Les Aventures d'Hortense Deal Tome 4 Péril à Poudlard

Chapitre 22: Un intrus à table

Charlie était assis dans sa salle commune et feuilletait son album. Après le petit-déjeuner, il avait prétexté vouloir réviser pour les examens à venir, mais il avait trouvé sous son lit – parmi d'innombrables rouleaux de parchemin qui prenaient la poussière – l'ouvrage que lui avait offert Hortense à son anniversaire. Les dragons le fascinaient depuis son enfance, et son rêve le plus cher était de pouvoir s'approcher de l'une de ces créatures. C'était un souhait dangereux, il le savait. Parfois, il se surprenait à penser que chevaucher un dragon était plus extraordinaire que piloter un balai. Charlie adorait le Quidditch, qu'il considérait comme le plus beau sport au monde. Durant sa deuxième année à Poudlard, le Gryffondor avait remporté le tournoi avec son équipe et il avait sérieusement envisagé de devenir joueur professionnel à la fin de ses études.

Sa troisième année passée à Poudlard avait été la plus terrible et la plus douloureuse. Privé de ses pouvoirs magiques, Charlie avait été dans l'incapacité de voler sur un balai pendant des mois. Il ne s'était jamais senti aussi seul que durant cette année où il avait cru qu'il n'avait aucun avenir. Ses amis et sa famille l'avaient soutenu, mais ils ne pouvaient pas comprendre ce que le jeune garçon ressentait au plus profond de lui-même. Cette triste année avait laissé des traces, des séquelles. Charlie en faisait encore des cauchemars la nuit. Il rêvait qu'il se réveillait sans aucun pouvoir magique, ou qu'il s'humiliait devant toute l'école en étant incapable d'exécuter le sort le plus enfantin.

Durant cette sombre période, les dragons avaient été son plus grand réconfort. Lire était l'une des activités qui ne nécessitaient pas d'avoir de la magie coulant dans les veines. Quand Charlie n'était pas en état d'affronter ceux qui se moquaient de lui, ceux qui le prenaient en pitié, il s'isolait et lisait des ouvrages sur les dragons à la bibliothèque. Beaucoup parmi les sorciers considéraient les dragons comme des monstres, des bêtes cruelles et dangereuses. Charlie, lui, était persuadé du contraire et ses lectures n'avaient fait que renforcer ce sentiment. Ces créatures étaient majestueuses, mais surtout incomprises. Il aurait aimé être un dragon pour propager le feu de sa colère sur Stone et Zabini, deux véritables monstres.

Charlie avait appris au cours du mois de mai que Stone avait été extradé aux Etats-Unis et qu'il avait été exécuté. Quant à Zabini, la Justice avait malheureusement été trop clémente avec lui. Le préfet en chef déchu avait été libéré au cours du mois d'avril, car le Magenmagot avait estimé que Zabini, bien que majeur, avait été manipulé par son professeur pour devenir le complice de ses crimes. L'ancien Serpentard n'était qu'un lâche aux yeux de Charlie, un poltron.

Quand l'heure du déjeuner sonna, Charlie ferma son album et se rendit dans la Grande salle pour manger en bonne compagnie. C'était le dernier dimanche de l'année, et Charlie espérait profiter de cet après-midi de liberté avec ses plus proches amis. Mais l'arrivée de Percy à table gâcha ses plans. Charlie n'était pas particulièrement proche de son petit frère, et ne parvenait pas à le comprendre. Son cadet était assurément un garçon très intelligent, car il était le meilleur élève de sa classe. Mais Percy manquait cruellement d'humour, et lui et Charlie ne partageaient pas le moindre centre d'intérêt. Percy détestait le Quidditch et n'avait jamais pris le moindre plaisir à enfourcher un balai. Percy ne comprenait pas également la fascination que pouvait avoir son aîné pour les dragons. Et Charlie n'avait – de son côté – jamais porté un grand intérêt aux lubies et manies de son frère. Quel genre d'enfant de sept ans trouvait distrayant la lecture des manuels scolaires de son frangin ?

À table, Percy s'installa naturellement à côté de Charlie et disserta pendant une bonne dizaine de minutes sur le remède contre les furoncles, qui avait de grandes chances de tomber à l'examen de potions des élèves de première année selon lui. Hortense, qui était pourtant une passionnée des potions, ne décrocha pas un seul mot. Charlie n'avait jamais aimé cette matière, mais il considérait que le remède contre les furoncles était certainement la potion la plus inintéressante qui pouvait exister. Il pensa que même Rogue – leur horrible professeur – serait mort d'ennui en écoutant Percy bavasser longuement sur ce remède.