#5 Épées

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Après une nuit fraîche et longue, les rayons argentés des quatre lunes de Sorina finissent par disparaître au loin.
Les maîtres de la nuit, les charognards volants et les oiseaux noir et blanc, reprennent leur envol pour regagner les toits plats des bâtiments.
Maintenant à l'abri pour la journée à venir, ces deux animaux n'ont plus qu'à attendre à peu près sereinement la venue du jour.
Rapidement, les premiers rayons divins du soleil apparaissent et se reflètent sur les parois de gré des bâtiments de Madina qui sont les premiers à en profiter.
Apportant la chaleur avec eux, les rais de lumière dorée se répandent et atteignent la fenêtre unique du dortoir où logent de jeunes utilisateurs de Plasma.

Dormant tous les deux sur le côté faisant face à la fenêtre, Basim et Zana sont les premiers à se réveiller.
Hier soir, ils ont tous eu l'idée saugrenue de dormir tout habillés pour gagner du temps sur le levé.
Ébloui, Basim se redresse très vite et se cogne contre les lattes de la couchette, réveillant au passage Samu.
« Salut, tout le monde ! »
S'exclame joyeusement celui aux flammes roses, se levant d'un bond et se dirigeant vite vers la table pour manger rapidement avant de démarrer la journée.
« Bien le bonjour, tout le monde. »
Dit calmement Zana en se levant tandis que Horias descend de son lit superposé à celui de sa sœur.
Au même instant, Rabano émerge au dessus de là où dort encore profondément « Awal le conteur d'histoire » comme ils le surnomment depuis hier soir.
« Salut Basim, Samu, Zana, Horias... »
Il s'apprêtait aussi à saluer le blondinet mais il s'avère que cette larve n'est pas encore tout-à-fait prêt à émerger.

« Vous avez bien dormi, j'espère. »
Dans la pure intention de vouloir être affectueux envers ces gens qu'il connaît que très peu, Rabano s'avance pour serrer cordialement la main de Basim.
Ce dernier est un peu méfiant, à tort, il est conscient que sa méfiance naturelle peut parfois être un peu abusive.
Et en voyant le fin sourire donnant réellement l'image d'une émotion sincèrement bienveillante et sans animosité sous ses yeux entourés de cernes noires.
Basim, convaincu, sourit aussi et saisit la main du grand pâle.
« Merci. Et oui, on peut dire que j'aurais bien dormi si seulement Samu n'avait pas passer la nuit à ronfler. »
« Moi ? Je ronfle ?! »
Intervient Samu, indigné avec un morceau de viande à la main alors qu'il est assis sur la table au fond du dortoir.

Horias lui répond avec un soupçon de malice :
« Comme un iamhtary qui se ferait enculer par un dragon-pique qui aurait couvert sa bite de gravier ! »
« Holà ! Voilà un langage bien moche pour une fille si jolie ! »
S'exclame Rabano, esquissant un nouveau sourire à l'attention de la jeune demoiselle.
Celle-ci ne prend pas la peine de voir la réaction de Samu et préfère se tourner pour faire face au grand pâle.
« Ah bon ? »
En seulement deux mots anodins, elle a fait s'effacer l'expression joyeuse du jeune homme qui recule en mettant ses mains devant lui.
« Euh... Ouais ! Je veux dire que... Ben, ça fait contraste. Tu vois ce que je veux dire, hein ? »
Gêné, il se retourne et fait en sorte d'être caché par Basim avant de s'asseoir sur le lit de ce dernier.

Pendant ce temps, Zana secoue frénétiquement Awal, qui, encore dans un sommeil profond, ne réagit pas à la tentative de la jeune fille de le faire réagir.
« Lève-toi, Awal ! Tu n'auras pas le temps de manger si tu traînes ! Tu ne voudrais pas t'entraîner avec l'estomac vide ! »
C'est surnaturel, le blondinet semble fixé à son matelas.
« Non ! J'men fous, je dors ! »
Se plaint le jeune homme en seule réponse à celle qui se démène pour réveil.
Commençant à s'énerver, Zana tire la couverture du traînard.
« Mais laisse-moi dormir ! Fous le camp ! »
Les yeux habituellement bruns de Zana changent pour se remplir de sang et devenir rouges.
« Erreur fatale, Awal... »
Souffle Horias.
« T'aurais pas dû... Sombre crétin... »
Bruisse Rabano, sachant ce qui attend le blondinet.

Sans avoir à utiliser ses flammes de couleur dorées, elle glisse ses doigts fins sous le matelas sur lequel est encore affalé Awal.
S'accroupissant, elle concentre toute sa force dans ses deux jambes déjà très musclées.
Et, en un mouvement sec et sous les yeux admiratifs de Basim et Samu et ceux qui étaient certains de ce qui allait arriver pour Horias et Rabano, Zana retourne le matelas du blondinet, le faisant finir face contre les lattes de son lit et écrasé par la paillasse.
« C'est bon... Je me lève... »
Dit fébrilement Awal avant de se glisser hors de sa prison autrefois si confortable.
Les quatre témoins ne peuvent faire autre que de taper des mains, à la fois intimidés et admiratifs.
« Ne me forcez pas à faire de même avec vous à l'avenir. »
Dit Zana avec plaisanterie.
« PROMIS !!! »
Font instantanément tous les autres.

Les croisés du Plasma, livre 1 : Les quatre frères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant