Chapitre 10: Le facteur est passé

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Jessica

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Quatre jours se sont écoulés depuis que j'ai envoyé la lettre à la prison fédérale. Je n'ai pas eu de retour. Et si la lettre s'était égarée? Ou alors, elle a peut-être été refusée? Ou alors... La personne qui a lu ma lettre n'en a pas voulu... Je suis un cas trop désespéré, c'est ça? En même temps, l'article n'a pas précisé le délai d'attente pour recevoir la lettre. Si ça se trouve, il est d'un mois... Pffff. Je ne sais même pas si c'était une bonne idée de faire ça. Je vais finalement peut-être regretter tout ça, qui sait? J'en aurai le cœur net seulement lorsque j'aurai la lettre entre mes mains, à condition qu'elle arrive un jour. 

Je commence mon service à onze heures. Il est actuellement huit heures, et je suis entrain de grignoter quelque chose que l'on peut apparenter à mon petit déjeuner. Je n'ai pas eu de nouvelles de William, je ne l'ai pas croisé non plus... Je crois que j'ai compris le message. Il a quelqu'un dans sa vie, ou alors il s'est rendu compte que je ne lui plaisait pas autant que ça. Avec un esprit tordu, je pourrai même me dire qu'il s'agissait d'un pari avec ses collègues... C'est dur à croire, mais je préfère m'imaginer toutes les idées possible, jusqu'à les plus inimaginables, pour évité de tomber de haut.

J'ai fini de me préparer à neuf heures. Maintenant, je n'ai plus qu'à tuer le temps... Je regarde la télé en attendant de partir. Je suis absorbé par l'émission quand j'entends mon téléphone vibrer. Qui est-ce que ça peut bien être?

-"Allo?"

-"Oui ma chérie, comment ça va?"

-"Ah Louisa... Je vais bien." Mensonges. "Et toi, alors?"

-"Écoutes, tout va bien! Alejandra va bientôt passer ses examens! Je l'oblige à rester à la maison, il faut qu'elle étudie si elle veut réussir, et pas qu'elle sorte avec ses copines!"

J'entends ma cousine crier un "MAMAN!" d'agacement à l'autre bout du téléphone... Je ris en repensant à ces bons moments, lorsque j'habitais encore avec elles, il y a quelques années de ça... J'étais heureuse, à cette époque, je n'avais pas tous ces problèmes qui me tourmentent. Je me rappelle encore lorsque j'étais à la place d'Alejandra, jeune adolescente, et prête à commettre des erreurs tous les trois quarts d'heure. La pauvre Louisa! Je pense avoir été au bord de lui provoquer une hausse de tension plus d'une fois! Mais je me suis assagi avec le temps, et grâce à l'écriture, Louisa avait des moments de répit, elle savait que ça me calmait quand il le fallait. 

-"Il faut tout de même la laisser respirer. Si elle travaille trop longtemps sans se changer les idées, elle n'arrivera plus à réviser. Tu peux me croire, tu te rappelles de quand je suis passé par là, non?"

-"Oui je sais, mi bella, tu dois avoir raison... D'ailleurs, je devrai t'écouter, vu que cette jeune fille à choisi les mêmes études que toi! Voilà qu'on aura deux infirmières dans la famille, bientôt! Je ne vois pas le temps passer... C'est affreux. D'ailleurs, quand est-ce que tu passes nous voir? La dernière fois que tu es venue, c'était il y a un an!"

-"Je sais... Tu sais que je ne suis pas souvent disponible, et avec les horaires que j'ai, je suis tellement fatiguée... Mais je te promets de venir passer une semaine avec vous dès que je pourrai, d'accord?"

-"Oh oui, tu as intérêt! Sinon, je viendrai te chercher par moi même, s'il le faut!"

Je ris à pleine gorge; j'adore ma tante, elle est adorable et elle sait me remonter le moral quand il le faut. 

-"Sinon, tout se passe bien? Le travail, les petits copains..?"

-"Louisa! Je n'ai pas petit copain. Et oui, tout se passe bien au travail. Je t'assures! Tout va bien." Tu mens à moitié là...

-"Bon, tant mieux ma chérie! Je voulais juste avoir de tes nouvelles. Si tout va bien, je suis rassurée. Bon, je vais te laisser! Je dois aller faire du ménage et m'occuper du repas pour ce midi... Et viens vite nous voir! Bisou."

-"Oui, ne t'inquiètes pas. Bonne journée, bisou."

Je raccroche et pose mon téléphone sur la table basse. Je me lève pour aller chercher un verre d'eau dans la cuisine, je meurs de soif. Après m'être servi, je bois comme si je n'avais pas bu depuis plusieurs jours! Alors que je descend ma boisson, j'entends un bruit dans l'entrée. Qu'est-ce que c'est? Je pose mon verre dans l'évier et m'avance pour passer la tête dans le couloir, en regardant en direction de la porte. Du courrier au sol... Le facteur vient de passer. Deux lettres sont à terre, sur le paillasson intérieur. Je les ramasse et vais m'asseoir sur la table de mon salon. La première est une enveloppe avec une proposition de crédit. Non merci, je n'en veux pas. La deuxième est une enveloppe blanche, où mon adresse et mon nom sont tapés sur une étiquette blanche. Je peux voir sur la timbre un cachet. Il est écrit "Prison Fédérale de Floride".

Oh mon dieu... OH... MON... DIEU! Est-ce que c'est bien ce que je crois? Je regarde la lettre et je souffle un bon coup. Je ne m'y attendais pas. C'est bizarre de voir qu'une simple lettre peut me faire ressentir un tel état d'excitation. Est-ce que c'est normal? Mais attends... C'est peut être pour me notifier qu'ils ont bien reçu ma lettre, ou alors qu'il la rejette... Je dois en avoir le cœur net. J'ouvre le haut, et plonge mes doigts pour en ressortir plusieurs feuilles. 

Je déplie les papiers qui sont pliés en deux. Une lettre faite sur ordinateur se présente devant moi. Un message de la prison.

"Mademoiselle Evans, 

La prison fédérale à reçu votre lettre, écrite dans le cadre du "programme de correspondance avec un détenu de la prison de Floride". 

Nous vous remercions de votre participation, et avons le plaisir de vous informer que votre lettre a été acceptée dans le cadre du programme. 

Un numéro de correspondance vous a été attribué, il remplacera dorénavant votre nom, prénom et adresse sur vos enveloppes. Votre numéro est le: 1450.

Merci de l'utiliser afin de faciliter les échanges, et pour garantir votre confidentialité. 

Nous espérons que votre expérience sera concluante, et nous vous rappelons qu'il est possible pour vous de mettre fin à cet échange à tout moment, en nous adressant une lettre de rupture. 

Nous vous rappelons également qu'il est nécessaire que vous ne mettiez aucune information personnelle susceptible de vous identifier. 

Cordialement,

Le directeur de la prison fédérale de Floride.

PS: Veuillez trouver ci-joint la lettre du détenu N°215, ainsi que une enveloppe pour votre lettre de retour."

Elle est enfin arrivée, ça y est! Je dépose la feuille d'informations devant moi, pour ne garder que les deux feuilles suivantes dans mes mains. C'est une écriture... Lisible. Je ne dirai pas qu'elle est soignée, mais elle est unique: je peux d'ors et déjà voir en survolant le texte que cette personne a acquis des techniques qui la rend identifiable parmi tant d'autres. C'est écrit au stylo bille noir. C'est ordonné et sans fautes visibles.

Après une énième profonde inspiration, je débute la lecture...






They Say He Is Too BAD (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant