Double vie

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"Tu m'as sauvé d'une fin qui allait être aussi douce que du coton sans imaginer qu'un seul souffle ici-bas brulait une partie de moi. Je t'aime, je te déteste, mon corps veut de toi pour se perdre dans tes caresses qui me volent des minutes de moi."

Il y a quelques années

Les deux compagnons se sont rencontrés un soir d'hiver dans un parc de la ville. Tout était triste et terne ce jour-là, les feuilles fanées par la pluie étaient tombées et les arbres ressemblaient à des cadavres squelettiques.

L'ambiance était étouffante, à la fois lugubre et morbide. La brume épaisse commençait à tomber et le froid faisait trembler les mains de Kenneth qui ne portait pas de gants ce jour-là, abandonné à l'idée de cacher les marques de son passé.

Il était 19 h et déjà le ciel était devenu noir.

La pauvre femme, assise sur un banc, un blouson rouge, des boites noirs, portait un bonnet en mail marron qui fessait ressortir la couleur claire de ces yeux et les larmes qui y sortaient.

Le regard vide a pensé à toutes ces années de perdu avec des hommes qui ne voulaient rien d'elle. Elle ne valait rien à leurs yeux et ne savait plus comment faire pour être aimée.

C'était le genre de femme à ne pas pouvoir vivre seule.

Kenneth, lui, venait de perdre Elijah, encore une fois, depuis des jours, il errait sans but dans la ville à ressasser leurs dernières disputes, mais lorsqu'il la vit au loin, il ne put s'empêcher de l'observer avec attention.

L'espace d'un instant, il crut voir un fantôme, comment cette femme pouvait autant ressembler à cette personne du passé.

Il s'efforça de voir dans ce paysage autre chose qu'un signe de Dieu, mais il était trop tard.

À quelques mètres l'un de l'autre, leurs yeux se croisèrent. Ils avaient le regard vide, l'un à cause de son amour parti et perdu.

L'autre par dépit de son inutilité.

C'est alors que Kenneth prit conscience de sa faiblesse. Il avait besoin de quelqu'un qui ressemblait à cette femme qu'il avait tant aimée pour enfin pouvoir retrouver une bonne foi pour tout Elijah.

Il avait trouvé la sienne, la copie, la désespérée, la vaincue. Il n'aurait aucun effort à fournir ni même à se plaindre.

Ce genre de femmes attendait un sauveur, un homme qui allait prendre en charge chaque parcelle de sa vie.

Ils se retrouvèrent face à face, la jeune femme releva la tête et lui sourit, c'était un sourire angélique, Kenneth n'en avait pas vu sur une femme d'aussi magnifique depuis bien longtemps, depuis Maddy.

Alors, il s'approcha, lui tendit la main.

Hésitante au début, elle finit par poser sa main sur la sienne, ne faisant pas attention aux cicatrices sur celle-ci.

— Nous ne serons plus seuls à présent, viens avec moi. Lui dit-il doucement.

Choquée par cet homme, elle lâcha sa main une fois levé, il s'éloigna sans se retourner, mais se stoppa quand elle prononça ces mots.

— Je .. Je ne peux pas venir avec vous, je ne vous apporterai rien de bon, je ne peux pas avoir d'enfants.

Kenneth se retourna et plongea les yeux dans les siens.

— Je ne veux pas d'enfant, je te demande juste de faire ce que je te dis, de m'obéir et tu ne seras plus seul.

Dans la voiture, il lui proposa hâtivement de vivre chez lui, dans sa maison, qu'il se marierait au bout de quelques années et qu'il ne voulait pas d'enfants.

Attends moi la haut [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant