Chapitre 20 : Un sombre passé

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Alec

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J'ouvre les yeux, l'aube qui se lève projette à travers les barreaux une faible lumière dans la pièce. Des souvenirs prennent place dans mon esprit. Quand j'y pense, rien n'aurait pu prédire que ma vie allait prendre cette tournure là. 

Enfant, j'étais le petit Alejandro discret, celui qui était bien vu par le corps enseignant. Mes parents ont tout fait pour que je soi une réussite dans les moindres détails. Ils ne supportaient plus cette vie dure et injuste. Alors, ils ont tout donné afin que je soi brillant et que je le reste. Mon destin était déjà entre leurs mains, tout était déjà tracé. J'enchaînais les cours particuliers, les activités extra-scolaires, les révisions. Je n'avais pas d'amis, ils me trouvaient trop renfermé et trop "intello" à leur goût. De mon côté, je ne cherchais pas non plus à plaire aux autres. 

Quand les autres découvraient leurs premières bêtises, leur premier amour, leurs premières fêtes, j'étais cloîtré dans notre appartement en piètre état, à tout donner de moi pour satisfaire mon père et ma mère. J'ai toujours été conditionné à donner ma vie pour accomplir ce qu'il manquait dans la leur. Ils ont bien essayé de faire la même chose avec mon grand frère, mais ça n'a pas fonctionné.

Lui, c'était l'inverse de moi. Depuis son plus jeune âge, il était un élément perturbateur. Il refusait de se laisser modeler à la guise des autres. Il se faisait réprimander chaque jour, mais ça l'importait peu. Je voyais bien qu'il ne se laissait pas atteindre par tout ça. Même une fois envoyé en pensionnat, rien n'a changé. Il a finit par partir de la maison définitivement le jour de ses dix-huit ans, bien qu'il n'était déjà plus vraiment présent. Il était la personne qui m'intriguait le plus , libre et vivant au jour le jour. 

Je ne comprenais pas pour quelles raisons il y avait cet écart entre lui et moi, mais je l'admirais pour ça. Je ne l'ai que très rarement vu après ça. En grandissant, je suis entré à l'université. Mes parents attendaient de moi que je soi avocat, un homme juste envers la loi et qui aide ses prochains. Mais j'ai compris que ce monde là n'était pas le miens. J'ai ressenti ce que mon frère a pu ressentir auparavant. J'ai commencé à me désintéresser de mes études, à lâcher un peu plus prise. J'ai découvert ma passion pour l'informatique à ce moment là. J'ai commencé à vivre, tout simplement. J'ai alors changé du tout au tout. 

Je suis devenu une personne ouverte, sociable, joviale, qui a confiance en soi. Je me suis fais pas mal d'amis, j'ai commencé à découvrir les femmes, j'ai brisé des cœurs... Je faisais parti des personnes les plus "populaires" sur le campus. J'ai été impliqué dans pas mal de bagarres à cette époque. 

Mes parents ont réussi à monter leur petit business dans l'achat/revente de biens. Ils ont su saisir la bonne opportunité et ont travaillé à la sueur de leur front. En une dizaine d'années, ils ont prit de la notoriété et ont pu ainsi associer leur nom à des personnalités publiques et toutes sortes de personnes richissimes. Ainsi, à l'heure actuelle, leur entreprise est cotée en bourse. Leur vie à radicalement changée. Et leur comportement aussi. En même temps, avec un fils comme moi, je les comprends. Le petit génie qui devient une plaie pour eux. 

Je leur ai imposé un changement de parcours qu'ils ont accepté sans grande difficulté, ça ne leur tenait plus vraiment à cœur que je soi un célèbre avocat, ni à moi d'ailleurs. J'ai pu obtenir mon diplôme et commencer la vie active malgré une vie plutôt mouvementée.

Quand mon frère à refait surface, c'est là où tout a basculé. Plus de nouvelles de lui depuis des années et voilà qu'il se pointe et qu'en plus il fout le bordel dans ma vie. J'aurai des choses à régler avec lui à ma sortie. 

Un garde qui passe en faisant danser sa matraque sur les barreaux me fait sortir de mes pensées. C'est l'heure d'entamer une nouvelle journée et d'écouter les histoires dingues de Barry. 

Sur le chemin entre le réfectoire et la laverie, je me fais tout à coup attrapé et tiré dans une pièce, un garde me menace en me disant de ne pas bouger de là. Quelques instants plus tard, Gomez fait son entrée accompagné de ses toutous. Putain, il a pas fini de me casser la tête celui-là ? Il dégaine son sourire dérangé avant de m'adresser la parole.

-"Ola, Wesker. Alors, comment ça se passe ici ?"

-"Tu m'as vraiment fais venir ici pour qu'on parle de la pluie et du beau temps ?"

-"J'essaye juste de faire preuve d'un peu de politesse avant la suite. Alors, tu as réfléchit à mon offre ?"

-"T'es vraiment entrain de me demander si je veux bosser pour toi ?"

-"Oui."

Le sérieux de son visage lorsqu'il a prononcé ce mot m'a fait froid dans le dos.

-"Je suis pas dans ces combines là, je l'ai jamais été et ça sera pas pour maintenant."

-"Tu sais, c'est quelques chose que je ne propose que très rarement. Tu fais parti des privilégiés. Je t'offre une place qui vaut cher. Je sais que tu en es capable. Je sais aussi que tes "capacités" peuvent nous servir, tu sais, des ordinateurs, on peut en avoir facilement. Tu auras tout ce que tu désires en contrepartie."

Comment est-ce qu'il sait ça lui ?

-"Je vois pas de quoi tu parles. Je suis clairement pas intéressé par ta proposition."

-"Oh, tu es sûr ? Le petit fils chéri de la famille Wesker ne veut pas rejoindre l'aventure ? Je devrai peut-être demander la permission à tes parents, ça pourrai avoir une mauvaise influence sur leur business, non ?"

J'essaye d'agir normalement, mais mon souffle se coupe. Il a beaucoup plus de ressources que ce que je pensais. 

-"Si tu penses que c'est un moyen de pression, alors tu te trompes. J'en ai rien à foutre. Je ne fais pas partie de ce monde là."

J'appuie mon regard dans le sien, en espérant que ça puisse le convaincre. Ses yeux se plissent et après quelques instants, il se redresse.

-"Alors tu n'es pas un fils à papa. C'est mieux que ce que je pensais. Mais... tu sais quoi? Je te laisse une dernière chance de réfléchir à ma proposition. Je saurai comment te convaincre, ne t'inquiètes pas. Je te conseille d'y penser fortement, mi pequeño."

Il a tourné les talons et est parti, suivi de sa bande. Qu'est-ce qu'il cherche à me dire ? Il veut pas lâcher l'affaire, c'est pas possible ! Comment je vais m'extirper de ce merdier ?

They Say He Is Too BAD (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant