Chapitre 19 : Se cacher...

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Je reviens au bout de la troisième clope terminée. J'ai réussi à contrôler les battements de mon cœur et à faire taire le tremblement de mes phalanges. Les pizzas ont disparus laissant place à une musique lounge, et des verres remplis. Dan est absent, sûrement aux toilettes.

Béa me tend un petit remontant que je saisis pour l'avaler, cul-sec. Elle sait me parler lorsqu'il le faut. Je lui fait un petit sourire et chuchote près de son oreille :

— Il faudra qu'on parle, toutes les deux.

Pas le moins du monde apeurée, elle me fait un clin d'œil pour signaler qu'elle m'attend pour cette fameuse discussion. Ce sera chose à faire une fois que je serais seule. Dan revient en remontant sa braguette. Evan lui boit sa bière en m'enveloppant de son regard curieux. Il essaie de me sonder, je n'aime pas ça. Benji lui, prend la parole et m'assomme avec une question dont je m'y attendais pas. Tout le monde se tourne vers notre brun à lunettes :

— Et sinon, vous avez pas peur du retour du corbeau ?

Nos verres sont suspendus dans le temps. Si Evan, nous demande qui est le corbeau, je serais capable de le planter au sternum.

— Pourquoi tu dis ça ? Demandé-je à mon collègue.
— Vous avez fait pas mal de bruit lors de cette soirée à moto. Les journalistes ne parlent que de ça et ils essaient de retrouver le couple coupable du meurtre de Liam. Heureusement, vous n'aviez pas de plaque. Cela dit, ils sont tout à fait capable de demander à un tueur à gage de mettre la main sur vous. Ils fuient, ils ont peurs. Je parie que c'est une idée. A vous préparer.

Evan regarde le bar et trace de son doigts quelques cercles avec l'eau qui reste sur le comptoir. Pas le moins du monde touché par cette info.

— Il faudrait pour ça qu'ils essaient de retranscrire toutes les caméras extérieures pendant la course poursuite, enchaîne Dan sûr de lui. Pour ma part, j'ai effacé celles autour du bâtiment du congrès. Donc les images où vous êtes en train de vous préparer avant de prendre la moto sont supprimées. Si tu as bien caché tes cheveux et ta robe, ça va être dur de vous retrouver. En revanche, ils peuvent essayer de se rabattre sur les caméras internes et chercher ceux qui ont pris la poudre d'escampette à la même heure que votre sortie à moto. Et là, vous n'êtes pas tranquilles.

J'hoche la tête et poursuit :

— Il peut venir le corbeau. Au moins, il y aurait un vrai combat entre nous.

Evan ris et se tourne enfin vers nous.

— Vous parler du tueur à gage, avec un corbeau tatoué dans le dos, qui se remplit les poches grâce à des contrats friqués, sur les têtes des meurtriers ou des hommes aux actes illégaux ?

Béa et Benji acquiescent.

— Tu le connais ?

Evan secoue la tête faiblement, sans plus.

— Personne ne connaît son visage, ajoute Benji à descendant sa bière.
— Tout comme le mien qui n'est pas connu. Ni le tien Evan. Et c'est tant mieux. Si le corbeau veut venir nous arrêter, qu'il se hâte. Car on a bientôt finis notre massacre...
— Un tueur à gage est bien préparé. Dans un combat armé ou 1 vs 1, je pense que tu as perdu.
— Je suis bien plus préparée que tu ne le crois connard.
— Dis la femme qui s'est retrouvé coincée contre un mur par la simple force de mes bras.

Je me lève et saisis subitement l'arme dans mon dos pour le pointé sur sa jolie gueule.

— Alors ne serais-ce pas toi le corbeau ? Aux nombreux contacts, au physique hors pair et aux mains baladeuses ?

Evan me regarde, un sourire en coin, déterminé. Comme s'il voulait m'envoyer un message.

— Physique hors pair ? Depuis quand tu me mates ?
— Range ta langue, arrête de dire des conneries.
— Tu l'as pourtant bien apprécié hier...

A ce souvenir je tiens moins ma position. Il est clair que j'étais un peu éméchée, malgré l'alcool... j'ai beaucoup aimé ce qu'il m'a fait ressentir. Et je le déteste pour ça. J'y ai mis fin avant que le désir ne me submerge. JE garde le contrôle de tout, même de mon corps.

Je m'ancre dans la réalité, les yeux toujours rivés vers lui. Clairement, ce n'est pas lui le corbeau. Il est lourd, a un humour de merde et il se serait pas fait passer pour un coursier pour récupérer de l'argent sale. Encore faut-il que je détermine qui il est. J'ai de nombreux soupçons à son sujet.

Je baisse alors mon arme. Personne n'était sous tension, les autres étaient juste spectateurs, en pleine rigolade. Sauf Dan.

— J'ai droit à un câlin ? M'intime t-il, guilleret.
— Va te faire foutre !
— Il est clair que c'est pas l'amour fou entre vous deux, mais va falloir vraiment vous entendre..., lance Béa ayant retrouver son sérieux.
— Tu sais ce que ça implique pas vrai ? Me demande Dan en contournant le bar.

Oui, je sais ce que ça veut dire. On a beau parlé du Corbeau, ce qui ne m'a pas échappé c'est que les caméras internes auraient pu enregistrer nos gueules à la sortie du congrès, par une porte de secours. De plus, les journalistes s'étant emparés de l'affaire, les chefs ne vont pas lâcher pour trouver les coupables. Il faut faire profil bas et se cacher. Pour éviter les aller et venues, ne pas se faire remarquer et continuer à nous protéger tout en travaillant sur notre prochaine mission.

Evan baisse le regard, il a compris lui aussi.

— On doit se cacher c'est ça ?
— Oui et dès ce soir, vous irez chez Line, explique Dan. Elle a des téléphones prépayés et un réseau sécurisé qui vous permet d'être en sécurité.

Ce dernier regarde Evan pour lui faire comprendre l'urgence de la situation.

— Ta moto est reconnaissable aussi. Il va falloir que tu t'en sépares.

Il est blasé. Je savais qu'on ne pourrait pas forcément les revoir bien longtemps après notre coup d'hier. C'est pour ça que j'ai voulu passer un moment avec eux... avec mon équipe. Mais de me coltiner Evan, qu'elle plaie... Si je pouvais m'en passer.

Je survivrais pas deux jours avec lui !

— Et pour la mission ? Interroge Evan en croisant les bras
— On s'applique à la mettre à exécution assez rapidement. Avec vos aides. Mission infiltration on change rien et on tend un piège à Victor. Evan, il nous faut les plans. Hâte toi. Dan, tu me dis dès que le rendez-vous est pris il nous faut une voiture et oreillette, pour le reste j'ai ce qu'il faut. Dès qu'on connaît les conditions, on révise pour notre coup d'envoi.

On doit se hâter et ne rien lâcher. Pourvu que cette mission fonctionne.

Je veux la mort de Victor. Et je l'aurais !

— Vous allez quand même rendre visite à Victor alors que les journalistes sont en pleine chassent et qu'on peut retrouver vos visages sur les caméras du congrès ? Demande Benji, atterré derrière le comptoir.

— On a pas le choix, on agit vite et après on se planque. Sinon on va le perdre de vue, les autres chefs ne prendront plus aucun risque. Nous sommes sur l'avant dernier poisson avant le boss final. On attend plus.

Et sur mes derniers mots on se prépare à quitter le bar et les collègues, que je ne vais pas revoir pendant quelques temps...


The Angels of DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant