Chapitre 2 - Falco

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— Merde, mais tu y vas plus chargé qu'une gonzesse, ma parole !

Alessandro, le mari de ma sœur aînée, déboule dans ma chambre sans prévenir. Peu d'hommes peuvent se targuer de me surprendre.

— Toutes ces valises pour emporter tes fringues noires, c'est un peu exagéré, tu ne trouves pas ?

— Je préfère rester sur une seule couleur que de porter ce polo bleu marine qui te donne l'air de bosser sur un paquebot de croisière, le taclé-je en fermant mon dernier bagage.

— Le noir n'est pas une couleur.

— Tu voulais me voir pour quelque chose en particulier ? lui demandé-je parce qu'il me tape déjà sur le système alors qu'il n'est là que depuis quelques secondes.

— Je venais te dire au revoir, je dois partir dans vingt minutes pour une livraison.

— Ce n'était pas la peine de te déplacer.

— Tu te tires pour une année, ça mérite une accolade.

— Si tu t'approches encore d'un pas, je te casse le bras, compris ? le menacé-je, tout à fait sérieux.

— C'est Francesca qui m'envoie, m'avoue-t-il en se marrant. Comme elle est chez Valentina, elle m'a demandé de la remplacer dans son rôle de grande sœur.

Vincenzo, le futur époux de ma plus jeune sœur a dû s'absenter quelques jours pour le travail et dans la famille, nous n'aimons pas laisser Valentina seule.

— Tu ne me touches pas, insisté-je parce que lorsqu'on sait de quoi il est capable, on préfère rester loin de lui le plus possible.

Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle le légiste dans le milieu.

— Un petit combat alors avant de mettre les voiles ? me propose-t-il.

Ce mec est toujours prêt à se battre et comme je suis pire que lui en ce qui concerne la baston, il sait qu'il peut se défouler avec moi quand il le veut. Je suis toujours prêt à rendre service quand ça concerne quelques genoux à casser et des crânes à briser.

— À mon grand regret, je passe mon tour, lui dis-je toutefois, réellement déçu de ne pas pouvoir donner quelques coups avant de partir, parce que même si tout le monde aime me répéter que je n'ai pas les codes pour évoluer au sein d'une université américaine, je pense qu'arriver avec la gueule en vrac ne ferait pas bon genre.

— C'est pour ça que tu es resté en retrait depuis ton anniversaire ?

— Il t'en a fallu du temps pour comprendre.

— Si tu veux mon avis, je ne suis pas certain que ça ait été une bonne idée.

— Pourquoi ?

— Parce que tu vas arriver là-bas plus tendu que jamais, donc je ne donne pas cher du premier gars qui te regardera de travers.

Putain, je sais qu'il a raison. Je n'aurais jamais pensé que rester calme demande autant de self-control. Dès que mon père a annoncé me confier la mission de protéger la vie de la fille de son ami de longue date, Anton Yourenev, en me faisant passer pour un étudiant lambda, j'essaie d'en adopter le comportement. Et bordel, ce quotidien ne me convient pas. Tout est tranquille, sans intérêt. Je n'irai pas jusqu'à espérer que cette nana soit en danger de temps en temps, mais ça va être périlleux de rester dans les clous et de maintenir l'illusion si je ne peux jamais relâcher la pression. Et la seule façon que je connaisse pour ça c'est en frappant et en faisant souffrir des connards de la pire des façons, comme me l'a enseigné justement Alessandro.

Ou en baisant... De ce côté-là, je viens de passer le mois à compenser ma retenue en sautant les unes après les autres les brebis qui gravitent auprès des motards de notre clan. Il va falloir que je trouve comment gérer cet aspect une fois dans le New Jersey.

Le ProtecteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant