Ne pas vivre dans le besoin, c'est la règle que je me suis fixée depuis que j'ai quitté le domicile familial. Enfin, si on peut appeler ce taudis comme tel.
Je m'appelle Lynn Brown, j'approche du quart de siècle et je suis directrice financière du grand institut de beauté "Beauty of the Soul" situé au sud de Los Angeles en Californie. Des clients fortunés et personnalités en vogue passent dans notre institut pour ressortir méconnaissables et profiter de divers événements médiatiques.
Je le sais, la beauté physique prend une place importante dans notre société que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle. C'est triste, mais c'est comme ça alors pourquoi ne pas en profiter ? Travailler dans l'esthétique a été mon premier choix. J'ai un atout physique remarquable que j'ai obtenu en travaillant avec acharnement. Grande, mince, le teint bronzé grâce à mes origines espagnoles, les yeux marrons claires, de longs cheveux bruns bouclés, je suis consciente d'avoir de la chance. Cela n'a pas toujours été le cas. De mauvaises personnes ont essayé de m'enlaidir comme ils le pouvaient mais depuis ma fuite, je suis devenue intouchable, presque insociable. Ma réussite, je ne la dois qu'à moi-même.
"Sois naturelle", "Ne prends pas la grosse tête", "Ne dépense pas tout", "Ne prends pas tes rêves pour une réalité"
Non. Laissez moi vivre comme je l'entends. Je veux profiter de chaque instant, rattraper ma jeunesse perdue et aller à l'encontre de tout ce que l'on m'a rabâché étant petite.
Il est 23h30 quand je sors de mon bureau. Je fais souvent des heures supplémentaires à cause de mon équipe qui n'est pas à la hauteur de mes exigences. Trop d'erreurs de chiffres me retardent ces derniers jours. J'aime avoir le contrôle alors je répares toutes les erreurs commises pour ne plus y penser.
La finance a été une révélation. Je me plaisais à travailler dans divers instituts dans le domaine de la coiffure, de l'épilation ou encore du maquillage. Pourtant, je ne me sentais pas dans mon élément. Je suis superficielle et je le sais mais cela m'ennuie. Je veux me sentir utile, avoir plus de valeur qu'une crinière bien coiffée et un teint parfait. Je veux TOUS. Après avoir passer mon diplôme à l'université de New York, j'ai décidé de me spécialiser dans le domaine qui rapporte le plus : les chiffres, la base de toute puissance. J'ai toujours été à l'aise avec eux et ils me le rendent plutôt bien.
Je n'aime pas rentrer tardivement chez moi. Malgré la renommée de l'institut, celui-ci n'est pas bien placé. Les quartiers du sud de Los Angeles sont réputés pour abriter des résidents vivant dans la pauvreté, créant de nombreux gangs et criminels en tout genre. Malgré le fait d'appeler un taxi tous les soirs pour rentrer dans mon appartement, je ne suis jamais sereine et toujours sur mes gardes, même avec les différents chauffeurs que j'ai pu croiser.
L'immeuble dans lequel j'habite est luxueux. Vitré de la tête au pieds, les lumières des appartements le traversant rendent ce bâtiment somptueux la nuit. Nos voisins le savent bien alors quelques personnes plus bizarres les unes que les autres s'installent devant espérant recevoir à l'entrée les dons des américains fortunés ne pouvant pas se cacher.
Ils m'énervent.
Arrivée à destination, je prends soin de laisser un pourboir au vieux monsieur qui est devenu mon chauffeur quotidien depuis quelques semaines. J'aime nos conversations et de savoir qu'il a travaillé toute sa vie comme un fou pour subvenir aux besoins de sa famille pour qu'elle ne manque jamais de rien m'émeut.
Lui au moins se bouge le cul. Pas comme vous.
- Bonne soirée ma petite beauté ! Fait attention en rentrant.
Le sourire du sexagénaire est chaleureux et bienveillant. J'acquiesce en lui rendant son sourire puis descend de la voiture. Je pose un pied au sol et une douleur aiguë apparaît derrière celui-ci. Je ne laisse rien transparaître devant monsieur Harinson qui démarre rapidement après que j'ai fermé sa portière pour rejoindre sa prochaine course.
J'examine la zone douloureuse en enlevant mon talon.
- Aïe !
Le frottement de la chaussure contre ma peau intensifie le picotement. Du sang en coule, venant tâcher la semelle de mes nouveaux Louboutin couleur crème.
- Et merde !
L'argent bâclé me fait plus mal que la douleur. Je réfléchis déjà à ma prochaine excursion shopping du lendemain. Je décide de retirer mon autre escarpin et me dirige à l'entrée de mon immeuble. Je suis rassurée de constater qu'il n'y a personne qui squatte ce soir. Entre mon ordinateur, mes chaussures et mon sac à main, je n'arrive pas à atteindre mes clefs perdus une énième fois dans celui-ci. Je décide de poser ma paire au sol.
Il n'a fallut que quelques secondes avant qu'un petit garçon s'en empare rapidement et court aussi loin que possible de moi.
Soirée de merde.

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Soulman Dark Fire
Roman d'amourOn dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Pourquoi mentir ? Il y contribue sinon je ne vivrais pas la vie de rêve que je mène actuellement. Indépendante et riche, mon quotidien est celui d'une vraie princesse. Alors pourquoi quand je le vois, lui...