#6 En dehors de Madina

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Six heures de route se sont écoulées depuis le départ de la capitale.
Durant ce quart de journée, les jeunes utilisateurs de Plasma n'ont fait qu'une seule chose : attendre.
Attendre sous ce soleil surpuissant fut une réelle épreuve pour Basim et Samu, qui ont défait leurs plastrons qu'ils tiennent en auteur pour se faire de l'ombre.
Ils ne sont pas les seuls, Awal aussi semble commencer à avoir du mal à supporter la chaleur à voir l'abondante sueur sur son front.
Cependant, Zana, Horias et Rabano, grace à leur métabolisme Sorinien, sont juste à moitié assoupis à cause de la durée du trajet.
De plus, la monotonie du trajet leur a tous fait perdre le fil et aucun ne sait où ils se trouvent.
Aux commandes à l'avant de la charrette, de grands sourires se dessinent sur les visages visiblement ravis de Chanzi et Eddra.

« Tu es sûr qu'on n'est pas trop méchant avec eux ? »
Questionne sur le ton de la plaisanterie la jeune femme au grand homme répond d'abord par un petit rire.
« On n'a pas le temps pour un entraînement ordinaire. Comme l'a dit Rabano, on ne peut prendre l'information comme quoi nous avons un mois de sursis est à prendre avec des pincettes. Ils peuvent attaquer à tout moment, donc ils doivent être prêts le plus tôt possible ! Chose que le Plasma leur permet ! S'ils arrivent l'épreuve d'aujourd'hui, ils pourront tout surmonter ! »
L'optimisme un brin nuancé du grand soldat fait sourire la jeune femme.
« À force de faire ça, tu finiras par devenir un vrai professeur, hein ? Et je mettrais ma main à couper que tu en serait un très bon. Et même, pourquoi pas, un bon roi ? »
« Arrête, tu me flattes. Je fais de mon mieux pour faire le prof, voilà tout. Je m'adapte juste à la situation. Même en étant roi, je m'adapterais et ferais de mon mieux »

Sur ces mots, Eddra tire les cordes reliées à l'attelage, stoppant les deux dabas sur l'instant.
Sentant l'arrêt soudain, les trois Soriniens recouvrent leurs esprits tandis que Basim, Samu et Awal soufflent de soulagement.
Avant qu'ils ne puissent apercevoir l'endroit où ils sont, ils entendent enfin la voix de leur instructeur après six heures de silence de sa part.
« Terminus ! Tout le monde descend ! »
Ravie, Horias est la première à s'extirper du véhicule de bois.
Dès qu'elle pose son premier pied au sol, elle sent sous sa semelle que le sable qui le constitue n'est pas semblable à celui qu'elle connaît.

Sentant aussi ce détail, Zana en saisit une petite quantité entre ses doigts et l'examine de plus près.
Le sable est épais, rugueux au toucher.
Rien à voir avec le sable fin et doux de la région de Madina et ses alentours.
« Mais où est-ce qu'on est ? »
Se pose elle comme question pendant que Awal sort à son tour de la charrette avec son petit commentaire.
« Dans un four, peut-être ? »
Entendant le blondinet, Rabano se dresse du haut de son mètre quatre-vingt-quinze et scrute l'horizon avec soin.
« Les gars... »
Souffle il sans savoir qui dire exactement en constatant enfin de leur environnement.
Basim et Samu les rejoignent enfin après avoir renfilé leurs plastrons.
Tout le monde imite Rabano et pense halluciner, se retrouvant tous dans la même situation où ils ne savent pas quoi dire sur l'instant.

Disséminés à bonne distance les uns des autres dans cette plaine de sable épais et rugueux, des milliers de rochers semblent sortir du sol comme des dents.
Pointus comme des flèches et pointant tous en direction du nord, ils projettent des ombres semblables à des crocs carnassiers sur des kilomètres.
Ici, le désert tout entier ressemble à un prédateur affamé ayant la gueule grande ouverte avant de saisir la gorge de sa, ou plutôt, de ses proies.
Intimidé par ce nouvel environnement qui diffère avec tout ce qu'il a déjà vu, Samu n'arrête pas de se tourner pour le voir sous tous les angles.
« Et bien... Moi qui croyais que Sorina n'était que du sable à perte de vue à l'exception des pôles... Je crois que je me suis bien gouré. »

Montrant un calme olympien à ce nouvel environnement, Rabano paraît le connaître.
« Les plaines d'Almajarif... »
Souffle il assez fort pour que tous les autres l'entendent.
« Jamais entendu parler. »
Lui répond Awal, les autres ne disent rien pour faire comprendre que leur pensée est la même que celle du jeune homme blond.
Toutefois, ça n'empêche pas le grand pâle de prendre un air supérieur et limite hautain.
Avec un grand sourire, il dit :
« Mon père était cartographe. Du coup, moi et la géographie, ça fait un ! »
Prenant une voix plus haute, il ajoute :
« C'est normal que vous ne connaissiez pas les plaines d'Almajarif. Ce n'est pas le genre de terrain que prennent les caravanes marchandes pour faire du commerce où le genre d'endroit sûr pour bâtir un village. »

Les croisés du Plasma, livre 1 : Les quatre frères Où les histoires vivent. Découvrez maintenant