Sombre (L'envol du papillon brisé 🦋)

2. J'arrive

Un bruit me réveil de mon sommeil. Mes yeux s'ouvrent lentement, et je fronce les sourcils en voyant que la fenêtre est ouverte. Pourtant, je ne me souviens pas de l'avoir ouvrir. Des flocons de neige s'engouffrent dans la chambre, dansant dans l'air comme des étoiles filantes. Je me demande si ces flocons ont froid, s'ils ressentent quelque chose. Puis, une pensée me traverse l'esprit : et toi, petit Prince ? Es-tu frigorifié sous cette terre qui te recouvre ? Je m'approche de la fenêtre pour la fermer instinctivement, mais une voix m'arrête dans mon élan.

-Ne la ferme pas Princesse !

Je me fige, pétrifiée par cette voix familière. C'est sa voix. Qu'est-ce que sa voix fait ici. Il n'est plus là non ? Je secoue ma tête pour me reprendre. C'est juste mon esprit qui me joue des tours, qui me fait croire à des illusions. Il me manque mon petit Samy. Je m'apprête à fermer la fenêtre quand il me répète de ne pas la fermer.

-Mais t'es vraiment une petite peste toi, je t'ai dit de ne pas la fermer.

Je me retourne lentement vers la voix que j'entends et me fige quand je le vois toute souriant. Il s'adosse au mur à côté de la porte. Ce ne peut être que lui. Mais non, c'est impossible. Il est parti, il n'est plus là. Je le regarde de haut en bas. Il porte toujours le smoking de son enterrement. Mon cœur se serre à cette idée, à la perspective de l'imaginer encore parmi nous. Je secoue la tête pour chasser ces pensées absurdes, mais quand je rouvre les yeux, il est toujours là. Comment est-ce possible ? Il est mort, je l'ai vu mourir de mes propres yeux. J'ai ressenti son dernier souffle sur ma peau, j'ai vu la vie le quitter. Pourtant, le voilà devant moi, comme si rien ne s'était passé. Mais son sourire s'efface, remplacé par une tristesse.

-Je pensais que tu seras ravi de me revoir.

Non, ce n'est pas réel. Il est mort. Je l'ai vu de mes propres yeux. J'étais la quand sa vie quitte son corps. J'étais à côté de lui pendant trois jours juste pour attendre que sa vie revienne. Mais elle ne lui revient. Et pourquoi je le vois devant moi maintenant ? Je sens les larmes monter à mes yeux, la confusion et la douleur m'envahir.

Je sais que mon cerveau me joue le tour mais j'aime ça. Je veux rester toujours comme ça. J'aime vivre dans un monde ou il reste en vie même si je dois mourir pour le voir.

-Bon, je vais y aller alors.

Il décolle du mur la main sur le poignet de ma porte. Ça suffit pour que je me reprends. Je m'approche tout de suite de lui et prends son autre main. Il est froid comme ces dernier temps, froid comme de la glace. Ce n'est pas réel, ce ne peut pas l'être. Il est mort, je le sais. Mais alors, pourquoi est-il là, devant moi, comme si de rien n'était ? Une question me brûle les lèvres, une question à laquelle je redoute la réponse.

-Est ce que...Est-ce que t'es vraiment là ? parviens-je à articuler entre deux sanglots

Il fronce ses épais sourcils comme s'il ne comprend pas ce que je viens de dire. Comme si ma question est la plus stupide de tous. Pourtant, c'est logique que je le pose. Je le sais et je sais que si vous avez été à ma place, vous l'avez posé aussi.

-Tu es mort petit Prince. Je l'ai vu de mes propres yeux.

Mes larmes ruissellent sur mes joues. Ma vue devient floue mais je fais un effort de l'ouvrir pour voir encore son visage. Il me fixe étrangement. Il fronce encore plus les sourcils, comme s'il ne comprend pas ce que j'ai dit. Comment pourrait-il ? Il est mort, après tout. Mais ses mots me glacent le sang, me rappelant une promesse faite dans un moment d'insouciance.

-Tu ne te souviens pas que je t'ai promis que même mort, je te reviendrai ?

Je suis pétrifiée, incapable de bouger, de parler. Et pourtant, il est là, devant moi, comme s'il avait tenu sa parole. Mais ce n'est pas possible, ce ne peut pas l'être. Je me pince pour vérifier que je ne rêve pas, mais la réalité demeure, cruelle et implacable.