Chapitre 15

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La nuit était tombée depuis des heures, mais je ne trouvais pas le sommeil. Les événements de la journée me hantaient, comme un cauchemar sans fin. Allongée sur le canapé, je fixais le plafond, incapable de chasser l'image du visage de ma mère, froide et sans vie.

À côté de moi, Ilyes veillait en silence, respectant ma douleur. Mais même sa présence, habituellement si rassurante, ne parvenait pas à apaiser le tourbillon de pensées qui tourmentaient mon esprit. Il savait que je ne voulais pas parler, alors il restait là, assis à mes côtés, offrant une chaleur silencieuse. Malgré tout, je me sentais tellement seule. Comment pouvait-il comprendre ce que je ressentais.

Le silence dans la pièce était lourd, oppressant, mais je n'avais pas la force de briser ce calme pesant. À l'extérieur, la ville continuait à vivre, indifférente à ma douleur. Cela me semblait si injuste. Comment le monde pouvait-il encore tourner, alors que le mien venait de s'effondrer ?

Je sentis des larmes me monter aux yeux à nouveau, mais cette fois, je ne cherchais pas à les retenir. J'avais pleuré toute la soirée, mais il restait encore tant de douleur, tant de chagrin, comme si je n'avais fait qu'effleurer la surface de ma souffrance.

Je me recroquevillai sur moi-même, serrant mes bras autour de mon corps, comme si cela pouvait empêcher les fissures de s'étendre davantage. Ilyes se pencha vers moi, sa main hésitant avant de se poser délicatement sur mon épaule. « Laylah... tu veux que je te laisse seule ? »

Je secouai doucement la tête. « Non... reste, » murmurais-je, ma voix à peine audible. Je ne voulais pas être seule, même si sa présence ne changeait pas vraiment la profondeur de mon chagrin. Il comprit et se rapprocha légèrement, sans rien dire. Il avait ce don de savoir quand se taire.

Les heures passèrent dans cette même torpeur. À un moment, Naim, toujours aussi attentionné, revint dans le salon avec un plateau de nourriture qu'il déposa discrètement sur la table basse. Il ne dit rien non plus, mais son regard compatissant me parut presque insupportable. Pourtant, je savais qu'ils faisaient tout pour moi.

Mais rien ne pouvait combler ce vide.

Soudain, une pensée me frappa : Mostafa et Nourane. Mes petits frères. Comment allaient-ils encaisser cette tragédie ? L'idée de devoir leur annoncer la nouvelle me déchirait le cœur. Ils étaient si jeunes, si innocents. Comment pouvais-je leur expliquer que maman ne reviendrait jamais ?

Je me redressai d'un coup, le souffle court. « Je dois les voir... »

Ilyes fronça les sourcils, inquiet. « Laylah, c'est tard. Ils dorment sûrement... Tu ne devrais pas te précipiter. »

Mais je ne l'écoutais déjà plus. « Ils ont besoin de moi, Ilyes. Je ne peux pas les laisser seuls avec lui. » Ma voix se brisa sur ces derniers mots. Notre père n'était pas un homme de confiance, et je savais qu'il ne saurait pas comment gérer ça. Il était alcoolique, et dans des moments pareils, je craignais le pire.

Ilyes soupira, comprenant que je n'allais pas changer d'avis. Il se leva sans protester et attrapa ses clés. « D'accord, je t'emmène. Mais promets-moi de ne pas leur dire tout de suite... Attends demain matin, au moins. »

J'hochai la tête, bien que je n'étais même pas sûre de pouvoir tenir cette promesse. Chaque fibre de mon être hurlait de leur dire la vérité, de les protéger. Mais comment annoncer à deux enfants que leur mère ne reviendrait jamais ?

Quand nous arrivâmes devant la maison de mon père, tout était silencieux. La lumière dans le salon était allumée, mais il n'y avait aucun mouvement. Je savais que mon père devait être affalé quelque part, une bouteille à la main, perdu dans son propre désespoir.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 12 ⏰

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