Chapitre 17 : Au suivant !

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♀️LINE

— BENJI !!

Je rentre dans le solitaire en plein nettoyage. J'aperçois Benji qui se cache derrière le bar. Mais avec détermination et colère, je rentre dans cette buvette pour essayer de le chopper. Ce dernier ricane et se sauve par derrière, dans le couloir sombre.

— Je t'aurais connard !!
— Qu'est-ce qui se passe ici de bon après-midi ? Demande Béa qui m'aperçoit me servir un whisky en tant que serveuse attitrée.
— Ton employé est un enfoiré.
— Je sais ce qu'il a fait, et t'en est morte ?

Je la fusille du regard en buvant mon verre tranquillement. Je me délecte de ces deux gorgées qui réveillent mes papilles. Le souvenir de la veille et la langue d'Evan s'enroulant autour de la mienne n'est pas pour me déplaire... Un tout petit jeu entre nous sur le moment pour fêter notre victoire. Les yeux révulsés de Liam était ma récompense.

Je repense à ce matin et constate que seule avec le stagiaire, je suis toujours vivante. Mais mes collègues savaient pertinemment qu'ils ne devaient pas être plus de trois à connaître la localisation de ma villa d'enfance. Un de plus, c'est trop risqué. Surtout avec un mec qui n'est pas un coursier, qui cache véritablement qui il est et qui peut me tuer à un tour de bras.

— C'est moi qui ait faillit le tuer d'une balle dans la tête.
— J'pense qu'il va s'en remettre, ricane-t-elle en se servant une limonade.

Elle boit pas d'alcool alors qu'elle est propriétaire de tout le bâtiment. Qu'elle ironie. Dan entre dans mon champ de vision et me fait un salut militaire.

— Tu me dois une oreillette.

Je bois une gorgée en lui répondant.

— Ce sera fait.
— Alors avec ton binôme ?
— Il était dans mon lit ce matin.

Une paire d'yeux me regardent, ahuris. Je remets les pendules à l'heure.

— Il s'est rien passé. Il m'a dit que j'avais fait un cauchemar et que j'ai demandé de rester avec moi.
— Tu fais encore des cauchemars ? Me questionne Béa en arquant un sourcil.

Oups. Il est vrai que je lui en avait parlé. Depuis quelques semaines, je lui avais dis que ça allait mieux. Foutaise bien évidemment. Plus je tuais des chefs de ce putain de réseau, plus mon père venait me hanter. Je n'arrive plus à dissocier les cauchemars des scènes vraies que j'avais déjà vécue plus jeune. C'est déconcertant. Mon cerveau veut m'emmêler les pinceaux mais j'ignore pourquoi il me fait subir ça...

— Evan, ce protecteur... lâche Dan d'un ton las.
— Depuis quand il a le droit de venir chez moi d'ailleurs ?

Tout le monde était au courant. Benji ne prendrais pas seul la décision de me ramener un inconnu chez moi pour me surveiller.

— Depuis que tu étais saoule et que tout le monde ici bossait. Ton binôme a bien fonctionné hier soir d'après Dan.
— On se fou qu'il ait bien fonctionné ! Evan n'est pas un coursier, ni un stagiaire, il est bien plus que ça. Il a fait des recherches sur nous, sait que je m'appelle Line Collins, et il m'a mise au pied du mur ce matin en me disant qu'il se contentait de nos mensonges et que ça lui allait très bien comme ça.

Béa et Dan s'échangent une œillade.

— Tant qu'il ne sait pas qui tu es vraiment...
— Tout le monde ignore ta véritable "nature", poursuit Dan alors que du coin de l'œil je vois Benji refaire surface.

Sa patronne le remarque aussi.

— Benji, t'as des verres à ranger...

Accoudée toujours derrière le bar, le brun aux lunettes passe près de moi. Je feins de me lever pour aller dans sa direction, ce dernier s'enfuit avant de se retourner et de m'insulter. Je ris accompagnée de la douce voix de Béa. Dan lui sourit de toutes ses dents. Il est comme moi, il est du genre à faire taire ses pensées et ses émotions.

Béa lance une petite playlist sympa. Alors qu'on discute avec Dan de notre prochaine victime autour des fameux fauteuils rouges, on arrive pas à se mettre d'accord. J'ai Calem dans le viseur maintenant qu'il a le champ libre sans Liam. Mais Dan veut que l'on continue notre liste et qu'on fonce sur Victor Lieman.

— Tu ne peux pas tuer tous les chefs du réseau remplaçant, surtout qu'il va s'y attendre !

Dan commence à s'énerver. Je prends une clope que j'allume. Il continue :

— C'est pas la vengeance que tu as dans la peau, c'est le désir du sang. Commence pas à changer du fusil d'épaule. On en est là car tu veux venger ton père avec les connards qui l'ont souillés ! Calem n'en fait pas partie.

Alors que la rage inonde mes veines, je pèse le pour et le contre. Je me suis mis en tête de venger la mort de mon père et le vol de millions d'euros. Il ne me reste plus que Victor et Eric. Mais Calem arrive sur ses grands chevaux pour faire basculer mes plans. Il mérite tout autant de finir mort, une balle entre les deux yeux.

— Calem est un cousin de Liam qui a participé aux décisions lâches pour contrer mon père.
— Tout comme les familles des autres dirigeants que tu as effacés.
— Alors ils vont tous crever un jour ou l'autre...

J'inhale la fumée, les nerfs à vifs. Dan se lève et se rapproche de moi.

— Alors ce n'est pas une vengeance. Sinon elle est déguisée en soif de sang.

Ces yeux me fixent intensément. Les traits de mon collègue sont durs, comme les miens. On aurait pu être frère et sœur, ou cousins dans une autre vie. Sauf qu'il est blond, mince avec un sérieux penchant pour la réflexion avant l'action. Il est le plus méticuleux, c'est le plus rusé de nous tous. Je pourrais capituler. Voir après ce que je déciderais.

Que dois-je faire ?

Alors que je suis en plein questionnement, je vois arriver dans mon champ de vision l'homme que je dois tuer si je l'apercevais à nouveau.

Dan suit la trajectoire de mon regard et souffle. Il sait que je vais m'énerver et que notre discussion va passer au second plan.

— J'espère que t'as une bonne raison de venir nous emmerder ici, lâché-je rageusement.

Evan se rapproche de nous. Je lui souffle ma fumée en plein sur son visage. Il ferme les yeux et fait mine de tousser. Imbécile. Dan lui se rassoit sur son fauteuil rouge, en se grattant le front, exténué par notre conversation et ma non compréhension.

— Tu veux toujours de mon aide ?
— Non.

Je me retourne et je l'entends dire :

— Tant pis, il te reste quoi, deux chefs de réseaux à liquider ? Je peux t'en avoir un sur deux.
— Ah ouais, d'où ça m'intéresse ?
— Victor ça te dit quelque chose ? J'ai son adresse.

Je le regarde avec sérieux. Dan se joint à moi.

— Où tu as eu l'information ?
— J'ai des contacts. Si vous faites abstraction de nos identités comme la mission d'hier, alors je suis votre homme. On se fait confiance mutuellement.

Mon regard converge vers Dan.

— On arrive pas à le localiser... annonce-t-il à Evan.
— C'est normal, les chefs se replient et c'est le cas de Victor. Il déménage pratiquement toutes les semaines. Donc plus difficile à y mettre la main dessus. En clair, tu leur fait peur, conclut-il avec un rictus provocateur.

— Alors il faut agir vite, déclaré-je en prenant une bouffée de ma nicotine. Ça répond à la question de Dan. Victor en premier. Mais il n'est pas content pour autant.

— Ça nous laisse peu de temps pour préparer l'offensive.
— Alors on reste sur notre première idée.

Evan nous regarde, il essai de suivre. Un rictus apparaît sur mon visage.

— Victor a un sérieux penchant pour le sado-masochisme.


The Angels of DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant