Chapitre 30 : Mission suicide 3/3

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EVAN

— On te l'a déjà dit que tu étais dans une sacrée merde ?

Dan ne m'aide pas à calmer mes nerfs, ni mes pensées depuis de longues et interminables minutes. Je n'arrive pas à croire que je suis en train de m'en faire pour elle. Que c'est pour ça que je suis dans cet état. Mais pas que. J'ai aussi un contrat, la mort de Victor doit se faire sans bavure. Or, je sais que Line fera tout le contraire. Je sais pas ce qu'il adviendra de mon contrat actuel avec "X" si c'est le gros bordel. Déjà, il a laissé coulé ce qu'il s'était passé au gala. Car clairement nos visages étaient repérables sauf pendant notre virée en moto. J'espère qu'elle fera ça correctement, et qu'elle n'est pas en danger.

Je n'arrive pas à concevoir le fait qu'elle pourrait être blessée. Ca c'est une preuve irréfutable qu'elle a du pouvoir sur moi alors qu'elle ne fait rien pour alimenter notre attraction. Et au-delà de voir sa force, j'ai vu aussi ses faiblesses, avec ses cauchemars. Je sais qu'elle a un passé douloureux qui détermine qui elle est actuellement. Et j'ai envie... d'y veiller, de l'aider...

Je suis pas dupe. La tension entre nous est palpable depuis le début. Depuis qu'elle a mis son flingue sur mon front, depuis que je lui ai retourné le bras dans son appart miteux. Elle voulait la même chose que moi, j'allais l'y aider. En prime, je dois veiller à ce qu'elle flanche pas, et à ne pas être pris dans ses filets. Sauf que c'est trop tard. Depuis toujours. J'ai beau jouer au con, je sais très bien que mon corps l'a veut toute entière, que mon cerveau débite de la merde surtout quand je suis à proximité de cette femme timbrée, aux yeux intenses et aux cheveux d'ébènes. Et là, je n'attends qu'une seule chose. De voir sa tête réapparaître ou que Dan me dit que le bouton a été activé.

— Ton silence en dit long Evan.
— Je suis désolé Dan on se connaît pas vraiment mais je t'avoue que c'est pas le bon moment pour me chauffer.
— Pourtant je la vois mal aller dans ton lit...
— On a rien fait, elle m'a juste cramé le bras pour avertissement.

Un silence s'étend entre nous alors que je commence à me sentir seul dans l'habitacle de cette berline. Je suis garé un peu plus loin pour attendre le retour de la demoiselle.

— Ton silence en dit long Dan.
— Je pense au final que vous êtes tous les deux foutus en fin de compte.

Je tique et me rapproche du volant comme pour mieux l'entendre alors qu'il parle dans mon oreille :

— Tu peux mieux t'exprimer ?
— Line a besoin de savoir qu'elle n'est pas la seule sur terre à ne plus être "comme avant". Elle a testé sa sensibilité en quelque sorte, ainsi que la tienne.

Je pose le crâne contre le cuir. Je n'ignore pas son geste. C'était pour me faire taire, pour se prouver certaines choses mais aussi, me prouver ce qu'est la douleur, sans être dans la démonstration des émotions. Et je me suis amusé avec ça, je voulais lui montrer que le contrôle et les émotions ont du bon.

— J'ai remarqué ses cicatrices... sur son tatouage.
— Alors tu en as déjà vu bien assez.

Je redresse la tête à ses paroles, au moment où j'entends un bip strident à mon oreille.

— Dan ? appelé-je, alerté.
— C'est elle !

J'enlève mon chapeau, récupère mes flingues dans la boîte à gants et sort du véhicule.

— Je t'écoute.
— Suis mes instructions.

Alors qu'il l'a localise, je fonce droit vers le manoir en suivant ses informations à la lettre. Je réfléchis plus, je ne pense plus. La seule émotion qui transparaît sur mon visage est celui de la mort. Je vais me les faire. J'évite de me dire que Line se noie dans son sang, car j'étais sûr d'une chose : qu'elle n'appuierait pas sur ce putain de bouton !

The Angels of DeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant