RP Fantasy [FR]

L'héritière

Le soleil brillait haut dans les cieux dégagés de l'île de Pondragon. Une petite brise vint faire virevolter les longs cheveux blonds de la princesse Sylwanin qui somnolait dans l'herbe fraîche, à l'ombre d'un grand noyer situé tout près de la rivière étincelante.

Le palais grouillait sans doute de soldats à sa recherche en ce moment même. Ses parents souhaitaient qu'elle se concentre un peu plus sur son rôle de future héritière mais la jeune femme n'en avait que faire.

Intriguée par le bruit familier d'un battement d'ailes puissantes, Sylwanin leva les yeux et découvrit son dragon, Vermithrax, à la couleur bleu saphir surgissant de la couche nuageuse. Elle l'observa survoler la rivière et s'en retourner auprès des siens, dans les montagnes.

- Ce n'est pas prudent pour une princesse de rester seule dehors, déclara calmement une voix dans le dos de Sylwanin.

Elle se redressa à la hâte, connaissant bien cette voix. C'était celle d'un jeune homme, ou en réalité, c'était la voix de la source de tous les problèmes de la cité de cendres.

Dragonnier impétueux et arrogant, il ne cessait de prendre un malin plaisir à tourmenter la princesse, en se moquant de son titre, en riant de son dragon bleu, ou encore en l'attirant toujours dans de grands ennuis.

- Aemond...
- Princesse, railla-t-il de sa voix grave, moqueur.

Le regard acéré, son œil gauche était dissimulé derrière un cache œil noir, c'était là le triste résultat d'une bagarre au couteau durant laquelle il perdit son œil et l'ayant désormais remplacé par un saphir étincelant.

Sylwanin était toujours nerveuse, presque inquiète en sa présence écrasante.

- Tout le monde vous cherche là-bas, dit-il en s'approchant lentement.

- Cela m'importe peu, soupira-t-elle.

- Oui que cela doit être éreintant toute cette richesse, ces privilèges... ironisa le dragonnier.

- Vous ne pouvez le comprendre.

- Oh ça c'est certain.

Il était maintenant tout près d'elle, la détaillant avec minutie, jugeant sa silhouette menue dans cette robe, ses cheveux blonds tombant en cascade sur sa poitrine. Doucement, il se pencha vers elle et vint s'approcher de son oreille, faisant frissonner la jeune femme.

- Cette couleur ne vous met guère en valeur, déclara-t-il dans un chuchotement. Je vous préfère noir ou encore... en rouge.

- Vous êtes très inconvenant, s'indigna Sylwanin qui semblait encore pouvoir sentir le souffle chaud sur sa nuque.

Il se mit à sourire.

- Rentrez dans votre palais princesse, suggéra-t-il en se redressant. Votre mère se fait un sang d'encre.

- Je veux encore profiter un peu de ce moment de calme que vous êtes venu troubler.

- Quel entêtement...

Elle se retourna en direction de la rivière et de ses pieds nus, se mit à avancer vers celle-ci.
Les yeux rivés sur la silhouette de la princesse, Aemond s'était adossé à l'arbre et observait ses faits et gestes en silence, savourant pleinement la vue qui lui était offerte. La jeune femme finit par atteindre la rive. Tête haute, le dos droit, ses formes moulées par le tissu de sa robe. Sa silhouette était indéniablement agréable à contempler.

- Je ne viendrai guère vous chercher s'il venait à vous arriver malheur, lui indiqua-t-il en un mensonge bien dissimulé.

- Je n'en attendais pas moins de vous, répondit-elle. Mais Vermithrax viendrait lui et c'est tout ce qui importe.

- Cette créature à peine adulte que vous osez appeler dragon ?

- Surveillez vos mots...

- Il est bleu.

- Et ? Il n'a peut-être pas la puissance du vôtre mais il doit encore grandir, et apprendre. Je ne tolérerai plus vos moqueries à son sujet.

- Bien, votre altesse.

- Ne m'appelez pas comme ça...

- Hâtez-vous, voulez-vous ? J'ai encore à faire.

- Rien ne vous empêche de vaquer à vos occupations dragonnier, répliqua-t-elle en s'enfonçant encore plus dans l'eau.

Aemond serra la mâchoire en la voyant avancer davantage. Elle lui tapait sur les nerfs. Pourquoi était-elle si entêtée ?

- Si, vous m'y empêchez, prononça-t-il volontaire d'une voix basse afin qu'elle ne puisse l'entendre.

- Qu'avez-vous dit ? Héla-t-elle en se tournant vers lui.

- Je dis que si quelqu'un nous surprend ici, nous aurons de gros ennuis car ils penseront que je suis à l'origine de cette idée stupide.

- Je prendrai votre défense.

Elle s'immergea entièrement dans l'eau limpide et fraîche de la rivière, savourant toutes les sensations que ce bain lui procurait. Elle prolongea ce doux moment encore quelques instants avant de se rendre à l'évidence, il fallait qu'elle rentre au palais, avant que ses parents ne fassent voler tous les dragons à sa recherche.

Aemond disparut comme à son habitude, s'en retournant arpenter les ruelles de la cité.