Chapitre 10

4 0 0
                                    


Alors que le silence enveloppe la maison, bercée par les ténèbres et le calme de la nuit, un bruit sourd à la porte d'entrée me tire brutalement de mon sommeil. Le son résonne dans la pièce, perturbant l'atmosphère paisible qui régnait jusque-là. Allongée sous mon épaisse couverture, encore entre le rêve et la réalité, je mets quelques secondes à me ressaisir. Qui pourrait bien venir à une heure pareille ? Je fronce les sourcils en écoutant le bruit persistant, lointain mais pressant. Finalement, je décide de me lever.

Enroulant rapidement mon plaid douillet autour de mes épaules pour me protéger du froid qui s'infiltre à travers les murs de la maison, je traverse le couloir plongé dans l'obscurité. Les lumières de la rue filtrent à peine à travers les fenêtres, dessinant des ombres vacillantes sur le sol. Chaque pas que je fais semble résonner plus fort que le précédent, alors que la maison est silencieuse comme une tombe.

Dans ma précipitation, je m'efforce de ne pas faire trop de bruit. Maman est encore éveillée, je le sens. Son regard curieux et fatigué suit mes mouvements depuis sa chambre. Alors que je me rapproche de la porte, je l'entends derrière moi.

"Maman, ne t'inquiète pas, je vais voir qui c'est," dis-je doucement, essayant de la rassurer tout en cachant la pointe d'inquiétude qui grandit en moi.

Sa silhouette frêle est adossée au cadre de la porte de sa chambre, une expression à moitié endormie mais alertée par l'heure tardive. Elle hoche lentement la tête et retourne à son lit, mais je sais que sa curiosité est éveillée, tout comme son inquiétude. Ce genre de visite nocturne n'augure jamais rien de bon.

Je prends une grande inspiration avant d'ouvrir la porte. La fraîcheur nocturne me saisit aussitôt, me rappelant que le monde extérieur est loin de la sécurité de notre foyer. Devant moi se tient Sabri, le gérant de notre quartier, un homme que je connais depuis des années. Sa grande silhouette se découpe dans la pénombre, et la lumière faiblissante des réverbères éclaire à peine son visage marqué par l'inquiétude.

"Laylah", murmure-t-il d'une voix rauque, empreinte d'une urgence que je n'ai jamais entendue chez lui auparavant. Ses yeux trahissent une anxiété qu'il peine à dissimuler.

Je fronce les sourcils. "Sabri ? Vraiment, tu as choisi une heure bien tardive pour une visite," dis-je avec une pointe de contrariété. Je croise mes bras sous le plaid pour renforcer ma posture défensive, sentant que cette rencontre ne présage rien de bon.

Il jette un coup d'œil rapide autour de lui avant de reposer ses yeux sur moi, comme pour s'assurer que personne d'autre n'écoute. "Nous devons parler," insiste-t-il avec une gravité qui fait naître une boule d'angoisse dans mon ventre. Il ne sourit pas, et je comprends immédiatement que quelque chose de sérieux se prépare.

Je laisse échapper un soupir résigné, sentant déjà le poids de la conversation à venir. Je referme délicatement la porte derrière moi pour éviter que maman n'entende trop de choses. Le silence du quartier est lourd, seulement brisé par le sifflement lointain du vent qui s'engouffre dans les ruelles désertes.

"Oui, c'était moi," dis-je finalement, devinant où il veut en venir. Mon ton est calme, mais je peux sentir mon cœur battre plus fort à mesure que les mots sortent.

Ses traits se durcissent instantanément. Sabri, cet homme que j'ai toujours vu comme une figure rassurante et respectée dans notre cité, semble soudain empli de colère et de déception. Ses poings se serrent et sa mâchoire se contracte alors qu'il me fixe intensément.

"Mais que faisais-tu avec ce gars ?!" s'écrie-t-il, sa voix trahissant la frustration qu'il avait jusque-là contenue. Il me parle comme si je venais de commettre l'erreur de ma vie, et peut-être est-ce le cas.

L'Ombre du MensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant