Sombre (L'envol du papillon brisé 🦋)

4. Au revoir maman

Voir le visage de mon frère à l'entrée de la chambre d'hôpital me fend le cœur. Son regard trahi une peine que même ses tentatives pour la cacher ne peuvent dissimuler. Je réalise alors à quel point mon acte a été inconsidéré.En faisant ça, je n'avais même pas pensé a ce qu'il pourrait ressentir. L'égoïste que je suis ne voulais que m'épargner de cette souffrance. La culpabilité me serre l'estomac en voyant la tristesse dans ses yeux.

Je lui ai promis de ne plus jamais lui causer de telles inquiétudes, et je compte bien tenir cette promesse. Non seulement pour lui, mais aussi pour moi et surtout pour Samy. Je lui ai promis que je vivrai pour nous deux. Et je sais qu'il sera toujours là même si je ne vois pas. Il me l'a promis.

A chaque fois que tu te sens seul, compte sur moi pour te revenir. A chaque fois que tu te sens heureuse, compte sur moi pour t'ennuyer

Je sais qu'il sera toujours là. Il tient toujours sa promesse.Je repense à ce jour où il a insisté pour me porter sur son dos à travers le centre commercial, le jour de son dix-septième anniversaire. Il m'a promis que qu'il me portera en traversant le centre commercial le jour où il atteint l'âge de dix-sept ans. Il m'a force parce que j'ai refusé. Il vient de se faire opérer trois jours avant cela. C'est pour ça que j'ai refusé. Malgré son opération récente, il a tenu sa promesse.J'ai rassemblé toute mes petites forces pour protester mais ce n'était rien face aux sien. On traverse tous les boutiques du contre commercial, lui qui me portait, moi sur son dos.

C'était un geste simple, mais qui en dit long sur sa loyauté et son engagement envers moi. Je sais qu'il tiendra toujours sa promesse d'être à mes côtés, quoi qu'il arrive.

Je n'arrive pas à cacher ma joie quand Marc m'a dit qu'il m'emmènera avec lui au États-Unis. Ça fait quatre ans qu'il étudie là-bas. J'ai toujours voulu y allée mais je n'ai pas pu à cause de la maladie de Samy. Mes derniers trois ans je les ai passée avec lui à l'hôpital, à la maison, au centre commercial, au terrain de basket ou à l'église.

On adorait rester à la maison pour cuisiner ou faire des jeux vidéo. Nos compétences sont similaires au jeux vidéo. C'est pour ça qu'il n'y a presque jamais de gagnant. Habituellement, le score est toujours le même. On a décidé plus tard que celui qui gagnerait choisit le film à regarder. On n'a jamais eu d'amis lui et moi, c'est pour ça qu'on jouait toujours seul tous les deux au basket. Je ne gagnais jamais contre lui. La taille compte beaucoup à ce sport c'est pour ça que c'est toujours moi la perdante. Mon un mètre soixante-treize ne compte pas à son um mètre quatre-vingt-douze. Il me dépasse de deux têtes. Nous allons toujours à la messe le dimanche. On prend les cinq premières minutes toutes les heures qui passe pour prier qu'il guérisse chaque jour. Mon sourire fane en souvenant de lui. Est-ce que je peux lui laisser seul ici. Je ne sais même pas combien de temps je vais rester au États-Unis. Mais il m'a dit la dernière fois qu'il faut que je vive ma vie. Je ne peux pas avancer si je reste ici. Tous ce que je vois ici me fait penser à lui. La cuisine qu'on passe tout le temps qu'on veut manger quelques chose, l'église qu'on passe chaque dimanche, le centre commercial pour acheter nos nouveaux jouets, le terrain de basket ou nous jouons tous les samedis même cette balançoire flétrie dans le parc me rappelle de lui. Je dois vraiment partir si je veux avancer seul sans lui. Je vais lui parler avant de partir.

La porte s'ouvre sur ma mère. Son regard semble inquiète. C'est étrange ça. Maman et l'inquiétude, c'est vraiment deux choses qui sont loin l'une l'autre. Elle me sourit en nous approchant. Je voix ses larmes qu'elle essaye de ravaler. Waouh ! Il se passe quoi la ? Vous croyez que ses yeux sont gonflés à cause de moi ? Parce que moi, je ne le crois pas du tout. Elle s'arrête à un mètre de moi. Je sais qu'elle attend que je l'invite à s'approcher de moi mais je ne fais pas. J'attends juste ce qu'elle va dire ou faire.