Chapitre 21 : Une douleur inattendue

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Jessica

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J'ai déposé la rose sur la table de mon salon. Mon attention s'est reportée vers l'enveloppe que je tenais dans ma main droite. Je me suis empressée d'enlever ma veste, mon pantalon et mes chaussures afin de me mettre à l'aise. Une fois assise sur mon canapé, recouverte de mon plaid, j'ai déchiré avec hâte le papier collé pour en extraire son contenu. J'ai retrouvé devant moi cette écriture devenue familière, dessinant un sourire sur mes lèvres. J'ai entamé la lecture avec concentration, du premier mot au dernier. Et j'en suis ressortie avec une boule au ventre. 

Comment des mots peuvent autant me faire de bien que de mal? Tout ça, c'est de ma faute. Je sais pourtant pertinemment que cette situation n'est qu'éphémère, que ce bien être n'est que passager, que ces paroles n'existeront plus qu'à travers ces feuilles. Un jour, une de ces lettres sera la dernière que je recevrai de sa part. Mais je ne connais simplement pas la date exacte de cette fin. 

Qu'est-ce qui a bien pu me permettre de ne pas penser à ces choses pourtant bel et bien factuelles ? Je ne peux pas lui en vouloir, car c'est la vérité. Nous ne devons pas avoir d'attaches, car cela rendrait les choses bien plus difficiles. Il a raison, je devrai me contenter d'avoir sa pleine écoute, profiter de lui parler en toute sincérité de mes pensées avant qu'il ne soit trop tard. Une occasion pareille ne se reproduira plus. 

Je n'y ai pas encore réfléchis, mais lorsque cette correspondance s'arrêtera, je ne pense pas vouloir recommencer avec une autre personne. Je n'en ai aucune envie, et je risque de m'épuiser émotionnellement parlant. 

Je regarde de nouveaux ces mots couchés à l'encre noir. Cette écriture masculine dont chacune des phrases ont été réfléchies avant d'être posées. Et je lui en suis reconnaissante. Alors, je vais faire de même et faire la part des choses. 

Il commence à se faire tard, le sommeil se fait légèrement ressentir, mais je ne peux pas attendre d'écrire ma réponse. De plus, demain est un jour de repos pour moi, alors c'est une raison de plus pour me lancer. 

J'effectue ma routine habituelle : prendre de quoi manger avec moi, sortir mon nécessaire d'écriture. Cette fois-ci, je décide de mettre un peu de musique douce en fond afin de me tenir compagnie. Et cette fois-ci également, j'ai accompagné mon rituel d'un verre d'alcool fort. Je ne le sortais qu'en cas de grande occasion, ce n'était pas particulièrement le cas aujourd'hui, mais j'en avais besoin. Je n'avais pas l'habitude de ce type d'alcool, alors quand je l'ai avalé d'une traite, il n'a pas fallut plus d'une dizaine de minutes pour que ça me monte à la tête. Je me sentais maintenant plus confiante pour écrire une réponse.

"Alec,

Nous sommes le 14 Juin, fin de soirée. Il est tard. J'ai trouvé ta lettre après être rentrée d'une petite soirée au bar. Je l'attendais impatiemment, comme d'habitude. 

Je me trouve à mon bureau, accompagnée de musique et d'un verre de whisky. Je lis tes mots, et je te souhaite de pouvoir réaliser tes envies le plus rapidement possible. Je sais que ce n'est pas simple, alors prends sur toi un maximum, ce jour arrivera vite. Et comme tu le dis si bien, un jour, tout ça sera derrière toi. Tu pourras reprendre le cour de ta vie et tenté d'effacer tout ce que tu as pu vivre dans cet endroit. 

J'ai bien conscience que ces échanges que nous avons ne sont que momentanés, ne t'en fais pas. Une fois que tout ça sera terminé, tu pourras faire une croix sur tout ce qu'on a pu se dire, sans aucun regret, et j'en ferai de même. Merci pour ce que tu m'apportes actuellement. En attendant, je suis ravie de pouvoir t'aider à traverser cette épreuve de ta vie.

Je ne m'attache pas à toi, promis. Je serai simplement une oreille qui puisse t'écouter tant que tu en auras besoin. Sans retenue et sans tabous. Tu peux me parler de tout ce que tu souhaites. Et je ferai de même. D'ailleurs, j'aimerai avoir ton avis: qu'est-ce que ça signifie pour toi d'avoir l'impression d'être épiée dehors et de recevoir une rose sur le pas de sa porte sans avoir la moindre idée de la provenance ?"

L'alcool m'est vraiment monté à la tête, pour quelle raison je lui parle de ça ?

"J'hésite entre de la paranoïa ou des doutes fondés, mais j'avoue que c'est flippant. Je vais rester sur mes gardes et mener mon enquête, j'aurai bien le fin mot de l'histoire. 

En parlant de William, je l'évite depuis la dernière fois, et il ne veux pas lâcher l'affaire. Il persiste à vouloir s'expliquer avec moi. Je vais devoir prendre le choses en main et régler tout ça. Je vais le faire. Rapidement. Affronter ses "sales pattes", comme tu le dis. Il a l'air de regretter. On verra ce qu'il a à me dire.

Sinon, merci pour ces compliments. J'aurai aimé qu'un homme me fasse ressentir les choses comme tu me les décris. Qu'il puisse faire ressortir le meilleur de moi, et moi le meilleur de lui. Mon amie est sur la bonne voie. Elle a rencontré un "dieu grec" selon ses dires, ça a l'air de plutôt bien matcher entre eux. Je suis heureuse pour elle. C'est dans ce genre de situation que j'aurai aimé avoir aussi le miens... Tu penses que dans une autre vie tu aurais pu être... le miens ? J'aurai voulut avoir pu découvrir de moi-même ce physique aguicheur. J'aurais pu te montrer à quel point je suis douce, charmante, aimante..."

Suis-je folle ???

"Un petit informaticien qui travaille pour la sécurité, une sacrée responsabilité. Tu penses pouvoir reprendre facilement tes fonctions une fois sorti de là? Je te le souhaite, si c'est ce que tu désires. 

Tu penseras à moi quand tu mangeras ton premier repas en sortant. Rattrape tout ce temps que tu as dû mettre entre parenthèses. Profites de la vie. Des femmes. De tes amis. De ta famille. De tout.

Pour mes jours off, je n'ai pas encore décidé ce que j'allais faire ni quand je vais le faire. Je déciderai ça à la dernière minute, sans doutes.

Sur ceux, je te laisse, beau brun. Je t'imaginerai dans mes pensées jusqu'à nos derniers moments,  jusqu'à que mes souvenirs de toi s'effacent. 

Et à bientôt, Alec. 

Jessica."

Je me sens enivrée. Je n'arrive pas à croire ce que j'ai écris et pourtant, je ne le regrette pas ! Je suis sortie avec hâte pour poster cette lettre dans l'endroit le plus proche, je n'avais pas envie d'attendre le lendemain, fini d'être réservée avec cet homme qui n'existe pas physiquement dans ma vie. Je serai honnête avec lui jusqu'à la fin de tout ça. 

Après avoir fait ma routine du soir, j'ai rejoins rapidement les bras de morphée, l'alcool m'aidant dans cette sensation de pesanteur. 

Lorsque je me suis réveillée, la honte s'est emparée de moi. Avoir été si ouverte alors que ce n'est pas dans mes habitudes, quelle idiote ! Il risque de prendre peur, me prendre pour une cinglée et décidé de ne même pas me répondre ! Je prends une grande respiration et décide de me changer les idées en allant courir un peu. Je répond à un sms de Monica avant de m'apprêter.

Une brassière noire, un legging de la même couleur, une bonne paire de baskets confortables. J'ai enfilé mes écouteurs en mettant mon portable dans le brassard positionné sur mon bras gauche. Le soleil éclaire la ville, l'air matinal est agréable et doux. J'ai pris soin de manger un fruit et de boire un thé avant de sortir, pour éviter que le jogging ne se finisse mal. 

Déterminée, je sors de mon domicile, le fermant à double tour avant de m'engager sur le trottoir. Je cours d'une allure régulière avant d'atteindre les bords de plage. Je décide d'y faire un stop en m'asseyant dans le sable qui a encore une température acceptable. J'en profite pour m'acheter une bouteille d'eau afin de m'hydrater en conséquence. Alors que je suis perdu dans mes pensées, regardant la mer au loin, une ombre vient se positionner devant moi. Je lève les yeux, intriguée. 

-"Salut, Jess."

Mon sang ne fait qu'un tour. Je réplique.

-"Qu'est-ce que tu fais là ?!"

They Say He Is Too BAD (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant