Chapitre 8

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Je n'arrive pas à fermer l'œil. La respiration Clément m'indique que lui non plus, il ne dort pas mais aucun de nous deux ne dit un mot. Dehors, la tempête fait rage. Le tonnerre éclate sans discontinuer et le sifflement du vent à travers les arbres ne cesse de se faire entendre.

Je me retourne pour trouver une position confortable et je me mets sur le ventre avant de passer mes bras au-dessous de ma tête mais je sens quelque chose d'humide sur mes doigts. Je me fige quelques instants et tâte le tissu. Effectivement, mon oreiller est mouillé et froid.

Du sang.

Ma respiration s'éraille tandis que j'assimile l'information. Mon front saigne à nouveau et le sang a littéralement imbibé ma taie d'oreiller. Pourtant, ce n'était qu'une petite coupure. Je me redresse d'un seul coup et une froideur s'empare de moi.

« Qu'est-ce que tu fais ? Murmure la voix rauque et endormie de Clément. »

Mais je suis incapable de répondre. Mon corps entier se met à trembler à l'idée que je sois en train de me vider de mon sang. Un flash apparaît devant mes yeux tandis que je me revois dans la tente balancée dans tous les sens à cause du vent et j'entends à nouveau l'horrible craquement que l'arbre a produit lorsqu'il est tombé.

« Lila, qu'est-ce que tu fais ? Répète Clément qui s'est relevé à son tour.

- Mon front s'est rouvert. Il y a du sang partout, parvins-je à articuler.

J'entends Clément se relever et il allume la lampe de chevet. Je ferme les yeux, bien trop craintive de découvrir le sang dans mon lit puis je sens mon lit s'affaisser à côté de moi et je comprends que Clément est à mes côtés.

- Je vais t'enlever ton pansement, dit-il d'une voix douce.

Je hoche lentement la tête, la respiration courte, puis je sens ses mains retirer mon pansement d'un coup sec. Je ne bronche pas : je suis habituée à la douleur. Clément m'annonce alors :

- Oh Lila, c'est vraiment très grave ! Tu as perdu beaucoup de sang...

- Quoi ?!

Tout un scénario se bouscule alors dans ma tête. On ne peut pas appeler les pompiers maintenant, ils ne viendront jamais par cette tempête, et si jamais ils parviennent jusqu'ici, ils ne pourront sûrement pas me transporter à l'hôpital alors je...

Mon flot de pensée est interrompu par Clément qui éclate de rire d'un seul coup. J'ouvre les yeux : il est assis en tailleur en face de moi et se tient le ventre tellement il rigole.

- Non mais ça te fait rire ?! Je veux bien que tu me détestes mais de là à trouver ça drôle, c'est vraiment déplacé. Je vais me vider de mon sang ! Répondis-je soudainement très en colère.

- Tu ne vas pas te vider de ton sang, Lila.

- Quoi ? Mais tu viens de dire que...

Et, dans son œil rieur, je comprends que je me suis faite avoir. J'ouvre la bouche de surprise et, devant ma réaction, le rire de Clément redouble. Je lui donne une tape sur l'épaule :

- Non mais tu te crois drôle ?!

- Si tu voyais ta tête !

Je tourne la tête vers mon oreiller et, effectivement, il n'est pas couvert de sang.

- Tu t'es couché les cheveux mouillés, m'explique Clément.

D'un seul coup, je me sens ridicule. Tellement ridicule que l'hilarité de Clément me gagne. Nous rions ensemble pendant des minutes entières si ben qu'au bout de quelques minutes, nous oublions pourquoi nous rigolions à la base. Mon ventre me fait mal mais c'est une bonne douleur. Pour la première fois, Clément se laisse aller. La pression se relâche d'elle-même.

Cœur de selOù les histoires vivent. Découvrez maintenant