Chapitre 16 : Menaces

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♂️EVAN

La première chose qui je ressens, c'est que je suis seul dans ce lit king-size. Je n'ouvres pas les yeux mais quelque chose me dit que si je le fais... je vais mourir. Je me mets sur le dos en soufflant, et bingo ! Lorsque j'ouvre mes paupières, je vois un Berreta près de mon front avec une Line méga énervée.

Benjamin avait raison. J'aurais dû l'écouter...

T'as deux secondes pour me dire ce que tu fous dans mon lit.

Sa voix est dure, sèche. J'ai pas de temps à perdre.

— Tu as fait un cauchemar.

Je pourrais la désarmer en moins de ses deux secondes, mais je n'en fais rien. Je pense pas qu'elle va me faire sauter la cervelle. Je joue avec le feu et j'adore ça.

— Qu'est-ce que tu fous dans mon lit, chez moi, ici ?
— Tu étais saoule, Benjamin t'as ramené en voiture. J'ai veillé sur toi et cette nuit tu m'as dis après un cauchemar tu voulais que je reste près de toi.
— Tu es un piètre menteur.
— C'est la première fois que je suis aussi sincère.

Elle me fixe avec ses grands yeux noisettes. Son maquillage a coulé. Elle n'a pas pris le temps de se changer en se réveillant qu'elle a immédiatement pris son gun pour me confronter à ses questions.

Sans baisser son arme, elle saisit son téléphone et compose un numéro. J'entends les deux tonalités avant qu'elle ne réagisse :

— Benji ne me dis pas que t'as pas fait ce qui était interdit...

Sa tête change et elle rage contre son ami.

— Je te jure que je m'occupe de lui et après, ce sera toi.

Elle raccroche en grognant. Je commence à me lever mais elle me garde en joue en se rapprochant dangereusement.

Ok, j'ai compris, elle n'est pas du matin.

— Ça ne me dit pas pourquoi on était si proches ce matin au réveil !
— Je te l'ai dit, tu as fais un cauchemar...
— Balivernes !
— Tu as prononcé le mot "Papa".

Ses yeux s'arrondissent, la main sur son arme commence à trembler. Je me lève enfin. Line recule comme si j'étais le démon qui inondait ses rêves.

— Baisse ton arme, lui demandé-je, je prends mes affaires et je m'en vais.

Elle met du temps à me répondre, à trouver ses mots. Elle est en pleine confrontation avec elle-même.

— Non tu connais ma planque, je te laisserais pas repartir.
— Encore ce manque de confiance ? Avec tout ce qui s'est passé hier ?
— Une mission ne résoudra pas le problème que tu es un putain de menteur et que je peux pas te faire confiance.
— C'est l'hôpital qui se fou de la charité !

Je commence à en avoir marre de ses conneries alors à moi de la confronter. En un temps record, je saisis son gun et de mon autre main j'écarte son poignet. Je vide le chargeur, les balles se répercutant au sol. Elle n'a pas le temps de se jeter sur moi pour me faire taire, que je la prends et la fait tomber sur le lit. Elle essaie de m'asséner un coup dans la nuque mais ses deux poignets sont à ma merci. A califourchon sur elle, il ne lui reste plus qu'une seule chose à faire : m'écouter.

— Sois attentive : tu peux penser ce que tu veux de moi j'en ai rien à foutre. Si tu voulais me tuer tu l'aurais déjà fait, et moi aussi. J'ai compris qu'il fallait pas te chercher d'emmerdes et t'as compris que j'étais pas le mec débile avec des vannes approximatives. Maintenant je t'ai proposé mon aide et avec cette première mission réussie, on est dans le même bateau. Je te jure que jamais mes intentions seront mauvaises alors je n'ai pas l'intention de coucher avec toi, ni de dévoiler qui tu es Line. Parce que j'ai beau connaître ton prénom après ces quelques semaines, je sais que tu n'es pas Line Collins. Et tu sais quoi, je m'en fou ! Tu me poses pas de questions, je te pose pas de questions. C'est clair ?

Son regard m'assassine. Elle a arrêté de repousser mes mains et mes jambes pour se défaire de mon emprise. C'est un début. Je n'hésites pas à me rapprocher de son visage pour ancrer mes yeux dans les siens. Histoire que le message passe.

— Même si j'ai beaucoup aimé hier soir tes lèvres sur les miennes, je ne suis pas un psychopathe et un mec en demande d'affection. Alors on passe l'éponge ok ?

Elle fronce les sourcils. Je vois une lueur dans ses yeux. Au moins, elle se souvient du baiser, c'est déjà ça.

Moi je ne l'oublierai pas...

Je me relève et elle ne bouge pas. Je ne pense pas qu'elle ait peur. Peut-être est-elle en pleine réflexion. J'en profites pour lui tendre la main.

— On passe l'éponge ?

Elle a un moment d'hésitation. Ce qui m'énerve c'est qu'elle ne voudra pas être pleinement elle-même avec moi, étant toujours sur ses gardes. Alors que hier soir, elle avait confiance en mes capacités, en ma conduite. Hier soir, je me suis effacé, lui laissant le champ libre. Ça ne sera pas toujours la même chose avec moi. Je voulais aussi savoir ce qu'elle avait dans le ventre, a quel point elle était une femme déterminée, froide. Et je n'ai pas été déçu de voir son vrai visage... qui m'intrigue plus que de raison.

Être à ce point lié au sang, au plaisir de tuer, ce devrait être interdit...

Elle est différente de moi sur ce point là.

Moi je tue et je m'en vais.

Elle, elle tue et... elle savoure son acte...
Comme une putain de psychopathe.

Enfin, elle saisie ma main et se remet sur pied, en ayant pris soin d'être à bonne distance de moi.

— Prends tes affaires et casse-toi. Les curieux n'ont pas leur place ici.

Elle me contourne pour monter à l'étage et s'enfermer, sûrement dans la salle de bain. Elle sait que j'ai fait des recherches sur elle, elle m'en veut. De tout ce qui s''est passé en un jour, elle n'apprécie pas que je me renseigne sur elle. Soit. J'ai assez perdu de temps ici.

J'ai un appel à passer.

Je prends mes affaires, ma veste de moto ainsi que mon casque pendant que j'entends l'eau couler au premier étage. Je me tire sans un mot. J'aurais voulu débriefer de la soirée. Peut-être qu'elle me rappellera, je sais pas. Dans tous les cas, je ne veux pas qu'elle se serve de moi comme d'un pion. Si on fait équipe, je veux être relié à ses recherches pour démanteler La Fondation.

Une fois à quelques kilomètres de sa villa, je vérifie le réseau et compose un numéro privé. Il répond à la deuxième tonalité.

— Bonjour.
— Bonjour X, Liam est mort. Vous pouvez le retirer de notre contrat.
— Qui était la jeune demoiselle avec qui tu faisais équipe ?

Sa voix est rauque. Je me doute que c'est un contact puissant avec qui je fais affaire, peut-être a t-il la cinquantaine bien passée. En tout cas, depuis quelques mois je suis lié à lui par un contrat, que je dois terminer. Il a du voir les caméras de surveillance d'hier. Ce mec voit tout...

— Une personne qui veut se faire les griffes sur La fondation.
— C'est tout ce que tu as à me dire ?
— A son sujet oui, lâchai-je très sérieux et sûr de moi. Le contrat stipule la mise hors service des chefs du réseau. C'est fait et je poursuis la fin de ce dernier. Avec qui ou comment je dois le faire, ne vous regarde pas.

Il ricane. Ce mec anonyme se faisant appelé X, m'a promis un sacré salaire. Le plus haut de toute ma carrière... et il me paye à chaque service fait. Donc j'ai confiance en notre contrat et en lui. Le reste, je m'en fou. C'est toujours ainsi que j'ai procédé. Et dans mon monde, on me connaît sous un nom qui ferait peur à n'importe qu'elle tête du réseau...

— Je t'envoie la nouvelle adresse de ta prochaine mission. Propre, sans bavure. Avec ce qui se passe, il change de propriété tous les dix jours.
— Ce sera fait dans une semaine.
— Bien. Je t'envoie les coordonnées sur un mail qui s'autodétruira dans dix minutes.
— Parfait.

Et il raccroche. Je vérifie ma boîte mail à la suite pour récupérer les coordonnées et les enregistrer sur mon portable.

Ce que tout le monde ignore c'est qu'avec ce contrat, je me suis fourré dans une sacrée merde. Mais je crois avoir les idées qu'il faut pour m'en dépêtrer.

Laissons faire le temps, un peu de patience et de jujote et le tour est joué.

Rendez-vous à la prochaine partie.

The Angels of DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant