Chapitre 17 : Retour en enfer

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Alec

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Nous sommes le 5 Juin. J'attendais impatiemment de recevoir sa lettre. Ces derniers temps, je suis passé à la bibliothèque à plusieurs reprises pour vérifier si c'était le cas. Les jours m'ont semblé longs. Et c'était enfin le bon aujourd'hui. Chaque minute que je passe entre ces murs semblent interminables. Je suis donc parti récupérer mon bien après mon travail à la laverie. 

Je suis passé par ma cellule afin de me munir de feuilles et d'un stylo pour pouvoir lui répondre, puis je suis sorti dans la cour. Il faisait frais ces derniers temps mais le climat de la Floride s'est bien adoucit à présent. L'été arrive à grands pas. J'aurai bien aimé le passer dehors, mais il me reste encore quelques mois à purger. 

Je m'installe sur un banc en retrait, sous une douce brise et quelques rayons qui me réchauffent la peau. Ces instants privilégiés, je ne m'en rendais pas compte avant. C'est ironique de devoir être dans les pires situations possibles pour se rendre compte de la chance qu'on a d'avoir certaines choses, même les plus simples. 

Je me décide enfin à ouvrir la lettre, enfin, "ouvrir" est un grand mot, vu qu'elles sont systématiquement vérifiées en amont. Merci l'intimité. Je plains ceux qui reçoivent des courriers de leur femmes en manque. Je déplie le papier, toujours aussi ravi de voir cette belle écriture. 

Je me surprend à me demander de nouveau à quoi elle ressemble. Jessica. Sa description reste vague et pourtant je passe des heures à regarder le plafond dans mon lit, à essayé d'imaginer une fille dont je n'ai même jamais entendu la voix. Je me sens souvent stupide ces derniers temps. Qu'on se disent clairement les choses : je porte de l'intérêt à une femme que je n'apprends à connaître qu'à travers ses mots. 

Je me plonge dans ma lecture tant attendue. Elle semble tellement indulgente envers les autres. Si elle savait la raison de ma présence dans cet endroit, elle n'aurait plus de doutes envers moi, ni son foutu William qui a essayé de l'embrasser. Pour autant, c'est quelque chose qu'elle ne saura probablement jamais. Je ne suis certainement pas quelqu'un de malintentionné, mais je ne suis pas une personne saine.

Elle me parle de sa famille... Ah, la famille ! De mon côté, je considère ça comme un sujet sensible. La preuve: en deux ans passés ici, je n'ai eu aucune visite d'eux. Je ne m'attendais pas à plus de leur part. 

Ses paroles remontent mon estime de soi, c'est certain. Elle me montre que je suis un être humain et non un rejet de la société. Elle tient tête à des gens comme son connard de docteur qui ne vaut même pas la peine d'avoir son attention. Mais quand j'y pense, je me demande si ce qu'elle fait pour moi en vaut le coup ? Elle ne devrait pas me mentionner, pourquoi le fait-elle?

Je ne suis que de passage dans sa vie, qu'une ombre qui disparaîtra lorsque je franchirai la porte de sortie de cet enfer. J'ai peur qu'elle ne fasse une erreur en parlant de moi, qu'elle s'attire les foudres des autres. Ils ne la comprendront jamais. Je le sais car ça aurait été mon cas si j'avais vu cette situation de l'extérieur. 

Ne sait-elle pas tout le bonheur que ses mots me procurent, pour me dire que je n'ai pas besoin de sa présence ? Merde, oui, ça j'en ai besoin, et je déteste me l'admettre. Qui aurait cru qu'un grand garçon comme moi, Alec, se retrouverai à avoir besoin d'une femme dont il ignore tant de choses ? Putain, qui es tu, Jess ?

Lorsque je me décide à relever la tête, j'aperçois au loin cet enfoiré de Gomez et sa bande de toutous me scruter tout en parlant. Qu'est-ce qu'il me veut encore celui-là ? Je sens qu'il prépare encore un sale coup, je ferai mieux de rester sur mes gardes avec lui. Au bout de quelques minutes, ils sont rentrés à l'intérieur. Je vais enfin pouvoir écrire ma lettre tranquillement. Cette fois-ci, je n'ai pas oublié de me prendre un livre pour me servir de support. Je me lance.

"Le 5 Juin,

Jessica, j'espère que tu vas mieux. J'ai attendu chaque jour ta lettre, je l'ai reçu aujourd'hui. Je suis parti prendre un peu l'air pour la lire. Il fait bon dehors et le soleil est agréable, ça fait plaisir.

Je me demande ce que tu fais actuellement ? J'ai hâte de pouvoir reprendre le cour de ma vie. Faire des choses simples. Toucher de nouveau à un ordinateur, aussi. J'essaye de ne pas avoir ce genre de pensées intrusives, de les repousser un maximum. Un jour, je pourrai laisser cette horrible expérience derrière moi. 

Sache que tu me fais supporter mieux cet endroit. Tu es autant un soutient pour moi que j'ai l'air de l'être pour toi. En soi, ça n'a pas trop d'importance que tu le saches, mais je n'ai aucune raison de mentir sur ce que je te dis. Nous n'allons jamais nous croiser, alors j'espère que tu comprends que tout ce que je te dis est véridique. Et j'espère aussi que tu comprends que tout ça n'est qu'éphémère. 

Je ne veux pas te faire de mal en te disant ça, juste remettre les choses en ordre. Ne t'attache pas à moi, s'il-te-plaît. Considère moi comme un chapitre de ta vie. Tant qu'on le pourra, je serai là pour toi, et tu le seras pour moi. 

Je refuse de croire que tu n'es pas une femme forte, douce, drôle, charmante, aimante. C'est l'impression que tu me renvois depuis notre premier échange. Tu as selon moi tout d'une personne idéale. Alors, je voudrais que tu ne doutes jamais de toi. Fais ça pour moi. 

Je souhaite que tu puisses avancer dans ta vie à ton rythme, que tu prennes le temps de t'entourer de personnes qui te correspondent et qui valent la peine que tu leurs accordent de l'importance. Pas comme ce "William" qui ne fait clairement pas parti des gens qui doivent avoir ce privilège. Du moins, ce n'est que mon avis personnel. J'ai l'impression qu'il te considère un peu comme acquise. Préserve toi de ses sales pattes. 

Sache que le moindre mot qui sort de ton esprit m'intéresse, ne te gêne pas pour parler de tout ce dont tu as besoin, libère toi. Tu devrai profiter de pouvoir t'évader quelques jours, je pense que ça te feras aussi le plus grand bien. Tu sais déjà où tu veux te rendre ? 

Sinon, pour faire bref, mon poste consistait à assurer la sécurité du réseaux interne d'une entreprise. C'est sympa, du moins pour moi. 

La première chose que je veux faire en sortant ? Je n'y ai pas vraiment réfléchit pour le moment. Sans doutes manger de la vraie nourriture. Ici, c'est pas terrible. 

Moi un égo surdimensionné ? J'aurai voulut te montrer dans la vraie vie qu'il n'y a rien d'abusé sur mon "physique aguicheur", demande donc aux policiers, ils pourront te l'affirmer ;-) .

Merci à toi Jess. Pour tout. Et à très vite, je l'espère. 

Alec."

Je me maudit en silence d'avoir écris ces mots. Je n'ai pas le choix que de créer une barrière entre elle et moi, et ça malgré moi. Tout semble tellement fluide entre nous, même trop fluide. Je ne veux pas qu'elle se fasse de faux espoirs, je ne veux pas la blesser. 

Je déteste me l'avouer, mais je crois bien que je ne veux pas me blesser non plus. C'est insensé, mais apprendre à connaître une personne comme nous le faisons actuellement est dangereux. Les liens se tissent plus vites, plus forts, alors que ça n'a ni queue ni tête. Nous ne sommes que deux êtres humains qui deviendront des étrangers, et c'est mieux ainsi. Je sais que je me mens à moi même, mais il ne peut pas y avoir d'autre option.

Jess, tu ne devrais pas parler avec un mec aussi mauvais que moi...


They Say He Is Too BAD (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant