Les Aventures d'Hortense Deal Tome 4 Péril à Poudlard

Chapitre 12: La faillite du fabricant de balais

Hortense n'avait pas terminé ses courses de Noël. Les cadeaux de Grand-mère Deal et de son père avaient été emballés et n'avaient plus qu'à être déposés sous le sapin, le soir de Noël. A Pré-Au-Lard, elle avait acheté une boîte de caramels pour sa mère, mais elle comptait lui offrir autre chose. Pour Bryan, elle avait demandé à son père qu'il achète dans une librairie moldue quatre livres d'Agatha Christie. Son meilleur ami avait terminé la lecture de Mort sur le Nil et mourrait d'envie de découvrir les autres enquêtes du détective belge. Cet après-midi sur le Chemin de Traverse serait donc consacré à la recherche d'un second cadeau pour sa mère. N'ayant rien vu de particulièrement attrayant à la boutique Gaichiffon de Pré-Au-Lard, elle espérait trouver son bonheur dans celle de Londres.

Au moment où Hortense et Bryan prenaient leur petit-déjeuner dans la cuisine, Mrs Deal vint les trouver et leur annonça que Mrs Tonks et sa fille – l'amie des deux adolescents – se joindraient à eux.

- Nom d'une gargouille ! s'exclama Hortense qui n'était que joie.

- Surveille ton langage, jeune fille ! dit sur un ton réprobateur Mrs Deal, les poings sur ses hanches.

- Je ne savais pas que toi et la mère de Tonks vous vous écriviez, dit Hortense qui étalait sur son toast de la confiture de coing.

La mère d'Hortense n'avait pas beaucoup d'amis en Angleterre. Ses fréquentations se résumaient à sa clientèle et à sa famille. Parfois, il lui arrivait de recevoir les Wilson quand sa fille était présente durant les vacances. Athénaïs Deal avait emménagé en Angleterre au début de l'année 1982, car sa belle-mère avait désiré retourner vivre chez elle après la guerre. Son fils Jacob, qui vivait en France depuis le début des années 1970, avait éprouvé quelques scrupules à laisser seule sa mère dans le cottage familial. Katherina Deal n'aurait certainement pas supporté de retrouver la demeure, qu'elle avait partagée avec son mari et ses enfants, vide. Athénaïs avait donc accepté de suivre son époux dans un pays qu'elle connaissait peu. La langue anglaise n'avait jamais été une barrière, car elle l'avait apprise durant son enfance. Mais la culture, si différente de son pays natal, avait été une épreuve, d'autant plus qu'elle s'était retrouvée dans une ville exclusivement peuplée par des Moldus.

Avant son arrivée dans le Kent, la mère d'Hortense n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'approcher de près des Moldus. Durant sa jeunesse, elle avait vécu dans un quartier de Paris exclusivement réservé aux Sorciers, mais aussi dans le manoir familial des Laurencier à Petits-Pois-la-Campagne, un village fondé par sa famille qui n'accueillait que des sorciers. Son adaptation à la vie anglaise et presque moldue avait été longue. Il avait fallu qu'elle apprenne à se vêtir selon les normes moldues - afin de ne pas ressembler une excentrique complètement dénuée de goût -, à se servir des monnaies moldue et sorcière de Grande-Bretagne, à faire ses courses chez l'épicier ou dans un supermarché, à circuler sans utiliser un balai, à échanger des banalités sur la météo ou la politique moldue en vigueur avec des personnes sans le moindre pouvoir magique, à conduire une voiture... Ces choses qui semblaient tout à fait normales à son époux et à sa belle-mère ne l'étaient pas pour elle.

Hortense, contrairement à sa mère, n'avait rencontré aucune difficulté à s'habituer à l'Angleterre. A son arrivée dans le Kent, elle n'était qu'une petite fille âgée de huit ans et demi qui avait longuement entendu les histoires que lui racontaient son père et sa grand-mère sur le pays dans lequel ils étaient nés, et qui était aussi le sien, bien qu'elle fût née de l'autre côté de la Manche. Son père lui avait d'ailleurs toujours parlé en anglais, et il en avait été de même pour sa grand-mère. Grand-mère Deal l'avait d'ailleurs instruite jusqu'à son arrivée à Poudlard en lui apprenant à lire et à écrire en anglais, les mathématiques, les sciences, l'Histoire et la géographie. Sa mère s'était chargée de son côté de l'apprentissage de la langue française.