Chapitre 21

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« Tiens, tu as un thé chaud ici et je t'ai commandé à manger.

Clément s'agite autour de moi depuis bientôt dix minutes et je le sens à l'affût de la moindre chose : il réajuste la couverture sur moi, surélève encore ma cheville, place un nouveau coussin du canapé dans mon dos... J'ai vraiment l'impression d'être une assistée.

- Calme-toi, Clem. Je me sens bien, là !

- Tout à l'heure je te mettrais ta crème, c'est important. Tu as mal ? Tu veux tes cachets ?

Tandis qu'il passe à côté de moi, je lui attrape le bras pour qu'il arrête de s'agiter.

- Ça va ? Me demande-t-il avec la voix pleine d'angoisse. Tu as besoin de quelque chose ?

- De toi.

J'enlève le coussin coincé dans mon dos, le jette par terre, puis j'attire Clément à moi. Il s'assoit alors sur le canapé avec précaution et mon dos vient se blottir perpendiculairement à son corps. Ma tête vient trouver sa place dans le creux de son épaule tandis que son bras passe entre le canapé et mon corps pour venir se poser sur mon ventre. Je soupire d'aise.

- Là, ça va beaucoup mieux, déclarais-je.

- Tu m'as fait peur, tu sais. Des coups de téléphone comme ça, je ne veux plus jamais en recevoir de ma vie.

- Je suis désolé...

- Ce n'est pas ta faute, mais je suis très content que tu n'aies rien. J'ai vraiment cru qu'il t'était arrivé quelque chose.

- Tu as dit quelque chose à l'hôpital, murmurai-je presque honteusement. Et si tu veux, on peut faire comme si tu n'avais rien dit.

- De quoi tu parles, exactement ?

- Je sais que c'était intense. J'avais peur, tu avais peur et parfois, dans ces cas là, nos mots dépassent nos pensées sous le coup de l'émotion, on regrette et...

- Lila, dit le.

Le fait de ne pas voir son visage m'aide à être plus rationnelle. Lorsque mes yeux plongent dans les siens, j'arrête complètement de réfléchir mais là, j'ai besoin d'être clair dans mes mots.

- Tu as dit que j'étais ta copine.

- C'est ça qui t'angoisse ?

- Je ne sais pas. On n'a jamais posé de mot sur ce qu'on était.

- Et tu as besoin qu'on le fasse ?

Ses doigts se mettent à tracer des cercles sur mon ventre à travers mon pull et je me sens devenir nerveuse tandis que je reconnais :

- Peut-être, oui. La dernière fois, je me suis emballée et on sait tous les deux comment ça a fini...

- Qu'est-ce que tu veux, Lila ? Raille-t-il. Que je te fasse passer un petit mot avec écrit « tu veux sortir avec moi ? » et où tu devrais cocher la case oui ou non ?

Le rire qui accompagne la fin de sa phrase me braque complètement. Clément se moque de moi alors que j'essaie tant bien que mal de m'ouvrir à lui.

- Laisse tomber, dis-je en croisant les bras avec une moue boudeuse.

- Oh, c'était juste une blague.

- Je suis ravie que ça t'amuse.

- Lila...

- C'est bon, oublie ça. On baise et c'est tout, hein ?

Bon, c'est un peu nul de ma part, je le reconnais mais sa réaction me fait regretter d'avoir voulu officialiser les choses. J'aurais dû garder ses paroles pour ce qu'elles étaient : des mots prononcés dans l'angoisse d'une chambre d'hôpital. Là, je me sens ridicule et honteuse et si j'avais pu me déplacer librement, j'aurais probablement pris la fuite.

Cœur de selOù les histoires vivent. Découvrez maintenant