Chapitre 10 - Falco

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Ma mère me manque. Enfin, pour être plus juste, la cuisine de ma mère me manque. C'est à peine mon troisième jour ici et je n'ai bouffé que de la merde. Des pizzas qu'on s'est faites livrer à l'appartement et de la bière bon marché. Je rêve d'être au cabaret ou chez moi, de me servir un des alcools forts que mon père garde dans son bureau et de m'installer autour de la table pour savourer un des plats maison de celle qui prend soin de nous chaque jour. Il va falloir que je me trouve un spécialiste de la cuisine italienne dans le secteur pour combler ce manque. Vite de préférence.

Je suis donc de mauvaise humeur en arrivant dans l'amphi où se déroule mon premier cours. Le petit-déjeuner a toujours été pour moi le repas le plus important. Et là, à part du café soluble, je n'ai rien avalé. D'habitude, j'ai toujours des cornettos garnis de confitures ou de crème qui m'attendent. Si je ne mange pas rapidement un truc bon, quelqu'un va en payer les frais.

Heureusement pour moi, ou pour elle, après cette première soirée festive, Irina est restée sagement à la coloc' le reste du weekend. Elle a passé plus de la moitié du dimanche à dormir. Quand elle a enfin montré le bout de son nez, elle nous a expliqué avoir fêté son départ un jour avant de venir ici et d'avoir enchaîné ainsi avec nous la veille, l'a complètement assommée. Je me suis retenu de lui dire que la quantité de cocktails qu'elle a descendue au bar devait aussi y être pour beaucoup. Son inactivité m'a permis de rester tranquille et de transmettre à mon beau-frère, Alessandro, les identités de Lily-Rose et de Jimmy afin qu'il procède à une vérification. Bien que je mettrais ma main couper qu'ils sont innofensifs. Jimmy m'a convaincu avec sa gifle qu'il était étranger à notre monde. Merde, même ma soeur Valentina, la fille la plus gentille de cette planète, filait de baffes plus puissantes que ça alors qu'elle avait à peine six ans.

Alors que je sors du cours soporifique donné par monsieur Anderson, aka j'essaie de vous effrayer en menaçant de vous virer si vous ne bossez pas comme des chiens, les quatre nanas qui ont tenté une approche dans l'amphi tout à l'heure reviennent à ma hauteur.

— Salut, m'alpague celle qui doit être la cheffe du groupe. Je suis Sarah.

Je hausse un sourcil pour toute réponse, mais elle ne se démonte pas. Elle enchaîne avec cet air enjôleur qui doit rarement la quitter quand elle s'adresse aux mecs.

— Tu dois à peine arriver puisque je suis là depuis cet été. J'ai fait partie du peu d'élèves admis au stage d'avant-rentrée, précise-t-elle, l'air plus que fière.

Je suis à la limite de lui rétorquer que j'en ai strictement rien à foutre. Je prends sûr moi, me rappelant que je ne suis pas dans les rues de Centori.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas, je serai ravie de t'aider.

Honnêtement, même pour un vulgaire 5 à 7, elle ne m'attire pas. Son regard est trop perfide pour ça. Pourtant, il est indéniable que j'ai besoin d'un truc.

— Est-ce que tu connais un resto' ou un traiteur italien dans le coin ?

Elle cligne des yeux, perplexe et surprise par ma demande. Ouais, Sarah, j'ai bien compris que tu pensais à autre chose en parlant de m'aider, mais ma main droite se porte plutôt encore bien pour l'instant.

— Il y a le Pastiamo sur Harrison Street, répond à sa place l'une de ses copines, voyant que Sarah ne se remet pas de ma question. Il est réputé pour sa cuisine maison et je crois même qu'il vend des produits venant directement d'Italie.

Grazie, remercié-je cette dernière en ajoutant un clin d'œil avant de m'éloigner d'elle.

Quelques cris qu'elles espèrent discrets remontent à mes oreilles, félicitant celle qui m'a arraché un sourire. J'imagine tout de même que Sarah ne digérera pas aussi facilement d'avoir été ainsi évincée.

Le ProtecteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant