Chapitre 21 : je ne suis qu'un homme

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EVAN

Je tente de ranger quelques affaires dans une armoire vide. Aussi vide que cette chambre qui comporte une grande baie vitrée, une table de nuit et un lit double. Les murs sont immaculés de blanc. Malgré ça, mon cerveau dépeins encore le corps nue et humide de Line que j'ai croisé dans le couloir, stoppant net devant moi. Je revoie ses cheveux bruns entourant son visage unique et ses joues rosées par la chaleur de l'eau... Et rien que d'y penser, le bas de mon corps se réveille. Mais qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi ?

Je suis un homme mais je ne pense pas qu'à ça.
Surtout en mission...

Je sais pourquoi elle l'a fait délibérement. Elle a le pouvoir chez elle, et sur elle. Dans sa maison elle fera régner sa loi. Je suis qu'une pièce rapportée le temps que dehors tout se tasse. J'en ai pas l'habitude mais ça me permettra je l'espère, d'en savoir plus sur elle. J'ai murmuré une phrase bidon à son encontre dans le couloir avant qu'elle n'enlève sa serviette. J'ai juste eu le temps de voir ses fesses. Je me donne une claque j'ai pas le droit de penser à elle dans ces conditions. Même si ses lèvres sont encore sur les miennes et laissent une trace indélébile. Je ne me permetrais pas de coucher avec elle juste par plaisir, même si elle le voulait. Mais je me donne toutes les chances de franchir ce mur en béton armé qu'elle a érigé sur sa peau, pour fendre un jour sa carapace et percevoir, je l'espère, un espoir de découvrir ce qu'elle cache. Une femme d'un tel aplomb, doit bien avoir des faiblesses. Une histoire à raconter. Dans son cas, j'ai hâte de pouvoir tourner les pages...

Après avoir enfilé un T-shirt noir et un short, je descends en bas. Les escaliers en bois dessert sur une grande salle à manger avec la cuisine encastrée que l'on voit depuis le hall d'entrée et le fameux salon juste derrière où Line s'était endormi après la fête hier. Sauf que le lit, n'y est plus. Et je me rends compte que c'est un lit encastrable, cela se voit sur les rebords du pan de mur. Maintenant, deux petits fauteuils trônent devant une télé écran plat. Je présume que ce soir, elle va dormir dans une véritbale chambre. N'empêche, j'ai toujours pas compris ce système de dormir au salon, si près d'une magnifique cuisine en bois vernis.

Je la vois vêtu d'un sweat et d'un jean, s'afférer sur le plan de travail. En me rapprochant un peu plus, elle enlève le blister d'un portable prépayé. Il y en a deux.

— Ton portable.

C'est plus un ordre qu'une demande. Je plisse les yeux et lui donne mon téléphone sans aucune retenue. Elle récupère la carte sim, qu'elle met à côté de la sienne et d'un simple tiroir sous le plan de travail, elle récupère un marteau. Son portable à côté du mien, elle ménage pas ses efforts et tape sur nos seuls moyens de communication. Je prends un air de dégoût. Elle me scrute et continue son petit manège en brûlant les cartes SIM avec son briquet.

— Et si je voulais appeler ma maman ?

Elle me regarde et souffle sans sourire. Tant pis, une prochaine fois. Je ne suis pas découragé pour autant, un jour je la ferais rire. Peut-être...

— Tiens ton nouveau téléphone.

Elle me tend une antiquité que je regarde sous toutes les coutures.

— Ouaw merci, un 3310 !

— Je sais que tu joues au con avec tes débilités. Tu sais aussi bien que moi, que ça peut nous sauver la vie.

Oui je le sais. Heureusement que je connais le numéro de X sur le bout des doigts aussi...

Elle reprends aussitôt après avoir nettoyé son plan de travail :

— Je ne veux plus de bruit après minuit. Une femme de ménage vient deux fois par semaine pour les courses et le ménage. Interdiction d'aller dans ma chambre et interdiction de fouiller.

Elle continue son monologue en allumant une clope. Je me suis rendue compte qu'elle fumait beaucoup. Je l'ai senti à sa langue collé contre la mienne...

— Tu m'écoutes ?

— Non, répondis-je avec fierté.

Elle se rapproche un peu plus de moi, à quelques centimètres je remarque que ses yeux arrivent au niveau de ma bouche. Et merde...

— Ici t'es chez moi donc tu fermes ta gueule, et à moins que tu sois maso, sache que je me réveille au moindre bruit suspect la nuit...

— Mis à part lorsque tu rêves.

Je ne voulais pas prononcé le mot "cauchemard" pour ne pas la mettre en rogne. Mais elle l'est quand même... Ses yeux me détaillent. Elle compte sortir un reproche lorsque je la devance.

— Y a t'il un lieu pour s'entrainer ? Faire de l'exercice ?

Elle me fixe, s'attarde sur ses lèvres et recule en affirmant.

— Sous sol, tu auras tout ce qu'il faut.

Elle se détourne enfin pour prendre les escaliers, lorsque je pense à notre sécurité.

— Est-ce que ton lieu est sûr, ici ?

Elle prend le temps de se retourner, me répondant à côté de la ballustrade :

— Les vitres au deuxième étage sont blindés, le lieu n'est pas référencé, aucune adresse ne permet de nous retrouver. C'est comme si nous étions perdus en pleine forêt toi et moi.

Je me sens mieux après ses paroles. Je suis du genre à changer de lieu toutes les semaines pour ne pas qu'on me suive à la trace. Si un endroit comme celui-ci existe, je pourrais en profiter pour me reposer. Mais malheureusement, je ne le fais que très rarement. Il est difficile pour moi de ne pas être prêt dans n'importe quelle circonstance, lorsque toute notre vie, je l'ai été.

Je suis un homme qu'on qualifie de dangeureux. Je suis né pour ça et je mourrais pour ce que je suis...

The Angels of DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant