elle finit par lui expliquer qui était son peuple, quelle était leur histoire et celle de ses ancêtres. Elle lui expliqua tout, et Morrigan notait soigneusement chaque parole dans son esprit. Tout devint soudainement très clair et elle comprit alors beaucoup de choses.

- D'accord... Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Comprenez-moi, je dois bien savoir à qui j'ai à faire.

La jeune femme s'inclina légèrement vers l'avant avant de prendre congé. Cependant, elle s'arrêta au milieu de sa course alors qu'une dernière question se posa dans son esprit.

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