Chapitre 3

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La voix qui s'adresse à moi est soudainement agressive, tranchant à travers le brouhaha du couloir du lycée, me mettant immédiatement mal à l'aise. Elle s'élève au-dessus des discussions animées des élèves qui se dirigent vers leurs cours ou traînent devant les casiers.

"Tu sors avec Ibrahim ou pas ?" lance une fille à l'air énervé, son visage se crispant de manière hostile. Elle se tient avec deux autres filles, appuyée contre le mur près des toilette , un lieu de passage fréquent. Son regard me scrute comme si j'étais coupable de quelque chose.

Je sens la colère monter en moi, mais je garde mon calme. "Tu te prends pour qui ?" je réponds, le ton montant légèrement malgré moi. Mon regard balaie rapidement les environs, cherchant une sortie possible de cette confrontation inutile. La lumière du soleil traverse les larges fenêtres du hall, illuminant le sol en carrelage gris brillant.

Elle insiste, son ton devenant plus agressif, affirmant que je dois lui parler correctement. Mais sérieusement, où sommes-nous ? Pour qui se croient-elles ? Le lycée ressemble parfois à une cour de récréation où chacun essaie de prouver sa supériorité. Les casiers métalliques autour de nous résonnent légèrement, probablement secoués par des élèves qui les referment brusquement.

"Sinon quoi ?" je réplique avec un soupir, réalisant que je gaspille mon temps avec ces inconnues arrogantes. Mes nerfs sont tendus, mais je sais que répondre ne servirait à rien. La tension palpable dans l'air ne fait qu'alimenter ma fatigue.

Je me retourne pour partir, ma patience atteignant ses limites. Mon sac à dos bat légèrement contre ma hanche à chaque pas, le son se mêlant au bruit de mes chaussures sur le sol lisse. Mais avant que je puisse m'éloigner, elle m'interpelle brusquement.

"Eh !" Sa voix résonne derrière moi, mais cette fois, je choisis de l'ignorer complètement. Mes épaules se détendent à peine alors que je m'éloigne. Habituellement, j'aurais peut-être répliqué, mais là, je suis tout simplement trop fatiguée pour ces enfantillages.


Les cours enfin terminés, je m'assois dans le hall du lycée en attendant Aya, qui a oublié ses écouteurs en classe. Le hall est vaste, avec des bancs en bois clairs et des plantes en pot disposées à intervalles réguliers. Quelques élèves traînent encore, discutant ou regardant leur téléphone, tandis que l'après-midi touche à sa fin. Je suis plongée dans mon téléphone, faisant défiler des messages, quand quelqu'un me tapote l'épaule.

Je lève les yeux, et mon cœur se fige un instant. "Laylah ?"

Je fronce les sourcils en le reconnaissant. Karim. Une personne que je préférerais ne plus jamais revoir de ma vie. Il se tient là, dans son jean large et son t-shirt trop grand, un sourire maladroit aux lèvres. Il m'a fait tant de mal au collège, détruisant ma confiance en moi à une époque où j'étais encore vulnérable. Il a déménagé au cours de l'année , et je ne l'ai pas revu depuis. Et maintenant, le voilà qui réapparaît comme un fantôme du passé.

"Tu te souviens de moi ?" demande-t-il, son sourire hésitant, essayant peut-être de paraître amical.

"Comment pourrais-je t'oublier ?" je réplique froidement, sentant mon estomac se nouer. "Tu étais un vrai cauchemar. Que veux-tu ?" Les souvenirs douloureux resurgissent comme une vague écrasante, ravivant des blessures que je pensais cicatrisées.

Je sens toute ma colère remonter à la surface, brûlant derrière mes yeux. Je ne peux pas le supporter, pas après tout ce qu'il m'a fait subir.

"Je suis désolé pour ce que j'ai fait à l'époque. J'étais immature," admet-il finalement, sa voix plus douce, presque fragile. "Et tu es magnifique maintenant, tu as tellement changé."

L'Ombre du MensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant